Définition de poésie, Victor Hugo, poésie, lecture, Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire, nature bucolique, recueil de poèmes, topos, carpe diem, thématique traditionnelle, mise en forme poétique, fin amor, poésie lyrique, amour, Pierre de Ronsard, galanterie, nature idéale, péché, fruit défendu, mythe biblique, plaisir, jouissance
Victor Hugo définit la poésie comme « ce grand jardin […] où il n'y a pas de fruit défendu ». Il s'agit là aussi d'une image idéalisée de la nature qui s'offre à la libre jouissance du poète. C'est aussi une subversion de l'image traditionnelle du jardin d'Éden : dépouillé du fruit défendu qui est pourtant au coeur du mythe biblique, le grand jardin que Victor Hugo esquisse est un Éden dépouillé de la tentation et de la crainte du péché – autrement dit, un jardin dans lequel tout est possible et permis. La poésie serait donc le lieu d'une jouissance infinie, d'une nature qui s'offre entièrement au bon plaisir du poète autant que du lecteur.
[...] Dans quelle mesure la définition de Victor Hugo de la poésie peut-elle éclairer notre lecture des « Fleurs du mal » de Baudelaire ? - Introduction, plan et développement d'une sous-partie Introduction [Amorce] Dans ses Poésies mêlées, Jean de La Fontaine s'autoproclame « papillon du Parnasse » qui va « de fleur en fleur et d'objet en objet » dans la plus totale liberté. Son travail poétique est donc présenté comme une libre jouissance de la nature, celle du papillon se nourrissant à l'envi des fleurs qui se présentent à lui, sans contrainte ni interdiction. [...]
[...] ] où il n'y a pas de fruit défendu » peut-elle éclairer notre lecture des Fleurs du mal de Baudelaire ? [Annonce du plan] À première vue, le recueil de Baudelaire répond à cette définition dans la mesure où il s'agit d'une mise en forme esthétisée et jouissive d'idées a priori polémiques pour le XIXe siècle. Par exemple, les « femmes damnées » mettent en scène l'homosexualité féminine. Pourtant, cette liberté ne se caractérise pas par l'absence de fruit défendu, mais au contraire par la présence d'un fruit défendu, d'un ensemble d'interdits que le poète parvient à contourner. [...]
[...] Pourtant, la proposition de Victor Hugo est également problématique. En effet, alors que le titre de Fleurs du mal suggère la présence d'un péché qui se fond et se confond dans la beauté poétique incarnée par les fleurs, l'idée de jardin sans fruit défendu suggère au contraire l'absence de péché, rendu impossible par l'absence de tout interdit. De fait, s'il n'y a pas d'interdiction, alors, il n'y a pas non plus de transgression. Or, l'intérêt de l'œuvre poétique ne réside-t-il pas justement dans le contournement des interdits ? [...]
[...] [Exemple 3 : Une charogne] Aussi Baudelaire se permet-il, dans « Une charogne », d'interrompre une rhétorique galante (« Rappelez-vous l'objet que nous vîmes mon âme / Un beau matin d'été si doux ») pour dresser le portrait putride d'une bête en décomposition, qu'il compare finalement à la femme aimée. Ce poème s'ancre ainsi finalement dans le topos du carpe diem, thématique traditionnelle du fin amor et de la poésie lyrique de Ronsard. Ce qui est traditionnellement beau (l'amour, la galanterie) se mêle dans un jeu d'alchimie à ce qui est traditionnellement laid (la charogne, la mort). [...]
[...] La mise en forme poétique est un outil de domestication du réel : significativement, la Nature passe au cours du sonnet de la « forêt de symboles » (donc, une nature sauvage) aux « prairies » (donc, une nature domestiquée par l'homme). Transformer la nature en poésie permet donc de la domestiquer au même titre que la transformer en jardin. C'est ainsi que l'on peut comprendre le motif de l'alchimie dans le recueil : par son art, le poète peut sublimer des motifs triviaux. [...]
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