Les Mémoires d'Hadrien est un roman écrit par Marguerite Yourcenar en 1951 après près de 25 années de recherches documentaires. Ce roman prend la forme d'une lettre de l'empereur Hadrien à Marc Aurel ; il est basé sur des faits réels récoltés par Marguerite de Crayencour. Dans sa lettre, l'empereur conte sa vie du point de vue d'un homme vieux de sa plus tendre enfance au seuil de sa mort, il la raconte avec un tel recul qu'on pourrait se demander si c'est vraiment de son point de vue personnel. Ce qui nous amène à nous demander dans quelle mesure, dans Les Mémoires d'Hadrien, l'empereur parle-t-il de lui-même comme d'un autre.
[...] Il est donc vrais de dire qu'à plusieurs moment, il parle de lui-même comme d'un autre car malgré un regard très personnel, le recul et l'âge ont formé un narrateur bien différent de son héros. Pour effectuer cette analyse, nous avons utilisé le livre des Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar ainsi que le Horla de Maupassant. Cette réponse nous amène à une autre question que nous sommes en droit de nous poser : Marguerite Yourcenar parle-t-elle d'elle-même comme d'un autre à travers Hadrien ? [...]
[...] En outre, l'empereur est toujours incapable, malgré les années de prendre du recul sur les sujets qui lui font ressentir des émotions fortes. Par exemple, le décès d'Antinoüs et bien représentatif de cet effet, les circonstances de sa mort sont toujours inconnues et pourtant, avec le recul, Hadrien semble toujours ressentir de la douleur, ce qui lui fait perdre son esprit constructif et le rend convaincu, sans preuves, d'un suicide. Une situation miroir peut être observable dans la nouvelle Le Horla de Guy de Maupassant. [...]
[...] Ce qui nous amène à nous demander dans quelle mesure, dans Les Mémoires d'Hadrien, l'empereur parle-t-il de lui-même comme d'un autre. Pour répondre à cette problématique, nous étudierons dans un premier temps le fait que l'empereur se considère et s'observe comme un étranger puis nous montrerons que cependant, Hadrien apporte aussi un regard très personnel sur sa personne. En effet, l'écriture des du roman permet à Hadrien de prendre du recul vis-àvis de lui-même. Tout d'abord la structure chronologique du roman ainsi que le retour de l'empereur sur son vécu pour retracer son périple depuis sa jeunesse, permet à l'homme au seuil de la mort de regarder sa vie avec du recul et donc avoir un avis constructif et pouvoir reconsidérer ses actions passées ; il dit notamment au début des Mémoires : « je compte sur cet examen des faits pour me définir, me juger peut-être, ou tout au moins pour me mieux connaître avant de mourir ». [...]
[...] Du coup, à certains moments du livre, il est difficile d'imaginer que le narrateur et le héros ne font qu'un ; Hadrien a lui-même du mal à s'identifier à celui qu'il représente. D'autre part, Hadrien est, dans sa jeunesse, décrit comme un personnage très nuancé. Il est évoqué comme « le mélancolique rêveur des dieux », « le beau parleur frivole », « le soldat » ou encore comme « l'amant prêt à tous pour un moment de vertige ». [...]
[...] Nous pouvons notamment observer ce principe dans le 4ème chapitre nommé « Saeculum Aureum » dans lequel Hadrien nous fait part du point de vue de son amant Antinoüs qui regarde l'empereur comme un dieux, il divinise la personne d'Hadrien. Par ailleurs, certains personnages secondaires tel que Plotine, qui est très developpé dans les mémoires, servent de base à Hadrien pour se décrire. Il se sert de la relation qu'il entretenait avec eux ; dans le cas évoqué, les discussions entre Hadrien et Plotine définissent le caractère rêveur du jeune-homme. Ils sont décrits comme « deux esprits étroitement mêlés l'un à l'autre ». D'un autre côté, nous pouvons également voir que l'empereur porte un regard très personnel sur lui-même. [...]
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