HLP Humanités Littérature Philosophie, littérature, existence, Georges Gusdorf, lumières, classicisme, romantisme, rationnalisme, Dostoïevski, William Blake, Lamartine, instinct, foi, Voltaire, Annie Ernaux, psychanalyse, prepa ENS
La question de l'existence est centrale pour l'Homme, mais, avant d'essayer d'y répondre, il convient de se demander si une réponse est seulement possible. Ainsi, dans Le Savoir romantique (2002), Gusdorf déclare : « L'existence humaine dépasse l'homme : il s'y est trouvé engagé sans son consentement, elle lui sera retirée d'une manière également arbitraire. La réalité de l'homme intervient comme une émergence entre deux zones d'ombre, escortée tout au long de sa durée par les fantasmes de la nuit, parasitée par les récurrences de l'inconscient. Toute prétention à l'équilibre est à la longue intenable ; l'unité et l'identité ne sont qu'un voeu pieux autant qu'illusoire. L'homme est un danseur de corde, suspendu au-dessus de l'abîme dans lequel il finira par tomber, à la lisière entre le jour et la nuit, entre la vie et la mort, entre le rêve et la réalité. » Il tient ainsi un discours philosophique sur l'emprise de l'homme sur sa propre existence. Il part du postulat suivant : « l'existence humaine dépasse l'Homme ». L'idée est qu'il y a une forme de transcendance de l'existence, et par extension de la réalité vécue par l'individu, par rapport à l'individu lui-même. Il poursuit en restreignant en conséquence la portée de cette réalité : « La réalité de l'homme intervient comme une émergence entre deux zones d'ombre ». Celle-ci est comprise à partir du néant dont elle s'extirpe, et sa compréhension par l'homme est compliquée par les affects qu'il éprouve. Ces affects sont mentionnés suivant un vocabulaire psychanalytique, « les fantasmes de la nuit », « les récurrences de l'inconscient », et s'opposent à la raison. La présence de ces affects est présentée comme la source de la dimension transcendante de l'existence humaine : puisque cette dernière est influencée, sinon structurée, par des ressorts de l'esprit qui s'opposent par nature à la raison, alors elle ne saurait être entièrement expliquée et décrite par la logique ; c'est en cela qu'il nous dépasse. Gusdorf rejette également la conception rationaliste de l'individu, en niant les concepts d'identité et d'unité, sécurisants mais fallacieux. Enfin, l'auteur conclut en soulignant à nouveau la faiblesse de l'emprise de l'homme sur son monde, « à la lisière entre le jour et la nuit, entre la vie et la mort, entre le rêve et la réalité ».
[...] En effet, si l'existence humaine peut être appréhendée par le biais de la raison, et par le biais de la sensibilité, elle peut aussi l'être par le biais de l'expérience. Résumer la réalité de l'existence à ces deux premières approches est assurément réducteur, et l'approche empirique mérite d'être considérée. Finalement, dans Candide ou l'optimisme (1759), la vision du monde que se forge progressivement le personnage éponyme prend avant tout sa source dans son expérience personnelle, plus que dans une réflexion logique, laquelle n'est que le produit de cette expérience. [...]
[...] Une hybridation est possible, et transparaît par exemple dans Les Années, d'Annie Ernaux (2008). En effet, le projet de l'auteur est de présenter une « autobiographie impersonnelle ». L'ouvrage est autobiographique dans la mesure où la vie de A. Ernaux structure l'ouvrage, notamment par le biais des photographies qui séquencent le récit. Il est impersonnel dans la mesure où l'auteur proscrit la première personne du singulier et assume ce choix, et inscrit les évènements personnels dans le cadre plus large de l'Histoire. Ainsi, le regard que porte A. [...]
[...] L'auteur souhaite déconstruire l'idée selon laquelle l'Homme est avisé et mesuré : « J'entends corner sans cesse à mes oreilles : l'Homme est un animal raisonnable. » La Bruyère met ensuite en place une brève argumentation pour étayer son point de vue : « Que si l'on vous disait que tous les chats d'un grand pays se sont assemblés par milliers dans une plaine, et qu'après avoir miaulé tout leur soûl, ils se sont jetés avec fureur les uns sur les autres, [ . ] ne diriez-vous pas : « Voilà le plus abominable sabbat dont on ait jamais ouï parler » ? [...]
[...] Ainsi, la définition romantique de l'Homme et de son existence s'oppose à la définition rationaliste en ce qu'elle met l'accent sur l'individu, sur les affects, et sur la transcendance de la réalité, qui en devient inintelligible pour l'Homme. C'est pourquoi la raison échoue en théorie à en offrir une explication convaincante. Cependant, les classiques d'abord et les rationalistes ensuite parviennent à déployer une telle explication grâce à une argumentation logique. Ainsi, si la conception romantique de l'Homme et de son existence se fonde sur des intuitions justes, elle ne saurait suffire. [...]
[...] L'idée est qu'il y a une forme de transcendance de l'existence, et par extension de la réalité vécue par l'individu, par rapport à l'individu lui-même. Il poursuit en restreignant en conséquence la portée de cette réalité : « La réalité de l'homme intervient comme une émergence entre deux zones d'ombre ». Celle-ci est comprise à partir du néant dont elle s'extirpe, et sa compréhension par l'homme est compliquée par les affects qu'il éprouve. Ces affects sont mentionnés suivant un vocabulaire psychanalytique, « les fantasmes de la nuit », « les récurrences de l'inconscient », et s'opposent à la raison. [...]
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