Cet extrait de la scène 7 de l'Acte III tiré de Cyrano de Bergerac écrit par Rostand se trouve au cœur de l'action. La scène se déroule sous les fenêtres de Roxane; Christian vient d'échouer dans sa déclaration d'amour à la jeune femme et Cyrano propose de l'aider en lui soufflant les bons mots. Une chance s'offre à lui : à la faveur de la nuit et dissimulé par le feuillage, il est invisible et peut enfin laisser libre cours à ses sentiments. Le public, à l'inverse de Roxane connaît le subterfuge et comprend donc les paroles à double sens de Cyrano. Il est vrai que celui-ci est censé jouer le rôle de Christian et pourtant ses mots semblent véritablement sortir de son cœur. Ainsi, à la lutte des mots entre Roxane et Cyrano succède un aveu sincère dans une tirade exaltée et spontanée. Nous nous interrogerons sur l'enjeu de cette déclaration d'amour lyrique empreint de pathétique faisant naître la contradiction intime de Cyrano.
C'est pourquoi dans un premier temps, nous verrons comment cette scène se transforme petit à petit en une tirade amoureuse. Puis, nous étudierons la complexité de la situation d'énonciation et dans un dernier temps, nous nous demanderons comment se manifeste le trouble profond de Cyrano dans cet extrait.
[...] Cyrano de Bergerac, Acte III, scène 7 : la scène du balcon Cet extrait de la scène 7 de l'Acte III tiré de Cyrano de Bergerac écrit par Rostand se trouve au cœur de l'action. La scène se déroule sous les fenêtres de Roxane; Christian vient d'échouer dans sa déclaration d'amour à la jeune femme et Cyrano propose de l'aider en lui soufflant les bons mots. Une chance s'offre à lui : à la faveur de la nuit et dissimulé par le feuillage, il est invisible et peut enfin laisser libre cours à ses sentiments. [...]
[...] ; Oui, c'est bien de l'amour Registre lyrique Cette scène met en lumière une véritable déclaration d'amour. Le lyrisme qui ressort de ce dialogue met particulièrement en relief cet aspect. Nous noterons tout d'abord le cadre romantique de la scène. Celle- ci se passe effectivement de nuit. Cyrano dit en effet aux vers 29-30 c'est qu'il fait nuit, Dans cette ombre ou encore au vers 69 car dans la nuit qui me protège Rostand utilise également ce qui est devenu un cliché du jeu amoureux : le balcon dans lequel se trouve la bien-aimée interpellée par l'amoureux à ses pieds. [...]
[...] Les enchaînements subtils de Cyrano à partir des quelques mots de Roxane mettent en lumière la domination de Cyrano sur celle-ci à l'instar de cette réplique de Roxane aux vers 39 Je vous parle, en effet, d'une vraie altitude! à laquelle Cyrano répond par un jeu de mots : Certes, et vous me tueriez si de cette hauteur. Vous me laissiez tomber un mot dur sur le cœur! Ce renversement des rapports de force mettant en valeur le fait que ce dialogue se transforme petit à petit en une tirade. Les peu nombreuses prises de parole de la jeune femme sont même interrompues : Mais l'esprit ? [...]
[...] Ce fétichisme apparaît quand Cyrano prend par exemple en adoration le nom Ton nom est dans mon cœur comme dans un grelot ( ) je frissonne ( ) et le nom sonne vers 16 à 19) ou encore la chevelure de Roxane ( ) le matin tu changeas de coiffure ! J'ai tellement pris pour clarté ta chevelure vers121-122). Cette idéalisation de Roxane par Cyrano est également révélée par le discours du langage amoureux. Ce langage ne passe pas seulement à travers les mots comme nous l'avons vu précédemment mais également par l'importance du regard que la nuit rend pourtant dans cette scène impossible. Cette situation fait ainsi naître et accroître le sentiment amoureux des deux personnages. [...]
[...] La simplicité des expressions que Cyrano utilise met également en relief la parole troublée du héros. En effet, nous pouvons remarquer que celui-ci utilise à plusieurs reprises le présentatif c'est : c'est si délicieux c'est trop c'est un capucin c'est à cause c'est trop beau, c'est trop doux Il utilise également de nombreuses anaphores créant un effet d'écho significatif de son obsession et de son trouble : De l'amour, il en a toute la fureur triste ! De l'amour, et pourtant il n'est pas égoïste (v130-131), Car vous tremblez ( ) car tu trembles ! [...]
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