À travers son roman épistolaire intitulé Lettres Persanes et publié en 1721, Montesquieu aborde diverses réflexions philosophiques, morales et politiques. L'auteur utilise le genre romanesque afin de critiquer la monarchie absolue, c'est-à-dire le gouvernement dont les pouvoirs dépendent uniquement du roi. La monarchie absolue est un thème très abordé dans les Lettres Persanes, puisque soixante-neuf lettres et plus précisément les lettres vingt-trois à quatre-vingt-douze concernent le règne de Louis XIV. La critique de la monarchie absolue française ainsi que du despotisme d'une part, la manière dont Montesquieu aborde cette critique d'autre part, et enfin le gouvernement idéal qu'il envisage, seront étudiés à travers les lettres concernant le domaine de la politique.
Montesquieu dénonce les principes de la monarchie absolue, du despotisme qui est une aggravation de la monarchie absolue, et du roi Louis XIV représentant cette politique.
Tout d'abord, il faut préciser que Montesquieu ne critique pas la monarchie en elle-même qui est un régime au sein duquel l'autorité est exercée par un individu et par ses délégués, mais la monarchie absolue, c'est-à-dire celle où le pouvoir du monarque n'est contrôlé par aucun autre. En effet, à travers l'apologue des Troglodytes, l'auteur démontre que la monarchie est nécessaire et qu'elle représente une alternative conforme à la réalité, contrairement à l'Etat de nature –où seules les valeurs morales et lois naturelles régissent le fonctionnement de la société- qui relève de l'utopie. Selon Montesquieu, les institutions politiques et les lois positives représentent un moindre mal en ce qui concerne le fonctionnement d'une société. S'il ne critique pas la monarchie, il n'en est pas de même pour la monarchie absolue. En effet Montesquieu est contre le fait que l'ensemble des pouvoirs dépende uniquement du roi. Il dénonce la faible implication du Parlement : « Ils ne se mêlent guère plus que de rendre la justice ; et leur autorité est toujours languissante » (lettre XCII), et prône une distribution des pouvoirs entre le roi et le Parlement.
[...] Montesquieu utilise donc l'ironie pour critiquer la monarchie absolue et le despotisme. Enfin, Montesquieu utilise la satire c'est-à-dire qu'il s'attaque aux mœurs, et tourne le roi et la société en ridicule afin de critiquer la monarchie absolue. La satire de Montesquieu transparaît principalement à travers le personnage de Rica. L'auteur fait la satire du roi ; en effet il le tourne en dérision en insistant sur des aspects négatifs : le roi de France est vieux (lettre XXXVII). Montesquieu insiste sur le fait que Louis XIV est usé comme s'il sous-entendait qu'il est temps pour lui d'être remplacé. [...]
[...] Ce dernier préconise les gouvernements modérés c'est-à-dire doux. La lettre LXXX montre que les gouvernements modérés sont plus conformes à la raison que les gouvernements sévères ; ils sont un gage de stabilité pour Montesquieu. De plus, selon l'auteur les valeurs de l'intérêt commun, de la justice, du pacifisme, du bonheur et de la liberté sont fondamentales dans sa perception du gouvernement idéal. Toutes ces valeurs sont nécessaires à l'abondance et à l'essor démographique. À l'époque on craignait beaucoup la dépopulation, et l'on en attribuait la responsabilité à la politique : la plus terrible catastrophe ( ) jamais arrivée dans le monde ( ) ce qui marque un vice intérieur (lettre CXII). [...]
[...] En effet, il gère en même temps la cour, la famille et l'Etat qui sont trois choses entièrement différentes les unes des autres. Outre son incohérence, Montesquieu critique les contradictions du roi : il a un ministre qu'il n'a que dix-huit ans, et une maîtresse qui en a quatre-vingt il aime sa religion, et il ne peut souffrir ceux qui disent qu'il la faut observer à la rigueur il aime ( ) les victoires ; mais il craint ( ) de voir un bon général à la tête de ses troupes en même temps comblé ( ) de richesse ( ) et accablé d'une pauvreté (lettre XXXVII). [...]
[...] Il utilise pour sa critique divers procédés tels que la fiction, l'ironie et la satire. Montesquieu pousse sa réflexion plus loin en se demandant quel pourrait être le gouvernement idéal. Selon lui, plusieurs valeurs doivent en faire partie comme l'intérêt commun, la justice et la liberté. La régence de Louis XV fait naître beaucoup d'espoir au sein de la société française du XVIII° siècle. [...]
[...] En effet, Montesquieu se dissimule derrière des personnages fictifs différents, ce qui lui permet de ne pas être démasqué, et de rejeter la responsabilité de ses propos sur les personnages. Montesquieu se sert principalement du personnage d'Usbek pour émettre ses idées, mais il transparaît également à travers le personnage de Rica. Cela lui permet de ne pas expliciter clairement sa vision critique, mais d'émettre ses idées implicitement. Les personnages d'Usbek et de Rica sont Persans. Donc l'auteur utilise un regard extérieur à la société française pour la critiquer. [...]
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