C. E. Magny définit la critique littéraire à ses yeux idéale comme « la seule, peut-être, des formes légitimes de l'autobiographie, parce qu'elle seule échappe au paradoxe de Narcisse : se perdre en son reflet, pour s'être trop cherché. Et c'est précisément là où elle est le plus personnelle, qu'elle est le plus enrichissante, le plus objective. »
[...] Le contexte historique et sociologique dans lequel évolue un lecteur donné va influencer considérablement sa critique. Barthes évoquera ainsi le pluriel du texte. Jean-Bellemin Noël convoquera la psychanalyse mais du côté du lecteur cette fois. Cette réflexion sur la critique, entre ancienne critique respectant religieusement l'auteur et la nouvelle critique qui demande plus de libertés n'a pas fini. Notre travail est encore de déterminer quelle latitude choisir entre respect de l'œuvre et liberté du critique. [...]
[...] L'œuvre est ouverte, certes mais jusque dans une certaine mesure. Il ne s'agit pas de projeter sauvagement ses propres fantasmes interprétatifs sur une œuvre. Le « pluriel » du texte, cher à Roland Barthes a ses limites. La belle œuvre est celle qui dure et qui contribue à nous faire parler : « Un livre qui veut durer, c'est un livre qu'on doit pouvoir lire de plusieurs façons. Qui, en tout cas, doit permettre une lecture variable, une lecture changeante. [...]
[...] Le genre critique selon Sainte-Beuve est un « portrait ». Il montre ainsi comment expliquer l'œuvre par la vie, en faisant l'histoire de l'homme et de ses goûts. Nous voyons donc bien à quel point la critique ne constitue pas du tout une forme « autobiographie » ici. Il ne s'agit absolument pas de parler de soi mais de s'attacher à l'auteur dans son individualité propre, un auteur à travers son histoire personnelle, le contexte, social et l'époque à laquelle il évolue. [...]
[...] On parle alors d'un genre méta-littéraire. Claude-Edmonde Magny, une femme de lettres du vingtième siècle en est une figure reconnue. Elle nous délivre ici sa vision de ce que doit être pour elle la critique littéraire : « la seule, peut-être, des formes légitimes de l'autobiographie, parce qu'elle seule échappe au paradoxe de Narcisse : se perdre en son reflet, pour s'être trop cherché. Et c'est précisément là où elle est le plus personnelle, qu'elle est le plus enrichissante, le plus objective. [...]
[...] Un autre exemple de critique littéraire qui s'oppose à la vision qu'en a Magny est la critique stylistique de Léo Spitzer. L'attention extrême de Spitzer aux détails, et son savoir linguistique, lui permettent de remarquer à première vue dans un texte des variations expressives. Le style se définissant comme un « fait de parole », un emploi individuel du langage, le critique observe attentivement les « écarts » par rapport à la norme et à l'usage, représentés par l'état de la langue commune à une époque historique donnée. [...]
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