Lors de sa conférence à la mairie de St Denis, le 24 novembre 1978, Gilbert Aubry, le plus jeune évêque de France, nommé à l'âge de trente quatre ans à la Réunion, présente pour la première fois son Hymne à la Créolie. Il lance le terme « Créolie » qui deviendra une notion certes importante mais qui n'aboutira pas dans la littérature réunionnaise même si six ans plus tard cette notion réapparaîtra dans Vavangue de Jean Albany. Ce mouvement apparaît à une époque difficile pour la société réunionnaise car elle tente de Ainsi nous pouvons nous demander comment cette notion typiquement réunionnaise va devenir un mouvement important dans la littérature créole ? Quelle sera sa fonction dans la culture réunionnaise ? Quelle sera sa portée dans la société ? Pour ce faire en étudiant le texte Hymne à la Créolie de Gilbert Aubry nous définirons dans un premier temps le terme de « Créolie », ensuite nous analyserons l'engagement du poète, enfin nous verrons qu'il s'agit d'un mouvement replié sur lui-même.
[...] Les oiseaux reviendront y refaire leurs nids. Sur nos plages désertes, tu nous apprendras le sifflement du vent à l'encolure des palmiers. Les pétrels et les courlis que l'on croyait à jamais disparus vont éclore dans tes mains et s'envoleront sur tes pas. Les forêts et les ravines, les plaines et les montagnes, la mer et le ciel, entreront dans cet immense cortège pour la fête de nos races enfantées de mille races. D'un même élan et de plusieurs fois cent mille mémoires jailliront une seule conscience. [...]
[...] Au contraire. Dans la recherche et le respect des racines propres aux divers groupes, c'est l'ensemble qui reprend les cultures des quatre horizons pour en faire son trésor et son partage quotidien. Nous écrirons nos recettes et nos contes, nos poèmes et nos légendes. Et quant à chanter l'histoire, c'est la nôtre que nous chanterons d'abord ! Et toi, poète de mon île entre toutes, tu la nommeras cimarrone et malouine à la foi, mascarine et divine morgabine. Ile marine de nostalgie, île paysanne centrée sur tes montagnes, ta beauté nous blesse tellement le visage que tes fils portent en eux les secrets qu'ils enfouissent profond. [...]
[...] Chacun a apporté sa culture et sa religion et c'est ce qui a permis la diversité culturelle. Bien que le créole soit la langue maternelle du Réunionnais, ce dernier malgré sa gêne à s'exprimer en Français tente de s'accoutumer. III) Mouvement pris entre ouverture et enfermement 3.1 ) Le choix de la langue Le texte poétique de Gilbert Aubry est en français. Ce choix a pour unique but de faciliter la compréhension du texte, pour lui donner une éventuelle portée nationale au cas où il s'exporterait en Métropole par exemple. [...]
[...] Ce sera l'hymne des cœurs et des gestes accordés. Ce sera l'hymne pour ton pays et nos îles retrouvées. Créolie a la vie dure, soit encore plus coriace et, aux rebelles infamies, ne te laisse pas juguler. Créolie, fraternelle et toujours en devenir, ravive les racines de notre fierté et brise les stratégies marchandées sur la peau de ton âme. D'un même élan et de plusieurs fois cent mille mémoires nous signerons notre charte d'espérance, car nos veines palpitent un même sang Le sang de la Créolie ! [...]
[...] Îles de la Créole. La Réunion, mon île entre toutes ! Tu es là plus à l'écrin des parures, la plus sauvage des sites indomptés, la plus fascinante par la palette des sourires et des visages aux couleurs de l'arc- en –ciel ! Ile plus créole que le créole qui ne conçoit de généalogie que dans la blanchitude des colonies tropicales. Îles-programme-Réunion, et non pas Caraïbe, car ici nous sommes tous fils et filles de la Créolie. Ici nous vivons de Créolie comme ailleurs de Négritude ou d'Occitanie. [...]
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