Redoutée par les uns, admirée par les autres, Médée est une figure emblématique de l'imaginaire qui s'illustre très souvent à travers la littérature et les arts en général. Mais qui est-elle vraiment ? C'est à ces questions qu'ont plus ou moins tenté de trouver des réponses les intervenants du cycle de conférences sur Médée : Damien de Carné (Nancy 2) qui nous a présenté <em>Médée au Moyen Age, une tradition paradoxale</em> ; Pascal Noir (Paris 2) qui nous a proposé une réflexion sur <em>Médée, la sorcière et ses avatars chez Barbey d'Aurevilly</em> ; et enfin Christophe Mileschi (Université Stendhal-Grenoble 3) qui nous a exposé <em>La Médée de Pier Paolo Pasolini ou la malédiction des temps modernes</em>, conférence qui s'acheva sur une discussion ouvrant sur <em>Le mythe de Médée au XXe siècle</em>, avec la participation de Yannick Hoffert et Françoise Susini Anastopoulos (Nancy 2).
Il s'agira ici de revenir sur ces trois séances en résumant les principaux motifs et enjeux avant d'ouvrir sur une présentation de trois oeuvres majeures de la peinture du XIXe siècle reprenant ce même thème : <em>Médée furieuse</em> de Delacroix (1862), <em>Médée</em> de Victor Mottez (1865) et <em>Medea</em> de Feuerbach (1870) (...)
[...] Elle s'enfuit alors à Athènes et épouse le roi Egée, dont elle a un fils. Bannie par Thésée, elle retourne enfin auprès de son père en Colchide et descend aux Champs-Elysées, où selon certaines versions, elle s'unit à Achille. I. "Médée au Moyen Age, une tradition paradoxale" Médée est une figure qui incarne le modèle absolu de l'infanticide : en tuant ses enfants, elle rend possible le terme d'un rang social dirigé par des hommes : elle est l'illustration de l'exaltation féministe. [...]
[...] Dans cette version, il n'y a donc plus de représentation positive de Médée, mais ce n'est pas univoque puisqu'on retrouve d'autres versions similaires à cette époque. Il existe aussi au Moyen Age d'autres versions du mythe qui posent, au contraire, Médée comme une victime dont le crime est justifié par les actes déshonorant de Jason. Au XIIIe siècle, un roman de Hue de Rotelande décrit un Jason qui reste fidèle à Médée qui apparaît comme une simple guérisseuse. Elle n'est donc plus une figure négative et l'histoire semble vouloir montrer que si Jason avait agi autrement, Médée aurait été une source de bien pour tout le monde. [...]
[...] Il s'agit plus précisément de l'instant précédant juste le crime. La mise en scène des trois personnages en pyramide semble évoquer la passion de cette mère qui tue sa propre chaire pour se venger de sa moitié amoureuse. Mais la façon dont elle les serre et dont elle tient son poignard en regardant sur sa droite peut aussi faire penser qu'elle tente de protéger ses fils contre un ennemi venant les attaquer. Pourtant la façon dont les drapés du vêtement maternel, noir sur rouge, forment une sorte de linceul, et le fait que la lumière semble davantage s'échapper de la pièce comme de la fumée, transcrivent la mort très prochaine de ces êtres représentés à la manière des putti de la Renaissance italienne. [...]
[...] Médée n'est donc pas l'unique coupable du crime qu'elle commet. IV. Conclusion : Médée au XXe siècle, Médée de Pier Paolo Pasolini ou la malédiction des temps modernes La version du mythe de Médée de Pier Pasolini, cinéaste italien, est un film de 1969 presque entièrement muet et principalement basé sur le texte d'Euripide. Il dépend Médée comme une barbare étrangère aux traditions grecques et qui honore souvent la nature à travers des rites. Elle a aussi des visions et c'est à travers l'une d'elle qu'elle comprend qu'il ne faut pas lutter contre Jason, c'est pourquoi elle trahit sa foi et son peuple, subjuguée par l'image du jeune homme avant même de l'avoir vu. [...]
[...] Cette version de Benoït de Sainte-Maure ne se base pas sur le texte d'Homère mais sur deux manuscrits qui sont des faux. Toute fois cela permet de comprendre comment était perçue cette histoire à cette époque : l'historicité des évènements et des personnages était quelque chose d'essentiel puisque l'on croyait à la véracité du mythe ou du moins à une partie de celui-ci. De même, l'auteur y présente une Médée contraire à celle de l'Antiquité: courtoise, fille unique (qui n'a donc pas tué son frère), dont le crime est d'avoir renoncé à rester dans son foyer en ayant abandonné son lignage pour suivre un étranger. [...]
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