Dans la préface de "La Coupe et les lèvres", Musset écrit :
"Doutez de la vertu, de la nuit et du jour ;
Doutez de tout au monde, et jamais de l'amour (...)
Doutez, si vous voulez, de l'être qui vous aime,
D'une femme ou d'un chien, mais non de l'amour même."
En quoi ces propos éclairent-ils votre lecture de "On ne badine pas avec l'amour" et des "Caprices de Marianne"?
[...] Il est par essence ancré dans la nature humaine et toute lutte intérieure à son encontre serait vaine. Rien n'est plus certain que l'amour. Si ce sentiment semble inné à tout homme, leur « vertu » tout comme leurs sentiments si imprévisibles et fluctuants peuvent soulever le doute quant à la réalité de cet amour qui ne se présente souvent que comme un idéal inaccessible. Sans doute ces vers de Musset sont-ils marqués d'une légère ironie au vue de ses expériences désastreuses en amour. [...]
[...] Néanmoins, l'attitude de Camille remet en cause toutes les convictions de Perdican et notamment son amour pour la jeune demoiselle dans son monologue de l'acte III scène 1. Il semble ne plus savoir ce qu'il ressent : « je voudrais bien savoir si je suis amoureux ». Ses pensées et ressentis restent contradictoires puisqu'il déclare tout d'abord « Diable je l'aime, cela est sûr » avant d'en douter « il est clair que je ne l'aime pas ». Ce court monologue montre comment l'inconstance des sentiments amoureux peuvent mener au doute. De même Camille ne reste dans le doute quant aux sentiments qu'elle éprouve. [...]
[...] Au moment ou il pourrait atteindre son amour idéal, le bas monde le lui refuse. La mort apparaît telle un échapatoire à sa tragique existence puisqu'il supplie la mort de le prendre en son sein à l'acte II scène 5 : « Ô mort Puisque tu es là, viens donc à mon secours ». Musset met en scène le tragique et cruel sort de l'existence qui fait de l'amour un rêve mortel. En ce sens, l'amour apparaît comme un idéal inaccessible qu'il vaut mieux craindre au risque de souffrir d'une désillusion mortelle. [...]
[...] En ce sens, le doute semble néfaste à l'amour. Ainsi, la volatilité des hommes et de leurs sentiments, l'inconstance de leur vertu ne peuvent entraver l'amour absolu et véritable qui parvient à triompher du doute. Les romantiques sont pourtant confrontés aux propres limites de leurs aspirations. Marqués par le mal du siècle, ils prennent conscience que leur amour absolu s'apparente à un idéal inaccessible et inatteignable. Un sentiment de désenchantement les anime et les mène à penser que l'amour se rapproche d'une tragédie. [...]
[...] Pourtant, malgré l'ignominie du monde et des êtres, il rétorque que « il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et affreux ». C'est pourquoi des protagonistes tels que Camille sont emplis de doute. En ce sens, l'amour doit transcender l'ignominie du monde et les imperfections humaines. Dans Les Caprices de Marianne, le dramaturge montre les répercutions tragiques du doute. L'action s'articule autour de Claudio dont les soupçons sur la vertu et la fidélité de sa femme Marianne le mènent à engager des assassins pour tuer tout amant qui daignera franchir le seuil de leur porte. [...]
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