Ironie satirique, corpus, le Misanthrope, commentaires littéraires, théâtre
Le corpus proposé, s'il met en avant l'art du portrait satirique, présente néanmoins une grande variété générique et formelle : une scène de théâtre extraite du Misanthrope (1666), un portrait moral de La bruyère et un extrait de roman épistolaire, Les Lettres Persanes.
Un peu plus d'un demi-siècle les sépare, plaçant les deux premiers dans l'esthétique classique et le troisième dans la philosophie des Lumières.
[...] La brièveté et l vivacité de la forme donne à la satire une plus grande efficacité. On retrouve aussi dans ces eux extraits une certaine variété de registres de langues : La Bruyère comme Molière, alterne entre le registre familier et imagé (Arrias "rit . jusqu'à éclater" et "prend feu" quand on se hasarde à la contredire ; Bélise, "grouille aussi peu qu'une pièce de bois" quand on lui manifeste clairement l'ennui qu'elle procure. Quant à Cléon, " c'est un fort méchant plat "et "une sotte personne", il vaudrait mieux "qu'il ne s'y servît pas". [...]
[...] Le corpus proposé, s'il met en avant l'art du portrait satirique, présente néanmoins une grande variété générique et formelle : une scène de théâtre extraite du Misanthrope (1666), un portrait moral de La bruyère et un extrait de roman épistolaire, Les Lettres Persanes. Un peu plus d'un demi- siècle les sépare, plaçant les deux premiers dans l'esthétique classique et le troisième dans la philosophie des Lumières. On peut opérer les rapprochements suivants : Les textes de Molière et de La Bruyère offrent de nombreux procédés similaires pour exprimer l'ironie satirique : il y a tout d'abord la mise en scène de personnages qui sont connus ou supposés tels. Arrias est dépeint pendant une scène de repas, "à la table". [...]
[...] L'intention du moraliste est plus présente chez La Bruyère. Quant à la Lettre Persane, produit des Lumières, elle est porteuse d'un message plus politique : il s'agit pour Usbek d'affaires sérieuses comme "faire respecter la nation aux étrangers" et "dans les occasions périlleuse" "ranimer les soldats". Elle se rapproche ainsi de la caricature de L'assiette au beurre : dans ces deux documents, la vacuité, l'arrogance et la surdité aveugle des puissants face aux petits et l'absence totale de conscience des responsabilités qui leur incombent est porteuse de sens politique autant qu'elle est comique : "nous nous communiquions aux plus petits ; ils nous trouvaient sensibles; ils ne voyaient que nos cœurs au- dessus d'eux : nous descendions jusqu'à leurs besoins". [...]
[...] Arrias, comme Géralde, sont pris en flagrant délit de snobisme. Le premier prétend connaître "familièrement" Sethon, ambassadeur de France, qui ne lui a caché "aucune circonstance" à propos d'une cour d'un pays du nord ; Géralde "ne cite jamais que duc, prince ou princesse" et "tutaye en parlant ceux du plus haut étage". Dans l'extrait des Lettres Persanes, l'ironie satirique s'exprime différemment. Montesquieu prend "le point de vue de l'explorateur", adoptant une stratégie du détour. C'est Usbek qui s'exprime en tant que Persan ignorant les coutumes occidentales. [...]
[...] Ce point de vue permet de traduire l'étonnement ironique "je ne pouvais me lasser de l'admirer" de celui qui n'est pas dupe et qui commence à connaître les mœurs françaises "Si ce n'est que cela, je n'ai que faire d'y aller". " Mais "il fallut pourtant marcher" montre la contrainte qu'exerce sur chacun les habitudes de cour. Il exprime même son indignation en procédant à une comparaison avec son pays et implique davantage le narrateur que dans les autres textes. lorsque j'étais à la cour de Perse, je représentais ainsi un grand sot". Le double langage propre à l'ironie tient au point de vue adopté. Par ce biais, l'auteur fait la satire de la morgue des "grands". [...]
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