Dissertation de littérature (présence d'abréviations) consacrée à Pierre Corneille et à sa pièce de théâtre La Place royale.
[...] Comment comprendre cette citation de Pierre Alain Cahné? Nous pourrions l'interpréter de la sorte: ce qui motive les agissements d'Alidor est avant tout la peur de souffrir. En effet, il court moins après la liberté, la maîtrise de sa volonté qu'il ne fuit sa propre inconstance; puisque c'est en fuyant un changement futur qu'Alidor agit au présent ou plutôt fuit Il anticipe donc le malheur en le faisant venir à lui. On peut un peu considérer son geste comme celui d'un homme qui sait qu'un jour leur belle histoire d'amour va se terminer alors préfère y mettre un terme tout de suite pour ne pas souffrir. [...]
[...] Ainsi la décision de Corneille de nommer sa comédie d'après ce lieu réel de Paris est à relier à l'attitude d'Alidor. En effet la place Royale à cette époque était l'endroit de rencontre préféré des jeunes nobles et bourgeois. Certains le considéraient même comme le théâtre des faux semblants et des apparences puisque la superficialité y régnait. Les jeunes gens fortunés s'y rendaient pour se faire voir et faire eux-mêmes de charmantes rencontres. C'est pourquoi nous pouvons dire que dés le départ, l'atmosphère de la pièce est teintée d'apparence et ses personnages sont déjà prédéterminés à jouer eux-mêmes des rôles, à n'être que des Acteurs. [...]
[...] Nous feindrons toutefois pour nous donner carrière, Et pour mieux déguiser nous en prendrons un peu, Mais nous saurons toujours rebrousser en arrière, Et quand il nous plaira nous retirer du jeu. Ces quelques vers suivent la promesse d'indifférence où Alidor avoue qu'il s'intéressera à d'autres femmes. La phrase Et ce sera beaucoup emporté sur mon âme / S'ils me font curieux d'apprendre votre nom. peut être considéré à la fois valeur de bravade comme si il disait en quelque sorte: vous n'aurez pas mon coeur mais également de défi: je vous mets au défi de me le dérober. Ceci nous fait apercevoir une once de fragilité dans notre Alidor. [...]
[...] Corneille a découvert son héros. Il l'a réalisé, mais en quelque sorte dans l'abstrait. Aussi ne nous propose t'il que l'image hautaine et fragile d'un héros aristocratique à la seconde puissance, puisqu'il s'agit d'un héros rêvé par un bourgeois: héros séduit par le paraître et qui subordonne son être à ce paraître. Héros par qui tous les actes deviennent des gestes. Héros qui réduit le monde et le temps à un seul moment, à une seule présence. Héros qui se situe à l'extrême pointe de la réalité, là ou l'être et le paraître confondus débouchent sur la mort. [...]
[...] Cette connaissance entraîne un désir : le désir d'un destin hors série hors de l'ordre commun selon l'expression d'Horace qui va devenir, avec les tragédies, une hantise, est déjà présent ici. nous précise Doubrovsky. On pense alors immédiatement au monologue de Hamlet : être ou ne pas être c'est être ou ne pas être un héros, en réalité, c'est-à-dire accepter ou fuir le destin tragique. Mais le problème d'Alidor tient en ce qu'il se sait héros. En effet il se sent l'étoffe d'un héros, mais n'a pour seul dilemme: épouser une jeune femme ou ne pas l'épouser. Ainsi ses questions sont un peu limitées est-ce que je l'aime suffisamment ? [...]
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