Dissertation entièrement rédigée de niveau Bac + 3 traitant du sujet : Réalisme et Poésie dans La Place Royale et L'Illusion comique de Corneille. Il s'agit d'étudier la tension dialectique qui se joue entre ces deux concepts. Le réalisme est la volonté de rendre compte du réel et de le restituer avec le plus de fidélité possible. Or, cette exigence semble incompatible avec la portée "déréalisante" de la poésie. Mettre en relation réalisme et poésie dans ces deux comédies de Corneille, c'est interroger le caractère fabriqué de ces pièces, c'est interroger le langage dramatique et l'esthétique de la représentation.
[...] Mais ce réel factice fait illusion, et ne cesse d'interroger le spectateur sur son propre réel. Quels sont alors les vrais enjeux de ce réalisme sur la relation avec le spectateur-lecteur ? Corneille se montre dès ces premières comédies comme un critique qui interroge l'essence du théâtre et du spectacle théâtral, ouvrant une véritable réflexion métathéâtrale au sein même de ses pièces. Il ne faut pas oublier que le dramaturge fut aussi un théoricien de son art et un traducteur de La Poétique d'Aristote. [...]
[...] La comédie enchâssée, qui est rappelons-le celle des amours de Clindor, conserve tous les éléments du réalisme aimable de La Place Royale. Il s'agit d'une intrigue amoureuse entre jeunes gens et il est toujours question de l'autorité parentale et des rapports d'argent. En sus, Corneille nous offre une vision tout à fait réaliste, qui peut avoir valeur de document d'étude, sur la condition des comédiens à l'époque. A la scène 2 de l'acte le magicien Alcandre montre à Pridamant l'équipage de son fils. [...]
[...] Réalisme des lieux, réalisme des occupations des jeunes gens et de leur langage, La Place Royale tranche évidemment avec L'Illusion comique, composée deux ans plus tard. Cette seconde pièce montre ostensiblement son caractère littéraire et fabriqué et refuse la vraisemblable, à travers le thème de la magie notamment. Les fantaisies verbales de Matamore par exemple, ne sont pas réalistes. L'énumération des éléments constitutifs de la maison, à la scène 4 de l'acte III constitue ce que Pierre Larthomas, dans Le langage dramatique appelle une déformation verbale en désaccord avec l'usage courant du langage. [...]
[...] La Place Royale et L'Illusion comique sont deux comédies du mensonge. Les jeunes gens ne cessent de se mentir entre eux et ainsi qu'à leurs parents. Un véritable jeu de masque se met en place, dont seul le spectateur peut connaître tous les ressorts. Alidor est le menteur le plus important de La Place Royale, il ment à Angélique pour se débarrasser d'elle. Son ami Cléandre ment sur ses vrais sentiments envers Angélique. Dans L'Illusion comique, Clindor et Isabelle mentent à Matamore, qui lui, est l'archétype du menteur vantard et fanfaron. [...]
[...] Mais ce réalisme semble incompatible avec l'exigence poétique qui est celle du théâtre, forme littéraire liée à une poétique depuis ses origines. Or, l'habileté de Corneille est de mêler les deux pour nous montrer que même dénoncée, l'illusion théâtrale perdure. Peut-on encore parler de réalisme ? D'où vient l'illusion ? Quelles sont les conséquences sur le langage dramatique de Corneille et sur la vision du réel qui est transmise ? Il s'agit alors d'étudier un réalisme de théâtre construit par Corneille, un réalisme conventionnel et autonome. [...]
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