Ce document est le compte-rendu d'une conférence de Pierre Jourde qui vient clôturer le séminaire de recherche "Idées et controverses de l'humanisme aux Lumières". Cette conférence a permis de s'intéresser historiquement au processus de réception du livre, la publication des idées, et ce que ces éléments nous apprennent sur l'histoire des idées et l'évolution de la société.
Le propos de Pierre Jourde (qui a plusieurs casquettes : professeur d'université, romancier, poète, mais est ici invité en tant que critique) permet de mettre en perspective cette histoire de l'édition, de la diffusion, de la censure et des polémiques littéraires avec la situation actuelle. Y a-t-il encore une place aujourd'hui pour la controverse dans le champ littéraire ?
Spécialisé dans la littérature du XIXe siècle, Pierre Jourde fait un parallèle entre la critique littéraire de l'époque dont il est un lecteur féru (Barbey d'Aurevilly, Léon Bloy entre autres). Il observe à quel point les polémiques littéraires pouvaient prendre de l'importance au XIXe siècle, en prenant notamment l'exemple de Leconte de Lisle qui provoque en duel Anatole France, ou encore celui de Jean Lorrain qui suite à la critique violente qu'il fait "Des plaisirs et des jours", tire sur Proust à Meudon.
On pouvait alors se faire tuer pour la littérature, ce qui semble bien loin de notre conception actuelle. Au fond, c'est comme si, à un moment donné, la polémique avait disparu du champ littéraire et culturel.
[...] "La controverse dans le champ littéraire contemporain : polémique et place publique", Pierre Jourde Exposé L'exposé de Pierre Jourde a pour but de démontrer la nécessité de la polémique dans le champ littéraire. Il s'est donc interrogé tour à tour sur les raisons de sa place actuelle, sur l'existence de formes subsistantes de polémique, puis sur les dangers de sa disparition. Spécialisé dans la littérature du dix-neuvième siècle, Pierre Jourde fait un parallèle entre la critique littéraire de l'époque dont il est un lecteur féru (Barbey d'Aurevilly, Léon Bloy entre autres). [...]
[...] La notion de champ littéraire apportée par le sociologue, prend ici toute son importance. De plus, la conception bourdeusienne, qui envisage l'écrivain comme un petit producteur culturel, bouscule certes notre façon de penser habituelle, mais permet d'envisager la création de manière plus concrète et de comprendre l'importance des instances de reconnaissance et de transmission dans les processus de production comme de réception de l'œuvre littéraire. Depuis la première moitié du XIXème siècle, en effet, l'œuvre tend à devenir une marchandise, c'est du moins ce que signale Tocqueville dans De la démocratie en Amérique, qui déplore le fait de voir dans les lettres une industrie et regrette la proportion de vendeurs d'idées par rapport à celle des véritables écrivains. [...]
[...] Remarques Cette conférence nous a permis de nous interroger sur le rôle de la critique, et sans doute de réhabiliter la critique de jugement, dont Pierre Jourde a su, à mon sens, démontrer la nécessité. Pour autant, il ne me semble pas que la critique de jugement doive forcément s'opposer à la critique de témoignage proposée par Leclair, et dont Pierre Jourde a peut-être fait une présentation réductrice. C'est peut-être l'un des seuls points sur lequel j'étais partagée, j'ai d'ailleurs commencé la lecture de l'essai Verticalité de la littérature et il me semble que, finalement, ces deux formes de critique ont le même ennemi commun littérature comme objet commercial- et diffèrent juste de point de vue sur la façon de le combattre. [...]
[...] Malgré le thème, on ne peut pas dire qu'il y ait eu polémique à proprement parler. Une première intervention, qui insiste d'abord sur l'importance d'internet dans l'évolution de la critique, noircit encore le tableau dressé par Pierre Jourde, jugé pire qu'avant : Finalement tout est devenu polémique pour que rien ne le soit. Pierre Jourde propose de faire polémique d'une façon particulière, pour ne pas être assimilé à la fabrication de scandales dont le seul but est de faire vendre. [...]
[...] Pierre Jourde le juge intéressant. Pour lui, son œuvre correspond à on projet de représentation globale de la société. Il apprécie son humour à froid, son style plat, mélancolique à la Droopy et nous cite même un extrait. Ses premiers livres sont jugés rapides, incisifs. C'est l'occasion d'évoquer la peopolisation de la littérature. Les bons écrivains, tels que Michel Houellebecq dans ses premiers romans, sont destinés à devenir des produits, presque comme si on ne pouvait plus écrire de bons livres. [...]
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