En 1529, lorsqu'il imprime son Champ Fleury, Geofroy Tory offre aux intellectuels français une œuvre qui ne se borne pas à la description typographique d'un nouvel alphabet. Il s'agit d'une réflexion plus globale, qui comprend la langue écrite et la langue parlée. Sans construire une grammaire, l'auteur lance dans le débat sur la langue vulgaire l'idée de légitimer et d'ordonner celle-ci. Il ouvre la voie aux futurs Robert Estienne et Joachim du Bellay. Cependant, l'impact de Tory ne se limite pas à son influence sur les intellectuels et les grammairiens. Il contribue plus concrètement au développement de la langue écrite, en y introduisant les accents, la cédille et l'apostrophe en même temps que l'écriture romane. Ses apports sont aussi divers que son Champ Fleury est composite. À travers celui-ci, nous tenterons de saisir le rôle de Tory dans les débats du XVIe siècle en dressant la liste de ses principales contributions linguistiques.
[...] Ainsi, on trouve déjà chez Tory le discours des puristes du XVIIe siècle qui récusent tout néologisme et tout terme régional. Tory ne définit pas la notion de bon usage, mais il emploie déjà celle d'« honneste langage Un tel langage doit être conforme à la vertu en plus d'être prestigieux. Si on connaît les corrupteurs que Tory décrie, on sait peu de choses de la langue dont il rêve. En ce qui concerne l'orthographe, il n'a jamais concrétisé son projet d'écrire un traité. [...]
[...] Des imprimeurs souhaitent ordonner la langue en la grammaticalisant. Ainsi, ils faciliteraient la composition et la lecture de leurs ouvrages. Cette tâche est ambitieuse, car la langue est très dialectalisée (même si la prééminence linguistique de Paris se fait déjà sentir) et parce qu'un écart existe entre l'écrit et l'oral. Cependant, la langue est riche, comme le témoigne la production littéraire médiévale 1 Geofroy Tory, Champ fleury, éd. Gustave Cohen, Genève, Slatkine Reprints LXXX Voir la reproduction annexée, p que la France renaissante n'a pas complètement oubliée. [...]
[...] Ainsi, modernisme et retour aux sources antiques se conjuguent au niveau des arts et des sciences comme au niveau de la langue chez les humanistes français et plus particulièrement chez l'auteur du Champ fleury. Tory explique comment ses lettres romanes doivent être prononcées. Pour lui et il ne fait pas exception au début du XVIe siècle l'écrit reflète la langue parlée. En faisant diverses observations dialectales et en prenant parti pour certaines prononciations, il lance le débat sur la norme. [...]
[...] En tant qu'imprimeur et exégète de textes anciens, il est confronté à différentes questions linguistiques que nous ne pourrons examiner qu'après avoir rappelé l'état de la langue française au début du XVIe siècle La langue française en évolution Le XVIe siècle est parcouru de débats et d'innovations. Les questions que se posent les intellectuels concernent plusieurs aspects de la langue. Le savoir se vulgarise en même temps que l'imprimerie se développe, si bien qu'on se demande s'il faut éditer certains livres dans la langue commune ou dans la langue savante. [...]
[...] au G. est ung peu trop observee a Bourges dou [il est] natif XLII Des observations précises lui permettent de juger la valeur de certains traits dialectaux. Il dit par exemple du picard : Comme quant [les Picards] veulent dire Cela, Cecy. ils pronuncent Chela, & Chechy, comme syl y avoit en lorthographe vne aspiration. H. devant la vocale E. et devant I. Au contraire, la ou le bon Francois escript & pronunce la dicte aspiration H. devant C. & O. [...]
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