Les contradictions sont au coeur de l'Absurde - la synthèse des incongruités, le mariage de l'hilarité et du désespoir, la certitude que l'ordinaire est toujours extraordinaire, l'idée que la "réalité" et la "vérité" sont toujours, dans un certain sens, pliées, tordues, courbées - "insolite de l'univers, banalité quotidienne que seul l'atroce transperce."
Dans cette étude, nous essaierons de voir en quoi le théâtre de Samuel Beckett, et plus particulièrement la pièce En attendant Godot, est représentative de cette affirmation. En d'autres termes, en quoi la pièce de théâtre En Attendant Godot s'inscrit totalement dans le genre d'après guerre du théâtre de l'Absurde ? (...)
[...] D'ailleurs, c'est à partir de la fin du XIX° siècle que les hommes, les poètes, les philosophes ont commencé à tenter d'expliquer que la vie n'avait aucun sens. On se souvient de la phrase de Friedrich Nietzsche : "Dieu est mort". Rien n'est sûr dans ce monde, il n'y a aucune stabilité dans les significations. Le monde n'est pas sécurisé ou sécurisant et c'est ce qu'exprime Beckett au travers de cette pièce. Aussi, la sensation que "la vérité et la réalité sont toujours courbées, pliées ou tordue" se référent à un sentiment d'aliénation. [...]
[...] Ainsi, dans cette œuvre théâtrale, le spectateur peut avoir l'impression que tout se situe dans des entre-deux. On a par exemple le long le crépuscule et la nuit qui n'arrive jamais, comme une métaphore de la vie et de la mort. Vladimir répète à plusieurs reprises : "La nuit ne viendra donc jamais pour exprimer son désespoir du temps qui ne bouge pas et n'avance pas. De plus, ils attendent Godot durant la journée, et ne peuvent donc se sentir libre que la nuit. D'ailleurs, toutes les pièces de Beckett ont lieu durant un crépuscule. [...]
[...] Nous voyons là le mariage de l'hilarité et du désespoir. Ceci est d'ailleurs accentué dans la pièce par les clowneries, les bouffonneries, les jeux corporels avec le chapeau, ou les chaussures, les répétitions des phrases récurrentes. Beckett retourne ici aux origines du théâtre avec le côté philosophique de la pièce mais aussi les jeux du cirque. Il faut aussi préciser que les personnages ne savent rien non plus au sujet d'eux-mêmes, ou au sujet de leur situation. La seule chose dont ils sont sûrs est qu'ils attendent Godot, de la même manière que la seule chose dont l'être humain est sûr est qu'il va mourir. [...]
[...] Beckett a dit lui-même au sujet de son œuvre : "Godot, une pièce qui s'efforce à tout prix d'esquiver toute définition". On retrouve ce que Ionesco dit à la page 27 de son Journal en miettes : "Pourquoi donc me suis-je donné tant de peine si la propre littérature, c'est-à-dire l'investigation de ce qu'on appelle soi-même et de ce qu'on appelle le réel, ne m'a pas fait avancer d'un pas dans la connaissance, l'illumination ou la sérénité." Malgré toutes ses lectures, études et écritures, la seule chose dont Ionesco est sûr de vraiment connaître est qu'il ne sait toujours rien, hormis peut-être le fait qu'il soit toujours mortel. [...]
[...] C'est au sujet de la routine avec l'idée d'être enfermée, prisonnier dans l'espoir d'être sauvé. La pièce est à propos de la vie en elle-même, au sujet de vivre notre vie tout en sachant que la mort viendra un jour, sans aucun remède existant contre ce fait, et ayant juste l'espoir du salut. Les deux personnages Vladimir et Estragon sont en train d'attendre Godot, qui ne viendra jamais ; nous sommes d'ores et déjà dans une situation absurde. Puis au cours de leur attente, ils croisent la route de deux autre personnages, Pozzo et Lucky. [...]
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