Perceval le Gallois, Moyen âge, Conte du Graal, règles du code chevaleresque, initiation à la chevalerie, Chrétien de Troyes, adoubements
Perceval le Gallois est un héros atypique des romans de Chrétien de Troyes et des romans du Moyen-Age ; ses aventures s'arrêtent où commencent celles des chevaliers traditionnels : le stade de l'homme accompli. Perceval est un héros que l'on rencontre encore au giron de sa mère, qui subit des transformations et qui donne l'impression de toujours pouvoir aller plus loin, mais pas seulement dans le domaine de la chevalerie et de la courtoisie.
[...] Ces scènes, comme celle de la demoiselle de la tente, nous montrent que Perceval est passé du stade de la pulsion (alimentaire et amoureuse) au stade de l'attention à autrui, au souci de faire le bien pour autrui, dans le principe de charité tel que le prologue nous en rappelait les principes, notamment celui d'être absolument désintéressé. On assiste à la socialisation progressive du héros ; il apprend son nom et connaît de plus en plus de membres de sa famille, qui sont non seulement des chevaliers, mais aussi des êtres marqués par la spiritualité, voire la religion. On voit aussi au début de son apprentissage le passage du monde maternel à un univers masculin, Gorneman jouant le rôle du père. Ainsi Perceval passe-t-il de l'impulsion à la réflexion. [...]
[...] On peut noter l'écho entre l'initiation à la chevalerie et celle de la spiritualité, puisque c'est chaque fois la rencontre de cinq chevaliers, dans une tenue et des circonstances qu'il découvre, que Perceval va s'ouvrir au monde nouveau. Le chevalier qui en est réduit à se battre, à défendre la veuve et l'orphelin appartient, selon Chrétien de Troyes, à un univers borné et répétitif (cf. les cinq ans passés dans l'hébétude des combats pour Perceval tels que l'analepse nous les rapporte). [...]
[...] L'itinéraire de Perceval donne l'impression d'avoir un héros prédestiné, qui sert de révélateur aux transformations d'une société et de ses mentalités. La formation de Perceval s'arrête dans un premier temps à la cour d'Arthur, mais il s'agit d'une fausse étape puisque Chrétien suggère que le moment où son héros rejoint le monde avec une conscience claire et celui de la rencontre avec l'ermite. Pour ouvrir cette question, il serait intéressant de se demander si Les Continuations, est lui aussi un roman d'initiation. [...]
[...] Avec des moyens différents De même Perceval apprend avec différents moyens. Les épreuves, les expériences et les rencontres notamment avec des initiateurs (sa mère, Gorneman, l'ermite) sont autant de moyens pour le héros d'évoluer. Cet apprentissage est symbolisé par l'errance permanente de Perceval. Pour souligner cet apprentissage, l'auteur oppose à Perceval une référence absolue, celle de Gauvain, chevalier accompli. Mais Perceval va le dépasser en allant plus loin, dans le modèle de la perfection, notamment dans le domaine moral et spirituel. [...]
[...] Cependant on pourrait se demander quel est le but d'un roman d'apprentissage pour un futur chevalier de la Table ronde. Perceval se présente comme un modèle d'évolution et tend vers une perfection peu égalée chez les héros de l'époque. On assiste au polissage d'un être ; les leçons sur l'armure au début de l'œuvre peuvent paraître inutiles au lecteur, mais en fait elles peuvent se lire comme un état des lieux de la chevalerie ; un état des lieux qui doit être dépassé pour accéder à d'autres principes, à de nouvelles mentalités. [...]
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