Le théâtre est un art trois fois millénaire, que nombre de peuples et d'auteurs ont essayé de s'approprier en lui donnant des places sociétales diverses et des buts différents. Mais aucun de tous les mouvements théâtraux ne s'est intéressé à l'essence même du théâtre, à ce qui faisait son succès, à ce qui impliquait le spectateur bien au delà de la simple vision d'un spectacle tantôt burlesque, tantôt dramatique. Après analyse d'un grand nombre de pièces, on peut voir qu'il en ressort un aspect commun, dans une majorité de pièces on observe la présence d'un conflit : il peut être d'ordre diverse : conflit amoureux (Andromaque), conflit intérieur (Electre), conflit social et politique (Rhinocéros, Britannicus). Nous sommes donc en droit de nous poser la question : l'essence du théâtre est-elle dans le conflit qu'il incarne ? Pour répondre à cette question, nous évoquerons en première partie l'aspect essentiel du conflit dans une pièce de théâtre et en seconde partie, nous nuancerons notre point de vue en notant d'autres aspects importants dans certaines pièces (où le conflit n'aura pas forcément une place centrale).
Tout d'abord, l'aspect conflictuel du théâtre a été remarqué et commenté par quelques grands auteurs comme Ionesco : « il faut aller au théâtre comme on va un match de football, de boxe, de tennis. » ou plus ancien et plus philosophique comme Pascal : « rien ne nous plait que le combat ». Dans cette partie, nous parlerons de la place essentielle du conflit dans une comédie qui amène le divertissement du spectateur, puis nous verrons sa place omniprésente dans une tragédie avec la présence de ces fameux choix cornéliens. Pour conclure, nous nous pencherons sur la catharsis que produisent ses pièces en inspirant les spectateurs à trouver un miroir de leur vie et surtout de leurs douleurs sur scène.
Dans une comédie, le conflit est exploité pour divertir le spectateur, en effet, du conflit naît des disputes et de ces disputes naît un humour varié : comique de gestes, dont on a un bon exemple dans Les fourberies de Scapin, II, 3 lors des différents méfaits commis par Scapin (...)
[...] Cette découverte simultanée est un comique de situation, plus subtil et plus uniquement basé sur des gestes, propres des animaux. Molière classera ce type de comédie, mélangeant beaucoup de comique de situation, associé à un important comique de mots : pendard et un zeste de comique de geste, au dessus de la basse comédie mais en dessous de la haute comédie La haute comédie n'est pas nécessairement le projet d'un conflit puisqu'il s'agit d'un jeu de mot et de mœurs. Nul besoin n'est d'une dispute pour faire des jeux de mots amusant. [...]
[...] Ici, le conflit est double : il y a un conflit intérieur chez Jean, lors de sa lente et douloureuse transformation en rhinocéros et, au début, en tout cas, un conflit entre hommes libres et rhinocéros. Par ce conflit (perdu, de surcroît) il pointe du doigt les dangers de la mise en place d'un régime totalitaire. Pour se faire il utilise le conflit mais ce conflit n'a pas la place centrale de l'histoire, celle-ci étant réservée aux idées démocratiques de Ionesco. [...]
[...] On pourrait étendre notre débat à une autre problématique, bien plus philosophique qui expliquerait le succès du théâtre à travers les siècles : Le conflit n'est-il pas l'essence de l'Homme, ce qui à la fois le restreint et le fait avancer ? [...]
[...] Cependant, il ne faut pas considérer que toute pièce sans conflit réel est inintéressante et dépourvue de tout intérêt littéraire et philosophique. D'autres relations humaines, bien différentes du conflit peuvent être présentes dans le théâtre et, cela, en importance bien plus grande à l'image du célébrissime Roméo et Juliette de Shakespeare. De plus, le conflit peut-être un outil pour amener une réflexion philosophique ou pour permettre à l'auteur d'instruire le spectateur (il n'est alors plus l'essence de la pièce mais un élément important qui permet d'apporter la nouvelle essence de la pièce : la réflexion). [...]
[...] Le conflit est-il l'essence du théâtre ? Le théâtre est un art trois fois millénaire, que nombre de peuples et d'auteurs ont essayé de s'approprier en lui donnant des places sociétales diverses et des buts différents. Mais aucun de tous les mouvements théâtraux ne s'est intéressé à l'essence même du théâtre, à ce qui faisait son succès, à ce qui impliquait le spectateur bien au delà de la simple vision d'un spectacle tantôt burlesque, tantôt dramatique. Après analyse d'un grand nombre de pièces, on peut voir qu'il en ressort un aspect commun, dans une majorité de pièces on observe la présence d'un conflit : il peut être d'ordre diverse : conflit amoureux (Andromaque), conflit intérieur (Electre), conflit social et politique (Rhinocéros, Britannicus). [...]
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