Jean-Jacques Rousseau entreprend l'écriture de ses Confessions dans une période difficile de son existence. Il est invité par l'éditeur Rey à écrire l'histoire de sa vie. Il en commencera la rédaction en 1764, qui durera jusqu'à la fin de sa vie, la publication de l'œuvre retraçant 53 années de sa vie divisées en 12 livres étant en effet entièrement posthume. Par le terme de confessions, il semble reprendre l'héritage de St-Augustin et se préparer à nous livrer des aveux, à faire le récit des aléas et erreurs de son existence. Dans une telle entreprise rétrospective, on devrait trouver la fusion de l'auteur et du narrateur, ce qui engagerait celui-ci à se livrer dans la plus objective sincérité. Mais raconter l'être que l'on a été avec le regard de celui que l'on est implique forcément une vision subjective, une opposition constante entre le récit et le discours, se raconter et s'analyser. Les quatre premiers livres de son œuvre, retraçant sa vie jusqu'à ses 18 ans, sont rythmés par trois aveux, le troisième racontant comment Jean-Jacques abandonne lâchement Le Maître alors victime d'une crise d'épilepsie, chose qui semble particulièrement pénible à avouer.
[...] Jean-Jacques Rousseau, Confessions, Livres III-IV Jean-Jacques Rousseau entreprend l'écriture de ses Confessions dans une période difficile de son existence. Il est invité par l'éditeur Rey à écrire l'histoire de sa vie. Il en commencera la rédaction en 1764, qui durera jusqu'à la fin de sa vie, la publication de l'œuvre retraçant 53 années de sa vie divisées en 12 livres étant en effet entièrement posthume. Par le terme de confessions, il semble reprendre l'héritage de St-Augustin et se préparer à nous livrer des aveux, à faire le récit des aléas et erreurs de son existence. [...]
[...] Rousseau se distancie de son moi antérieur, le jugeant dans un premier temps comme un affreux coupable d'une lâcheté son nom, puis comme un pauvre enfant victime de l'insouciance de l'âge et de la douleur des regrets, qui sera plus tard lui, écrivant, souffrant encore de ce même souvenir dont il essaie tout en écrivant de s'acquitter. Les Confessions donnent alors la parole à un pénitent, mais toujours prêt à plaidoyer, justifier sa faute par des procédés qui se retrouvent dans les autres aveux. Le pacte de sincérité semble d'ailleurs plusieurs fois être pris en défaut dans ce projet de confessions, mais ici la vérité s'acquitte très bien de la fiction, car la mise en forme –pudique ou esthétique- d'un souvenir contient aussi souvent une vérité supérieure de l'être intime. [...]
[...] Dans un premier temps, Rousseau pose Jean-Jacques comme coupable, fautif. Il va insister sur la lâcheté et les conséquences de l'abandon du pauvre maître qui est au départ la seule victime dans l'histoire. On peut noter que Rousseau dramatise la scène. Il insiste sur la soudaineté de l'action passant de l'imparfait au passé simple : «nous passions il fut pris et sur la crise du maître. Il est pris d'une de ses crises comme si la chose était répétitive, mais celle-là se démarque de toutes les autres. [...]
[...] Déjà, quand il intervient en tant qu'écrivain, que narrateur, qui semble avoir du mal à accoucher un aveu lointain, il fait appel à l'indulgence du lecteur, à sa pitié. Il souligne l'énormité de la faute par des termes hyperboliques, mais c'est pour ensuite en expliquer les circonstances. Par son intervention, on voit l'opposition constante, comme dans toute autobiographie, entre récit et discours, se raconter ou s'analyser, et donc l'opposition entre le personnage d'autrefois et l'auteur-narrateur. Nous sommes aussi alors invités à juger des faits par des points de vue démultipliés. A certains moments déjà, Rousseau pose Jean-Jacques comme une victime lui aussi. [...]
[...] Et c'est le Jean-Jacques qui a fait l'action qui ne se sentait pas coupable, la cause première étant son âge. De cette façon, Rousseau se dédouane lui-même, précisant que le souvenir ne s'en éteint point et de la même façon que, jeune, il essayait de se déculpabiliser, il le fait en écrivant ici aussi, par l'intériorisation de son acte. Il dénonce l'apparence de la culpabilité au profit de l'innocence de l'intention. L'utilisation des termes de regrets, de douleur, de surprise, dramatise aussi la position de victime de Jean-Jacques. [...]
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