Les Confessions, livre II, scène de première-vue - Jean-Jacques Rousseau (1813) - En quoi Rousseau nous offre-t-il ici une autobiographie romanesque digne d'un roman d’apprentissage du XVIIIe siècle ?

Thèmes abordés

Les Confessions livre II, scène de première-vue, Jean-Jacques Rousseau (1813), philosophie des Lumières, oeuvre autobiographique, condition humaine, idéal philosophique, psychologie amoureuse, cadre spatio-temporel, commentaire composé

Résumé du document

Le XVIIIe siècle, communément appelé siècle des Lumières, pense l'Homme dans son rapport au monde comme un sujet à part entière libre de ses actions, mais respectueux du bonheur d'autrui. Or considérer l'individualité de l'être humain en fonction de la société va à l'encontre de ce que défend Jean-Jacques Rousseau, philosophe éclairé. Son radicalisme philosophique suppose la jouissance totale de liberté, concept inné qui définit l'humanité de l'homme. La moindre influence extérieure suppose une liberté stérile. Ce souci d'autonomie est éminemment défendu par l'intellectuel qui lui oppose le principe d'éducation, fondement dogmatique de la pensée éclairée que déclament avec ferveur ses contemporains, comme en témoigne la rédaction amorcée de l'Encyclopédie en 1751, entreprise à laquelle Rousseau a pourtant participé.

Extraits

[...] Par conséquent, ces récurrences parcellaires donnent un aspect dramatisant à cette scène de première-vue et rappellent l'horizon d'attente de l'œuvre autobiographique. Ou du moins pas toujours, étant donné la tonalité lyrique qui suit et qui, de manière symbolique, influence la réalité présente dans le texte ; on peut lire la première rencontre amoureuse de Rousseau comme une véritable analyse psychologique de l'amour méandreux. II. Un idéal philosophique mis en scène Cet amour constitue un idéal philosophique que Rousseau met en scène, mais qui provient déjà d'une longue tradition conceptuelle. [...]

[...] Ainsi l'instance narrative intervient par exemple dans la phrase d'obligation personnelle « je dois me souvenir du lieu » (ligne mais se présente comme un héros juvénile dans un imparfait descriptif marquant l'exorde de son plaidoyer : « j'étais bien pris dans ma petite taille » (ligne 3). L'idée que l'écrivain puisse se retrouver avec lui-même restreint d'une certaine manière l'oralité que pourrait avoir une scène de rencontre amoureuse. L'autoanalyse d'un instant de vie répond malgré tout au projet de Rousseau. Celui-ci respecte le pacte de lecture autobiographique annoncé au début de son œuvre et qui place le destinataire du récit en position de miroir. [...]

[...] Les Confessions, livre II, scène de première-vue - Jean-Jacques Rousseau (1813) - En quoi Rousseau nous offre-t-il ici une autobiographie romanesque digne d'un roman d'apprentissage du XVIIIe siècle ? Le XVIIIe siècle, communément appelé siècle des Lumières, pense l'Homme dans son rapport au monde comme un sujet à part entière libre de ses actions, mais respectueux du bonheur d'autrui. Or considérer l'individualité de l'être humain en fonction de la société va à l'encontre de ce que défend Jean-Jacques Rousseau, philosophe éclairé. [...]

[...] Car c'est bien grâce à cette production que Rousseau promeut le genre autobiographique qui par la suite influencera les plus grands écrivains du siècle suivant. S'inspirant de l'œuvre de Saint-Augustin apparue mille trois cents ans auparavant, Rousseau retrace l'histoire sans fard de sa vie soumise à l'appréciation du lecteur. Dans cette démarche mémorielle, il s'engage à ne rien dissimuler de ses actions, de ses pensées, de ses épreuves et de son évolution. Ainsi il semble accomplir un acte sans valeur religieuse à proprement parler, mais doté d'une forte connotation symbolique : celui de l'aveu de ses péchés. [...]

[...] D'une part, la progression narrative s'opère dans un rythme parfois plus long suggéré par les passages descriptifs des attributs physiques du jeune Rousseau ou par les envolées lyriques dans lesquelles ce dernier poétise son face-à-face avec cette « bonne dame de M. de Pontverre ». D'autre part, tout à coup, l'écrivain s'empresse de renouer avec l'être aimé, ce qui se traduit d'un point de vue stylistique par une accélération du rythme du récit que provoque la parataxe de la ligne 17 « je la vois, je l'atteins, je lui parle ». [...]