La Condition humaine, incipit - André Malraux (1933)

Thèmes abordés

La Condition humaine incipit, André Malraux, 1933, compréhension du récit, intrigue, effet d'attente, temps, cadre spatio-temporel, dramatisation du récit, identification, personnage tragique

Résumé du document

Cet extrait correspond à la 1re page du roman "La Condition humaine", d'André Malraux, qui relate l'insurrection vécue par l'auteur dans sa jeunesse. Un incipit remplit plusieurs fonctions, dont la principale est de délivrer les informations essentielles à la compréhension du récit, mais aussi à intriguer le lecteur pour qu'il puisse poursuivre sa lecture. Mais comment l'incipit du roman parvient-il à intriguer le lecteur ?

Extraits

[...] Un personnage tragique Ensuite, Tchen se présente comme un personnage tragique, car il est contraint de commettre ce meurtre. Il s'assimile d'ailleurs à un « sacrificateur ». La dimension politique apparaît également à travers l'expression « Sacrifice à la révolution ». Le héros fait donc bien face à un dilemme tragique : « Doit-il ou non tuer cet homme ? », ce qui pose un réel problème de conscience morale. C. La naissance d'un assassin Le personnage prend conscience au fil du texte de la gravité de l'acte qu'il s'apprête à commettre. [...]

[...] Un effet d'attente Ensuite, cet incipit présente un certain effet d'attente chez le lecteur. En effet, le cadre spatio-temporel reste peu explicite puisque si l'on connaît la date « 21 mars 1927 » ainsi que l'heure « Minuit et demi », le pays est cependant inconnu. Le lecteur doit le deviner à travers le nom de « Tchen » à consonance asiatique. L'action semble se produire au cœur d'une ville « building » « vague de vacarme ». Les informations sur le cadre temporel sont vagues et le lecteur ne comprend pas encore tout dès le début et souhaite en savoir plus. [...]

[...] L'emploi d'un discours indirect libre à la 1re ligne livre également les pensées du personnage. Le lecteur comprend alors le personnage dans son hésitation et peut s'identifier à lui. II. Un personnage complexe, tourmenté A. Un personnage partagé À travers cette scène, le lecteur découvre tout d'abord un personnage complexe, qui hésite « ses mains hésitantes » alors qu'il est déterminé à agir « il savait qu'il le tuerait » « il connaissait sa propre fermeté ». Tchen est donc partagé entre son devoir et son humanité. [...]

[...] ) chair d'homme ». Il se trouve alors à la croisée entre 2 chemins. Il se place même dans un autre monde « La vague de vacarme retomba : voitures » et dans un autre temps « Dans cette nuit où le temps n'existait plus » afin de retarder le moment attendu. C'est à travers la phrase « Sous son sacrifice à la révolution grouillait un monde de profondeurs » qu'il prend conscience que son geste est symbolique et qu'en commettant l'irréparable, il appartiendra à un autre monde puisqu'il entamera une descente dans l'inhumain. [...]

[...] Un début de roman habile qui intrigue le lecteur A. Un début « in medias res » Le lecteur est tout d'abord surpris, car il est immédiatement transporté dans le récit d'une scène déjà commencée comme en témoignent les 2 questions au conditionnel présent à valeur de futur dans le passé : « Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? » « Frapperait-il au travers ? » Cette forme de discours indirect libre nous plonge dans l'intériorité du personnage qui semble avoir à faire un choix décisif. C'est à travers les verbes d'actions « tuer » ou encore « assassiner » que le lecteur comprend qu'il s'agit là d'une véritable scène de crime. [...]