Etude comparative de l'adaptation cinématographique de Fahrenheit 451 par François Truffaut. Présentation des problématiques du film ainsi que des subtilités du roman.
[...] Cette scène d'amour mêlée d'art martial qui exhibe la confusion des désirs de Linda, permet à Montag de s'interroger sur son véritable désir puisqu'on le retrouve pensif le lendemain : il pense à Clarisse et s'interroge sur la lecture. Et pour cause, ce que le roman avait suggéré en dénonçant l'individualisme collectif de cette société de masse constituée d'individus identiques, se confirme ici avec une population narcissique qui transfère son désir de l'autre en jouissance de soi. Comment désirer l'autre puisqu'il n'est que nous-mêmes ? [...]
[...] D'autre part, la pensée qui a été anéantie se retrouve dans les livres, dans le monde de l'écrit qui a lui aussi été banni et qui ne peut qu'utiliser l'oral pour se défendre. En effet, c'est à la fin un ensemble vocal qui se fait entendre, celui du monde écrit qui tente de se sauver par l'oral. C'est donc un environnement sonore qui tente de rendre compte de l'esthétique du monde littéraire. Le conflit ainsi réglé rappelle alors que les deux univers sont essentiels et que la parole ne peut pas se dispenser de l'écrit. [...]
[...] Il convient donc de constater qu'une même idée peut être rendue par deux procédés différents. L'intérêt que Truffaut a dégagé de Fahrenheit 451 n'est pas son déroulement factuel, mais les évocations de ces faits. En somme, le spectateur lecteur comprendra que deux procédés différents peuvent aussi dégager la même émotion. Une des grandes réussites du film est d'avoir su raconter la même histoire que le roman, mais avec les mots du cinéaste. IV- Le poétisme du roman se retrouve dans le film Le film retranscrit l'esthétique du roman. [...]
[...] Linda parle et se prend pour l'actrice qu'elle voudrait être, quand une alarme qui fait clignoter un voyant rouge lui dit de le faire. Le signal ne peut pas faire penser à autre chose qu'à une alarme militaire ou à un signal d'urgence. Il y a danger semble crier la sirène. En effet, cette alerte rouge est bien la métaphore d'un régime politique qui semble dire je vous écoute et qui nous empêche de parler. Un régime qui contrôle nos pensées, qui nous presse de dire des choses sans conséquence pour assouvir un désir d'expression et ne pas laisser de place à la réflexion. [...]
[...] L'œil aiguisé du lecteur cinéphile ne doit pas se méprendre. De même que Truffaut a pu changer les éléments qui donnaient à Bradbury l'occasion de dénoncer la mort de l'individu, cette mise en scène de l'écran meurtrier, loin de condamner la télévision, n'est que prétexte à mettre en scène un média pour montrer le danger de toute forme d'expression qui rejetterait le dialogue. Le double média, qui exprime les angoisses de Fahrenheit 451, est un plaidoyer contre la pensée univoque et une apologie de l'union des moyens d'expression pour en garantir la liberté en autorisant la polémique. [...]
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