En quoi consiste-t-il pour un sujet de vouloir dire quelque chose par un énoncé x ? Le sujet, en voulant dire quelque chose par x, a l'intention que l'énoncé de x produise un certain effet sur un interlocuteur au moyen de la reconnaissance de cette intention.
Ainsi, la communication devient possible dès qu'il existe un moyen de reconnaître les intentions du communicateur. La communication est alors réussie parce que le destinataire reconnaît l'intention informative du communicateur.
Elle est régie par un principe de coopération et par des maximes conversationnelles.
Mais il existe souvent un décalage entre ce qui est effectivement dit dans le cadre d'une conversation et le message que le locuteur qui parle essaie de communiquer. Dans ce cas, on dit que l'acte de parole contient un sens caché qui doit être découvert par un processus de décodage de la part de l'interlocuteur. C'est là le problème de l'interprétation des énoncés. Prenons un exemple : si je dis "je suis en panne d'essence", le sens littéral de cet énoncé ne présente aucune difficulté. Il s'agit apparemment d'un simple constat, qui n'implique à première vue aucune réponse ou aucun commentaire visant à confirmer ou à invalider ce constat. Maintenant, si nous plaçons ces paroles dans un contexte plus précis, par exemple dans la bouche d'un automobiliste en panne sur le bord de la route et qu'une autre personne vient aider, cet énoncé acquiert un sens nouveau. Il peut vouloir dire, entre autre, "où puis-je trouver de l'essence ?", ou encore "pouvez-vous me dépanner ?". Celui qui prononce cette phrase s'attend alors à une réponse. Il est donc clair qu'il y a un sens implicite caché derrière la prise de parole apparemment anodine de l'automobiliste.
[...] - "Une pomme lui répond-elle. L'absurdité de cette réponse (due à la transgression de la maxime de Relation) peut avoir selon le contexte un effet comique ou simplement montrer un refus de coopérer. Jeu de mot : Dans "Jacques le Fataliste", le lecteur fictif demande où vont Jacques et son maître. e narrateur lui répond : "Est-ce que l'on sait où l'on va La réponse n'étant pas entièrement en relation avec la question, il y a de toute évidence, un jeu de mot sur le sens multiple du verbe aller (aller dans le sens de se déplacer et aller dans le sens de suivre sa destinée). [...]
[...] On l'a vu, ce principe est constitué de quatre catégories. Ces catégories sont elles-mêmes subdivisée en neuf maximes. La première catégorie est celle de la Quantité et concerne le nombre d'informations qui doivent être données dans le cadre d'une prise de parole. Il y selon Grice, deux règles qui prévalent : 1. Que votre contribution contienne autant d'information qu'il est requit Que votre contribution ne contienne pas plus d'information qu'il n'est requit. Une réserve peut être émise en ce qui concerne cette seconde règle. [...]
[...] Il y a donc toutes sortes d'implicitations conversationnelles issues d'un emploi spécifique de ces maximes. Nous les verrons dans la deuxième partie. Pour l'instant, notons simplement que Grice soutient qu'un certain nombre de figures de styles (ironie, métaphore, hyperbole et litote) découlent de la violation de la règle de qualité. C'est là qu'il nous faut tenir compte des réserves émises par certains de ses homologues. Deirdre Wilson et Dan Sperber : Remarques sur l'interprétation des énoncés selon Paul Grice. Les travaux de Grice sur la manière d'interpréter les énoncés ont permis à la pragmatique de faire un énorme pas en avant. [...]
[...] Deuxièmement, refuser de coopérer, d'entrer vraiment dans l'échange de paroles en ne tenant compte ni de la règle, ni du principe de coopération. Exemple : Benoît demande à une camarade de classe de l'Université de Genève (appelons- la Nathalie) où elle habite. Elle lui répond : Genève". Manifestement, la jeune fille n'est pas intéressée par Benoît, car sa réponse pourrait être beaucoup plus précise. Celle-ci s'apparente de toute évidence à un refus implicite de coopérer. Elle n'a pas satisfait à la règle de quantité. [...]
[...] Dans tous les cas, le sens littéral de l'énoncé ne correspond pas complètement à ce que la figure cherche à exprimer. Il y a donc violation de la maxime de qualité. Exemple de litote : Le narrateur nous dit dans Mme Bovary : "Quand son père la retira de la pension, on ne fut point fâché de la voir partir."2 Cette manière de parler est de toute évidence destinée à ne pas exprimer de manière directe ce que ressentent les bonnes soeurs. A savoir qu'elles ne peuvent vraiment plus supporter Emma. [...]
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