Ce chapitre synthétise plusieurs grands sujets stendhaliens: l'isolement de Julien Sorel, son mépris des riches et le culte de Napoléon. A travers une brève perception de la nature, le lecteur assiste à l'élevation psychologique de l'héros pour qui la réussite est avant tout une revanche sociale. L'art stendhalien fait estomper la difference entre la narration et la description. Ainsi la description n'est-t-elle plus seulement le symbole de significations immédiates. Elle préfigure le destin du personnage.
[...] Pour faire le bilan de cette journée victorieuse, il prétexte un retour à Verrières pour aller marcher tout seul dans la nature. Le Rouge et le Noir, Stendhal (partie chapitre "Pas une ligne pour le joli, pour le pittoresque, pour l'amusement. Toujours quelque chose, toujours de l'intérêt.» Paul Léautaud, Journal Littéraire, La structure : La structure du texte (élévation physique, montée de la montagne, regard sur les choses matérielles, nouvelle élévation psychologique en compagnie de l'épervier) est symétrique à celle du roman (élévation sociale et ambition, réussite sociale, sérénité retrouvée dans le lieu symbolique qu'est la prison). [...]
[...] Il fut presque sensible un moment à la beauté ravissante des bois au milieu desquels il marchait. D'énormes quartiers de roches nues étaient tombés jadis au milieu de la forêt du côté de la montagne. De grands hêtres s'élevaient presque aussi haut que ces rochers dont l'ombre donnait une fraîcheur délicieuse à trois pas des endroits où la chaleur des rayons du soleil eût rendu impossible de s'arrêter. Julien prenait haleine un instant à l'ombre de ces grandes roches, et puis se remettait à monter. [...]
[...] Cette réussite est encadrée par le silence (tout était silence autour de lui, l'épervier décrivant en silence ses cercles immenses) qui nous ramène à l'idée d'isolement et de solitude héroïque. Cette réussite psychologique est ensoleillée. Le soleil qui donne de l'énergie réapparaît à la fin de cette scène ainsi qu'à la fin du roman-«le jour où on lui annonça qu'il fallait mourir», il goûta le «beau soleil» qui «réjouissait la nature» et le mettait veine de courage». La description s'achève sur un détail (le vol de l'épervier) qui paraît disproportionné par rapport à l'ensemble et qui donne un effet de clôture. [...]
[...] L'art stendhalien consiste à placer les mots essentiels, les formules frappantes à la fin et à laisser ainsi le lecteur sur une impression forte. "C'était la destinée de Napoléon, serait-ce un jour la sienne?" Cette formule fait estomper l'opposition narration-description. La narration qui fait avancer l'action et la description qui est plutôt un suspens, une pause. La description n'est plus alors seulement symbole de significations immédiates. Elle préfigure le destin du personnage. La description résout le conflit entre description et narration: au lieu de contrarier le récit, elle le programme. [...]
[...] Pour cela il utilise un vocabulaire militaire : (J'ai gagné une bataille Voilà deux victoires en un jour) II la domination psychologique qui succède à cette élévation. La domination psychologique analysée à travers le regard que Julien Sorel porte sur la nature et sur le vol de l'épervier la Nature Stendal présente comme exceptionnelle toute perception du paysage par Julien, qui est absorbé dans ses desseins et n'a pas un instant à perdre. Le paysage, le climat, la nature n'interviennent pas et n'agissent pas sur le personnage. [...]
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