La scène IV et la scène V de l'acte I d'Antoine et Cléopâtre du dramaturge Anglais Shakespeare nous proposent deux portraits de Marc Antoine, l'un des trois piliers du triumvirat qui règne sur l'empire romain. Le premier portrait est dressé, dans la scène IV, par César et Lépide, qui gouvernent avec lui et le second est dressé par Cléopâtre, la reine d'Egypte et son amante.
Dans un premier temps nous verrons de quel œil César et Lépide voient la vie de Marc Antoine en Egypte, puis nous observerons de quelle manière se manifeste l'amour que Cléopâtre lui porte, et enfin nous étudierons comment ces deux partis voient la grandeur de ce personnage.
[...] Cléopâtre aime Antoine aussi pour sa grandeur. Pendant la scène III elle lui dit qu'il est le plus grand soldat de ce monde pendant la scène V elle parle de lui comme l'Atlas d'une moitié de cette terre, le bras et le casque de tous les hommes ! Elle pense ainsi le monde comme bipartite : séparé en deux empires : l'empire Egyptien, le sien, et l'empire romain, celui d'Antoine, écartant au passage sans égards César et Lépide. Leur union rassemble le monde entier. [...]
[...] Il compare sa grandeur au ciel noir et ses vices aux étoiles qui brillent d'autant plus que le ciel est noir ».Il en conclut que ce n'est pas de sa faute, que c'est héréditaire, qu'il n'a pas choisi mais reconnaît tout de même qu'Antoine n'est plus ce qu'il était. Cléopâtre, quant à elle, n'a pas l'intention de souffrir l'absence d'Antoine qui lui a annoncé son départ à la scène III. Elle demande à Charmian de lui donner de la mandragore pour dormir pendant tout le temps que son amant sera à Rome. Pendant toute la scène elle se lamente. Elle se confie à Charmian et Mardian mais ne paraît pas s'intéresser aux réponses qu'ils lui donnent, étant toujours contredite. [...]
[...] Il est passé de la légende vivante à celui qui incarne tous les vices que l'on peut rencontrer dans l'espère humaine Lépide et César voient la grandeur d'Antoine au passé, ils ont un esprit pragmatique, ils sont du côté de la politique et la raison voudrait qu'Antoine s'assagisse et revienne à Rome. Cléopâtre est du côté du cœur et voudrait qu'il reste près d'elle, pour elle les intérêts de Rome importent peu. Ainsi ces deux scènes nous dressent un portrait cohérent de l'unique protagoniste absent, mais vu par des sensibilités différentes. Cette pluralité des points de vue qu'on retrouve souvent chez Shakespeare nous permet d'avoir plusieurs appréhensions de l'action mais jamais la vérité. [...]
[...] ( ) Elle pense à lui sans cesse jusqu'à imaginer ce qu'il fait à ce moment même, où il se trouve. Elle veut en parler mais refuse d'être consolée, refuse de se faire plaisir : Ne pas t'entendre chanter, pour le moment Elle en vient même à envier le cheval qui le porte. On notera ici bien évidemment l'allusion sexuelle dans cette affirmation. Charmian, qui se rend compte qu'elle est excessive, essaie de la raisonner en disant vous pensez trop à lui Mais Cléopâtre n'en tient pas compte. [...]
[...] Il fréquente aussi des esclaves et des drôles qui empuent la sueur alors qu'il est au sommet de l'échelle sociale. Et cette décadence ne nuit pas qu'à lui seul, elle nuit aussi à Lépide et César surtout, qui se sent lésé. Pour lui Antoine est un poids trop accablant il lui fait perdre à lui aussi sa dignité. Il compare Antoine à ces garçons qui, d'âge à tout comprendre de leur devoir, mais rebelles aux voix de la raison trahissent ce qu'ils savent pour le plaisir de l'instant César suit la philosophie stoïcienne qui dit qu'il faut écouter la raison et ne pas suivre ses sentiments, ses sens. [...]
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