Marivaux, grand dramaturge du XVIIIe siècle écrit en 1730 Le Jeu de l'amour et du hasard, une comédie qui repose sur l'échange de rôles entre les personnages, un thème qu'on retrouve très fréquemment chez cet auteur de théâtre.
Silvia doit épouser Dorante qu'elle ne connaît pas et décide d'échanger sa place avec celle de sa suivante Lisette afin de découvrir indirectement son prétendant. Mais elle ignore que Dorante, de son côté, a eu la même idée.
Dans la scène VII du premier acte, Dorante et Silvia sont seuls et chacun croit être en face du serviteur de l'autre. Il s'agira de voir comment Marivaux montre l'imperfection du jeu que jouent Silvia et Dorante et comment cette scène annonce déjà un dénouement heureux.
[...] Ce passage annonce déjà la fin heureuse caractéristique de la comédie qu'aura cette pièce. Les personnages sont encore dans le quiproquo mais les spectateurs savent que le dénouement sera heureux, d'abord parce qu'il s'agit d'une comédie et ensuite parce que même sous l'apparence de leurs valets, Dorante et Silvia sont séduits l'un par l'autre. Ainsi, peu à peu les personnages dévoilent grâce à des indices habilement glissés par le dramaturge dans cette scène de face à face où le trompeur est trompé lui-même. [...]
[...] Dans la scène VII du premier acte, Dorante et Silvia sont seuls et chacun croit être en face du serviteur de l'autre. Il s'agira de voir comment Marivaux montre l'imperfection du jeu que jouent Silvia et Dorante et comment cette scène annonce déjà un dénouement heureux. Les deux premières répliques des personnages sont des apartés, des sortes de monologues intérieurs à échelle réduite et préviennent les spectateurs sur la façon dont ils ont l'intention d'aborder ce tête à tête. Silvia a un esprit pratique et veut être efficace, elle va essayer d'en savoir plus sur Dorante par l'intermédiaire de son valet : mettons tout à profit Dorante, lui, paraît déjà avoir oublié Silvia et être sous le charme de celle qu'il croit être Lisette et il ne pense maintenant qu'à lui faire la cour. [...]
[...] Dorante va faire tourner ce début de scène en scène de cour, de séduction, et Silvia n'apprendra rien sur lui. Celle qui semble mener le jeu est menée sans s'en rendre compte car c'est Dorante qui mène la discussion. Ils ont décidé d' abjur[er] les façons mais leur niveau de langue reste élevé (malgré le tutoiement). Dorante veut séduire Lisette. Il compte sur les mots et utilise un discours qu'il tiendrait de la même manière à une femme plus noble, il ne fait pas une cour de valet. [...]
[...] Et il semble aussi avoir en partie démasqué Silvia : Quelle espèce de suivante es-tu donc, avec ton air de princesse ? Cette interrogation fait écho au dernier aparté du passage : Quel homme pour un valet ! Dorante, en restant persuadé d'être face à Lisette, semble déceler la noblesse de Silvia, et cela est peut-être dû à l'incapacité de Silvia à jouer convenablement le rôle de sa suivante. Marivaux joue avec le spectateur qui connaît plus de choses que les personnages, et qui comprend les indices glissés par le dramaturge sur la condition de Dorante et Silvia. [...]
[...] Notamment avec le double sens que comporte cette proposition : il me semble que je joue ! En effet, Dorante joue vraiment un rôle en se faisant passer pour Bourguignon en plus d'avoir l'impression de ne pas avoir à tutoyer Lisette. Il s'agit dans cette scène de théâtre dans le théâtre, les comédiens jouent des personnages qui jouent eux-mêmes un rôle. Dorante, dans cette longue tirade met Silvia sur un piédestal, et elle répond à cette louange par : tout ce que tu dis avoir senti en me voyant, est précisément l'histoire de tous les valets de tous les valets qui m'ont vue alors que Dorante la sort du lot, elle le met au même niveau que tous les valets. [...]
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