Commentaire de la scène 5, acte I, de Lorenzaccio (Musset)
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Lorenzaccio, pièce de théâtre écrite par Alfred de Musset en 1834, a pour héros éponyme un jeune débauché cynique qui est attaché à son cousin, le tyran de Florence, le duc Alexandre de Médicis. Peu à peu derrière le masque de l'homme corrompu apparaît un autre Lorenzo, bien différent du méprisé Lorenzaccio, puisqu'il aspire à assassiner le duc et ainsi à offrir aux Florentins la possibilité de reconquérir leur liberté. Mais derrière cette intrigue première s'en trouve une seconde dans l'affrontement qui oppose Julien Salviati et les fils de Philippe Strozzi. En effet suite à des propos mal placés de la part de Julien Salviati sur Louise Strozzi, une révolte placée sous le signe de la dignité et de l'honneur va naître. Le but de cette étude sera de démontrer en quoi la scène V de l'acte I porte les signes avant coureurs de cette querelle entre Julien Salviati et la famille Strozzi.
Cette scène se passe devant l'église de Saint Miniato à Montolivet et comporte plusieurs personnages dont un marchand, deux bourgeois, le Prieur et Julien Salviati.
Sommaire
«On m'a dit ici qu'il y avait des femmes qui me demandaient tout à l'heure »
« Mais je ne vois de robe ici que la vôtre, Prieur. Est-ce que je me trompe ?
« Excellence, on ne vous a pas trompé. Elles se sont éloignées ; mais je pense qu'elles vont revenir. Voilà dix aunes d'étoffe et quatre paires de bas pour elles. »
« Voilà donc une jolie femme qui passe. - Où diable l'ai-je donc vue ? - Ah ! Parbleu c'est dans mon lit. »
« Je crois avoir vu votre signature adressée au duc »
« Je le dis tout haut. C'est la supplique adressée par les bannis »
« En avez-vous dans votre famille ? »
« Deux, Excellence, mon père et mon oncle. Il n'y a plus que moi d'homme à la maison »
« Comme ce Salviati a une méchante langue ! »
« Cela n'est pas étonnant : un homme à moitié ruiné, vivant des générosités de ces Médicis, et marié comme il l'est à une femme déshonorée partout ! Il voudrait qu'on dît de toutes les femmes possibles ce qu'on dit de la sienne. »
« N'est-ce pas Louise Strozzi qui passe sur ce tertre ? »
« Elle-même, Seigneurie. Peu de dames de notre noblesse me sont inconnues. Si je ne me trompe, elle donne la main à sa s'ur cadette »
« J'ai rencontré cette Louise la nuit dernière au bal des Nasi. Elle a, ma foi, une jolie jambe, et nous devons coucher ensemble au premier jour. »
« Comment l'entendez-vous ? »
« Cela est clair, elle me l'a dit. Je lui tenais l'étrier, ne pensant guère à la malice ; je ne sais par quelle distraction je lui ai pris la jambe, et voilà comme tout est venu. »
« Julien, je ne sais pas si tu sais que c'est de ma s'ur dont tu parles »
« Je le sais très bien ; toutes les femmes sont faites pour coucher avec les hommes, et ta s'ur peut bien coucher avec moi »
« Vous dois-je quelque chose, brave homme ? »
« J'aime beaucoup ce brave prieur, à qui un propos sur sa s'ur a fait oublier le reste de son argent. Ne dirait-on pas que toute la vertu de Florence s'est réfugiée chez ces Strozzi ? Le voilà qui se retourne. Ecarquille les yeux tant que tu voudras, tu ne me feras pas peur. »
«On m'a dit ici qu'il y avait des femmes qui me demandaient tout à l'heure »
« Mais je ne vois de robe ici que la vôtre, Prieur. Est-ce que je me trompe ?
« Excellence, on ne vous a pas trompé. Elles se sont éloignées ; mais je pense qu'elles vont revenir. Voilà dix aunes d'étoffe et quatre paires de bas pour elles. »
« Voilà donc une jolie femme qui passe. - Où diable l'ai-je donc vue ? - Ah ! Parbleu c'est dans mon lit. »
« Je crois avoir vu votre signature adressée au duc »
« Je le dis tout haut. C'est la supplique adressée par les bannis »
« En avez-vous dans votre famille ? »
« Deux, Excellence, mon père et mon oncle. Il n'y a plus que moi d'homme à la maison »
« Comme ce Salviati a une méchante langue ! »
« Cela n'est pas étonnant : un homme à moitié ruiné, vivant des générosités de ces Médicis, et marié comme il l'est à une femme déshonorée partout ! Il voudrait qu'on dît de toutes les femmes possibles ce qu'on dit de la sienne. »
« N'est-ce pas Louise Strozzi qui passe sur ce tertre ? »
« Elle-même, Seigneurie. Peu de dames de notre noblesse me sont inconnues. Si je ne me trompe, elle donne la main à sa s'ur cadette »
« J'ai rencontré cette Louise la nuit dernière au bal des Nasi. Elle a, ma foi, une jolie jambe, et nous devons coucher ensemble au premier jour. »
« Comment l'entendez-vous ? »
« Cela est clair, elle me l'a dit. Je lui tenais l'étrier, ne pensant guère à la malice ; je ne sais par quelle distraction je lui ai pris la jambe, et voilà comme tout est venu. »
« Julien, je ne sais pas si tu sais que c'est de ma s'ur dont tu parles »
« Je le sais très bien ; toutes les femmes sont faites pour coucher avec les hommes, et ta s'ur peut bien coucher avec moi »
« Vous dois-je quelque chose, brave homme ? »
« J'aime beaucoup ce brave prieur, à qui un propos sur sa s'ur a fait oublier le reste de son argent. Ne dirait-on pas que toute la vertu de Florence s'est réfugiée chez ces Strozzi ? Le voilà qui se retourne. Ecarquille les yeux tant que tu voudras, tu ne me feras pas peur. »
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Extraits
[...] Cela est clair, elle me l'a dit. Je lui tenais l'étrier, ne pensant guère à la malice ; je ne sais par quelle distraction je lui ai pris la jambe, et voilà comme tout est venu. : Salviati a réussi à susciter l'intérêt du Prieur et lui explique de façon négligente de quelle façon Louise lui a dit qu'ils coucheraient ensemble. Julien est ironique voire malicieux lorsqu'il affirme ne pas l'avoir été avec la jeune fille. On le remarque aussi dans les termes je ne sais par quelle distraction et voilà comme tout est venu Il ne s'attarde pas sur les détails, essayant d'aiguiser la curiosité du Prieur mais aussi en lui faisant croire par ses silences des choses qu'il n'a pas faites. [...]
[...] Voilà donc une jolie femme qui passe. Où diable l'ai-je donc vue ? Ah ! Parbleu c'est dans mon lit. : Réplique de Salviati qui définit son caractère. On voit par l'adjectif jolie qu'il remarque la beauté des femmes, c'est d'ailleurs un homme qui n'est attiré que par les belles femmes. La phrase insérée fait référence au diable, qui peu nous rappeler son désintérêt total pour la religion, mais aussi le fait que c'est une âme damnée. Cette insertion est une question rhétorique vu qu'il y répond lui-même tout de suite après. [...]
[...] Cette phrase pourrait nous faire penser que durant cette discussion amère les autres personnages se sont réduits au silence. En effet, nous n'avons plus d'intervention des bourgeois, du marchand ou même de l'orfèvre. Cette phrase nous replonge dans une totalité, dans une généralité. J'aime beaucoup ce brave prieur, à qui un propos sur sa sœur a fait oublier le reste de son argent. Ne dirait-on pas que toute la vertu de Florence s'est réfugiée chez ces Strozzi ? Le voilà qui se retourne. [...]
[...] : Cette tirade de l'orfèvre résume la vie et le caractère de Julien Salviati. L'orfèvre a l'air de partager l'opinion de tous et ne trouve pas étonnant qu'il ait une méchante langue vu sa façon de vivre. En trois phrases l'orfèvre dresse un portrait de l'homme : il est le protégé du duc Alexandre de Médicis, n'a plus de fortune et trompe sa femme. Il les veut toutes : il est comme avide d'un certain pouvoir : celui de dire qu'il a toutes les femmes qu'il désire. [...]
[...] En effet, le provocateur ne résiste pas à l'envie de se vanter d'être un séducteur et de ce fait d'offenser un Strozzi. Par leur valeur d'honnêteté et d'amour pour leur sœur, les fils Strozzi iront la défense en allant tuer Julien Salviati. Ce qui découlera de ce duel duquel Julien arrive tout de même à réchapper vivant, sera une vengeance du duc Alexandre de Médicis ainsi que la mort de Louise empoisonnée par un domestique de Salviati. Cette mort enlèvera tout courage au père Philippe Strozzi et ne suivra plus la cause des bannis qui lutte contre la tyrannie instaurée à Florence. [...]