L'histoire de l'Invincible Armada, que Philippe II envoya en 1588 contre l'Angleterre, avait longtemps hanté l'imagination de Victor Hugo. Les tableaux des musées, la lecture du Nouveau Théâtre du monde (du sieur Davity), paru en 1644, avaient empli sa mémoire de détails précis et techniques déjà mentionnés dans la conclusion du Rhin (1842). Ils sont ici présents. Dans son château d'Aranjuez, le roi d'Espagne sourit à la pensée de sa flotte qui s'avance vers l'Angleterre. Les dix vers précédents ont décrit l'ordre parfait et sacré de l'armée navale qui se déploie conformément aux désirs du sombre roi.
[...] Commentaire L'histoire de l'Invincible Armada, que Philippe II envoya en 1588 contre l'Angleterre, avait longtemps hanté l'imagination de Victor Hugo. Les tableaux des musées, la lecture du Nouveau Théâtre du monde (du sieur Davity), paru en 1644, avaient empli sa mémoire de détails précis et techniques déjà mentionnés dans la conclusion du Rhin (1842). Ils sont ici présents. Dans son château d'Aranjuez, le roi d'Espagne sourit à la pensée de sa flotte qui s'avance vers l'Angleterre. Les dix vers précédents ont décrit l'ordre parfait et sacré de l'armée navale qui se déploie conformément aux désirs du sombre roi. [...]
[...] Voici le cri des porte-voix, Le pas des matelots courant sur les pavois, Les moços, l'amiral appuyé sur son page, Les tambours, le sifflet des maîtres d'équipage, Les signaux pour la mer, l'appel pour les combats, Le fracas sépulcral et noir du branle-bas. Sont-ce des cormorans ? sont-ce des citadelles ? Les voiles font un vaste et sourd battement d'ailes ; L'eau gronde, et tout ce groupe énorme vogue, et fuit, Et s'enfle et roule avec un prodigieux bruit. Et le lugubre roi sourit de voir groupées Sur quatre cents vaisseaux quatre- vingt mille épées. O rictus du vampire assouvissant sa faim! Cette pâle Angleterre, il la tient donc enfin! [...]
[...] La Rose de l'Infante est, comme Iphigénie, un drame de la mer et du vent. Comme dans la tragédie antique, le roi est opposé à une force mystérieuse qui le brise. Mais Hugo ne décrit pas ce dénouement, il insiste sur la puissance formidable du roi, il chante l'épopée de la volonté d'un homme, transforme les faits en mythes, en légende. Vue par le poète, cette machine de guerre inspire la terreur. Immobile, il suit par la pensée sa flotte invincible sur les mers. [...]
[...] Victor Hugo, La Légende des siècles, La Rose de l'Infante. Plan I. Revue de la flotte en marche. La puissance de la flotte. La dimension épique. Un spectacle qui comble le Roi. II. Le branle-bas de combat. L'agitation succède à l'immobilité. Une flotte en action. Une flotte disciplinée. [...]
[...] Le branle-bas a animé comme un corps humain cet ensemble d'unités navales. Maintenant toute l'expédition a acquis une personnalité autonome, redoutable. Ce ne sont plus des choses, mais des êtres vivants. Leurs voiles hissées, leurs évolutions font ressembler ces citadelles à des cormorans pour un observateur lointain comme le roi. La comparaison est prolongée par les mots : voiles . battement d'ailes. Les voiles manœuvrées claquent au vent, donnent vie à la flotte. Le vers Les voiles font un vaste et sourd battement d'ailes ; imite les sons, les bruits. [...]
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