Alain Borne (1915-1962) a été très tôt passionné de poésie, ce qui ne l'a pas empêché de devenir avocat. C'est d'ailleurs en allant plaider qu'il s'est tué dans un accident de voiture. II a écrit un grand nombre de recueils dont la plupart ont été publiés après sa mort. Sa poésie est simple, marquée par les images surréalistes qui naissent le plus souvent chez lui dans un univers marqué par la nature : fleurs et oiseaux principalement et la sensualité. Le poète est fasciné par la fragilité de l'amour, de la vie, et les images de mort jalonnent toute son œuvre. Le court recueil de En une seule injure (1953) en particulier compte onze poèmes dans lesquels la mort est très présente.
Profondément attaché à la sensualité de la vie, le poète Alain Borne ressent d'autant plus douloureusement l'arrachement de la mort. Pourtant il écrit : « Je sais que tout n'est que néant. Mais j'aime ce néant et je le chante. » La poésie l'aide donc à surmonter l'idée insupportable de la brièveté de la vie.
Dans son recueil, En une seule injure, qui date de 1953, plusieurs textes parlent de la mort en général et la sienne en particulier. « Quand je serai mort... » en est un bel exemple, le poète évoquant avec lyrisme son trépas qui le sépare cruellement de l'amour. Mais la nostalgie qui baigne le texte est tempérée par la vie qui perdure, dans la nature ou dans le poème lui-même.
[...] Mais la mort du poète n'est pas un élément isolé dans un monde de vivants. Le monde lui-même se définit par sa fragilité. Le coquelicot (vers 14) et le duvet du rossignol (vers 15) sont à la fois le signe de la vie de la nature au plein cœur de l'été, mais aussi la marque du caractère éphémère des choses : le coquelicot à peine cueilli se fripe et se fane ; le duvet du rossignol est l'ensemble des plus petites plumes et donc des plus fragiles. [...]
[...] C'est la parole qui va permettre d'échapper au silence (vers que redoutait Alain Borne. Les lèvres sont faites pour le baiser, mais aussi pour réciter la poésie, comme le montre la dernière strophe : si des lèvres vives la chantent encore (vers 25). Car le poème est une chanson, une musique (vers 24) que l'on retient. Le texte même d'Alain Borne adopte des procédés de la chanson : refrains (vers 1-2 / 22-23), échos de certains termes soulever la dalle vers 8 / soulevez la dalle vers 9 ; le blé à la fin du vers 11 et au début du vers 12 ; l'été vers 16 / Été vers 17) et même les anaphores (vers 12-13, 14-15). [...]
[...] Ainsi Alain Borne a-t-il su émouvoir son lecteur sur le sort tragique qui l'attend ; ce poème, qui s'apparente à une chanson nostalgique, renouvelle les thèmes rebattus de l'amour et de la mort. Le poète se fait peu d'illusions sur la fidélité des vivants après sa mort. Mais, en même temps, le poème lui-même assure la transmission du souvenir : le poète est bien mort, mais son œuvre perdure dans une nature qui, elle aussi, apporte un apaisement. Autant qu'une page nostalgique, le texte est une leçon de résignation. [...]
[...] Le poète est fasciné par la fragilité de l'amour, de la vie, et les images de mort jalonnent toute son œuvre. Le court recueil de En une seule injure (1953) en particulier compte onze poèmes dans lesquels la mort est très présente. Profondément attaché à la sensualité de la vie, le poète Alain Borne ressent d'autant plus douloureusement l'arrachement de la mort. Pourtant, il écrit : Je sais que tout n'est que néant. Mais j'aime ce néant et je le chante. [...]
[...] Et tout se fige en définitive dans la mort, même la marguerite qui devient d'os (vers les pétales arrachés s'apparentant au squelette du poète. La vie semble ainsi vouée à la disparition, dans tout ce qui fait sa beauté. Pourtant, l'impression finale du poème est qu'elle triomphe quand même de la destruction, sous une forme transfigurée. De façon originale, Alain Borne place sa mort au cœur de l'été, saison vivante par excellence. Le mort participe à cette générosité de la terre puisque de son regard et de son baiser jaillit le blé (vers 11). [...]
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