Pour Francis Ponge, les mots (ou les expressions verbales) ne sont pas une réalité par et pour eux-mêmes ; ils n'ont pas de signification propre et n'ont aucune utilité s'ils ne sont pas mis en relation les uns par rapport aux autres. Ils ne qualifient pas à eux seuls la réalité qu'ils semblent désigner, et afin d'essayer d'atteindre l'essence même des choses, Ponge ne trouve qu'une seule solution, gloser, et décrire au maximum les objets dont il a entrepris, en 1942, de prendre le parti. C'est ainsi qu'il écrit que les mots sont « comme une matière » : en effet, une matière, c'est-à-dire un matériau que l'auteur peut à son envie modeler, transformer, lier… Ponge crée, pour illustrer sa pensée, une analogie avec le peintre, ayant à sa disposition les formes et les couleurs, qu'il modifie et agence à son envie ; nous préfèrerons une autre comparaison, plus explicite, avec le sculpteur ayant à son usage divers matériaux, qu'il devra modeler pour créer, former une chose. Avec les mots, Ponge se propose de décrire les choses sensibles, de nous les rendre sensible, de les rendre littéraires en analysant finement leur rapport à l'homme... Ainsi dira-il qu'il est « très plaisant d'en jouer » (des mots). L'on pourrait comprendre que l'auteur s'amuse uniquement à disposer à sa guise les mots, mais l'œuvre de Francis Ponge donne toute son ampleur au terme « jouer ». L'auteur s'amuse en effet avec tous ces termes, multipliant les jeux de mots et jouant sur les polysémies des mots.
[...] Nous pouvons donc désormais comprendre ce qui pousse Francis Ponge, en 1947, à se pencher du coté des choses sensibles, et à se désintéresser des Idées. De fait, ses écrits vont avoir une vocation nouvelle, et proposer une nouvelle définition de ce que doit être la poésie, ou l'écriture en général : il s'agit désormais de rendre le rapport de l'homme au monde c'est à dire de voir l'univers chosal dans lequel évolue l'homme. Cet objectif de Ponge est très louable, il est sans doute, comme il le dit, le premier à sortir de l'épanchement sentimental, de la lutte pour les idées et les théories C'est ainsi par une étude des objets de la vie humaine, de tout ceux auxquels l'humain est susceptible d'être confronté que Ponge espère rendre ce rapport. [...]
[...] Le cageot, a mi-chemin de la cage au cachot est étudié sous toutes ses coutures afin de retranscrire ses fonctions et relations avec l'être humain. Ainsi Ponge nous dit-il que le cageot est voué au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sur une maladie ou encore qu'il dure moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu'il enferme Ainsi cet objet de la vie quotidienne, rendant d'immenses services aux hommes est il déconsidéré, puisqu'il ne sert qu'au transport d'aliments (qui plus est, qui sont périmés ou en phase de moisissure) avant d'être à la voirie jeté Ponge entends redonner aux choses leurs places dans notre société, et par son écriture, il entend peut être faire prendre conscience à son lecteur de l'importance de tout les objets qui nous entourent. [...]
[...] Ainsi en effet, Lamartine présente ici l'homme comme ignorant la nature, lui étant supérieur, perdu dans sa mélancolie intérieure, il n'a cure des évènements qui l'entourent. C'est pourquoi ces romantiques ont bien souvent été la cible de moqueries, telles que le tableau représentant Lamartine flottant en dessus des nuages, tableau de C.D. Friedrich Le voyageur au-dessus des nuages De fait, Ponge, sans son jugement, critiquait le manège ennuyeux des sentiments parce que, selon lui, ils ne permettent pas de rendre le rapport de l'homme au monde. Nous venons de voir qu'il n'en est rien. [...]
[...] Cependant, Ponge est éminemment conscient que son projet n'est pas l'unique de la poésie, ainsi tout son propos est modelé par des peut- être on me dira que l'on préfère d'autres écrits cela peut certes se concevoir Ainsi il semble que d'autres écrits soient en vigueur dans le monde littéraire, et qu'ils puissent, eux aussi, avoir une utilité. Cependant, Ponge affirme que pour rendre le rapport de l'homme au monde, seul son écrit est valable, et qu'il permet, seul, de le rendre en sortant du manège ennuyeux des sentiments, des théories, des idées De fait, il semblerait que ces types de paroles ne soient pas à même de rendre le rapport de l'homme au monde Qu'en est-il ? Ces deux types de discours ne peuvent-ils pas eux aussi rendre le rapport de l'homme au monde ? [...]
[...] Cette volonté de préserver un sens est bien loin d'être nouveau, puisqu'on le retrouve déjà . Il nous faut considérer ici le projet de Ponge, à savoir ce qui, pour l'auteur, constitue le but même de la parole, et par la même, de l'écriture poétique : il s'agit d'exprimer certaines choses - ou plutôt les choses L'objectif de Ponge est donc clair, il s'agit d'exprimer les choses c'est à dire de leur donner de la valeur, de les faire vivre. [...]
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