Le poème intitulé Remords posthume appartient au recueil de poésie Les fleurs du mal, écrit en 1857 par Baudelaire. Il se trouve dans la première partie “Spleen et idéal” qui évoque la double inspiration : le poète aspire au Beau, or il ne peut l'atteindre, de fait il sombre dans la mélancolie. Dans ce passage, la personnification de la Beauté est incarnée par Jeanne Duval, une de ses maîtresses. Ainsi, cette dernière est la Muse de Remords posthume. Ce poème se présente sous la forme d'un sonnet composé de deux quatrains et d'un sizain. Dans les quatrains, les rimes sont embrassées, soit de la forme abba. Puis, dans les sizains, les rimes se présentent sous la forme cdc dee. Les quatrains suggèrent le poids de la mort sur la Muse, tandis que les tercets traitent d'une possible punition de cette représentation de l'inspiration et ce, à travers la mort. Le poème est composé de deux registres essentiels : le registre tragique puis le lyrique. Il apparaît, aussi, une dichotomie entre deux concepts au fil du texte : la mort et l'intemporalité. En apportant des modifications dans la conception classique du sonnet, Baudelaire traduit plus aisément le dyptique mort-temporalité, celui-ci permettant, enfin, de révéler les rapports établis entre l'âme et le corps. Tout d'abord, Baudelaire s'inspire et transforme la structure classique du sonnet en tant que tel.
[...] Celle-ci ne peut atteindre la vraie beauté, l'absolue perfection, car elle ne dispose pas de la beauté morale. Cette vision de la beauté est extrêmement manichéenne de par le fait que le corps ne symbolise que la corruption et la finitude, et ce, à l'inverse du spirituel. Il utilise, de plus, dans son dernier tercet le discours du carpe diem à travers lequel il oppose la toute-puissance de la Mort de par son intemporalité à la Beauté qui, malgré sa splendeur d'un jour, flétrira avec le temps : Te dira : Que vous sert, courtisane imparfaite, De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts? [...]
[...] Aussi, ce poème tend à l'universalité par la présence du champ lexical de l'immuabilité et par ses références à la philosophie épicurienne. L'usage du Carpe Diem ne va pas sans rappeler un poème, du XVIe siècle, de Ronsard intitulé Mignonne allons voir si la Rose. Ce dernier compare une femme sensuelle à une rose qui doit être cueillie et qui ne vit que quelques jours. Ce rapport évident avec un autre poète marque peut-être une fois de plus la volonté de Baudelaire à trouver une correspondance dans les Arts. [...]
[...] En ce qui concerne la forme, le sonnet est un ensemble de quatorze vers ; le sonnet français est divisé en deux quatrains et deux tercets. La disposition des rimes obéit régulièrement au schéma : abba abba ccd ede. Une variante, dite irrégulière, mais largement attestée, propose pour les tercets l'arrangement ccd eed. Le sizain peut donc s'analyser comme l'assemblage d'un distique et d'un quatrain. De plus, dans la forme ccd eed, popularisée par Marot, le quatrain parasite, par ses rimes embrassées, est du même type, mais sur des sonorités différentes, que les deux quatrains réguliers. [...]
[...] En effet, le crâne n'est pas non plus étanche, il laisse passer la pluie à travers ses orifices : il s'érode donc peu à peu, le corps décrépit. Or, l'âme et le corps semblent être indissociables pour Baudelaire. De fait, cette image de caveau pluvieux peut être considérée comme le symbole d'une détérioration de l'âme. De plus, un autre rapprochement âme-corps est mis en valeur mais, cette fois, dans le deuxième quatrain ; la Beauté absolue ou l'amour est personnifié à travers les images de poitrine peureuse au vers 5 et de cœur au vers 7. [...]
[...] La Beauté, incarnée par Jeanne Duval, ne veut pas aimer mais chercher de l'amour chez les autres. Ceci s'explique par le fait que cette maîtresse était une prostituée, elle ne pouvait donc se permettre de donner réellement son cœur à un homme. La nymphomanie de la muse est mise en valeur métaphore de la course au vers 8 : Et tes pieds de courir leur course aventureuse La métaphore suggère que cette femme est infidèle, sa vie amoureuse n'est jamais satisfaite. [...]
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