Pour Proust, nous ne connaissons pas un être tant que nous ne pouvons pas, à une impression nouvelle, confronter une impression antérieure, toute connaissance se fait "en deux temps", dit-il. Le thème du temps est ainsi central dans l'œuvre de Proust. L'anecdote de la madeleine, situé au début de la première partie Du côté de chez Swann, constitue la première réflexion sur le temps et ouvre la série des réminiscences. Par le jeu de la mémoire involontaire, une sensation physique -le goût d'une madeleine trempée dans une tasse de thé- ramène à l'esprit du narrateur tous les souvenirs d'un univers oublié, mais disponible.
[...] D'un point de vue stylistique, la phrase est cette fois brève, rompant avec les descriptions plus étayées qui la précède. * Le est alors en position d'objet, ce qui montre d'une certaine façon l'inutilité des précédentes démarches du narrateur, c'est le souvenir qui décide de venir à lui comme une sensation que sa raison ou conscience ne peut contrôler. * La phrase suivante identifie avec une extrême précision le souvenir avec une accumulation des compléments de lieu et de temps : "le dimanche matin", "à combray", avant l'heure de la messe dans sa chambre . [...]
[...] Conclusion Ainsi donc, ce passage fait état d'une lutte de la conscience pour faire rejaillir un souvenir, mais cette lutte est vaine, car le souvenir ne se donne que par la perception et lui-même. Pour Proust en effet, l'intelligence est incapable de procéder à la résurrection du passé qui est pour lui l'objet même de la création, et que seul l'instinct peut atteindre. Car les vérités que l'intelligence saisit ont quelque chose de moins profond, de moins nécessaires que celles que la vie a communiquées en une impression dit-il dans le Temps Retrouvé. [...]
[...] -De la ligne 10 à la fin du paragraphe (ligne le narrateur explique comment seules l'odeur et la saveur pouvaient faire rejaillir en lui ce souvenir. -Enfin dans le dernier paragraphe, le narrateur explore son souvenir. Projet de lecture : Cet épisode nous présente la confrontation de la conscience avec le temps dans la quête du souvenir. Commentaire linéaire * Le passage commence sur une question arrivera-t-il jusqu'à la surface de ma claire conscience, ce souvenir ? l'auteur nous montre dès le début que quelque chose fait obstacle entre son souvenir et sa conscience. [...]
[...] Se mettent en place différents angles de vue du temps qui passe : le point de vue du moment présent est ici exprimé en opposition au point de vue du moment passé qui est celui que le narrateur cherche à atteindre. Enfin, il y a le point de vue du moment passé tel que le narrateur le revit au moment présent : la sensation. * La quête de la remémoration nous est présentée dans toute sa difficulté, elle est mise en valeur par les interrogations "Arrivera-t-il jusqu'à la surface de ma claire conscience "Qui sait s'il remontera jamais de sa nuit et on retrouve l'expression du doute dans "je ne sais", "peut- être", "qui sait" . [...]
[...] Cet extrait illustre avec brio le style si particulier de Proust, qui a si bien modifié la conception qu'on se faisait de son art que le roman proustien est devenu un genre. Le Dictionnaire égoïste de la littérature française nous dit : Proust, c'est la patience. Avec l'aide de cette déesse, il a fait la guerre à la mémoire. Il a cherché à l'empêcher, elle est faite de tant d'oublis, de tout rejeter dans les ténèbres, où l'instinct, ensuite, doit lancer aveuglément ses pattes et tâtonner pour en rapporter des sensations équivalentes au fait. La patience est sans doute ce qu'il a apporté de plus important au roman français. [...]
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