Victor Hugo (1802-1885), très tôt apparu comme chef de file du romantisme. Passionné pour tous les genres (poésie, théâtre, essai, roman...) => "Cet homme avait de l'encre à la place du sang" (Charles Dantzig dans Dictionnaire égoïste de la littérature française).
Il est engagé pour de grandes causes politiques et sociales => homme d'une grande générosité humaine, ce qui s'en ressent dans son théâtre.
Dans son théâtre, Hugo manifeste le désir de supplanter ancienne tragédie au profit d'un genre neuf qui fait monter sur scène la société contemporaine.
Le drame romantique se définit en effet par opposition à la tragédie classique. Les bouleversements de la Révolution et de l'Empire révèlent le dynamisme de l'Histoire et présentent d'autres types de héros et d'actions que ceux du théâtre hérité de l'Antiquité.
Dans la préface de Cromwell, Hugo prétend fonder l'esthétique du drame romantique sur la double nature de l'homme, que le christianisme seul aurait révélée. Mi-ange, mi-bête, tiraillé entre ses appétits matériels et sa tendance idéaliste, l'homme est un être contradictoire, paradoxal, et c'est cette double nature que le drame romantique doit représenter, notamment par le "mélange des genres", la coexistence du tragique et du comique, du sublime et du grotesque.
Ruy Blas, paru en 1838, 8 ans après la bataille d'Hernani, répond bien à ces critères du drame romantique. En outre, selon l'écrivain, ce genre nouveau donne enfin à voir le peuple, qui, dans la pièce, peut se reconnaître en la figure de Ruy Blas, homme du peuple, peut-être génial, mais condamné d'avance par la hiérarchie sociale.
Ruy Blas est donc un drame romantique en 5 actes et écrits en alexandrins, Victor Hugo souhaitant préserver cette forme pour la poésie du texte, tout en hésitant pas à la désarticuler.
La pièce présente la tragique histoire de Ruy Blas, laquais d'un ministre aussi cruel que manipulateur du nom de don Salluste, et amoureux fou de la reine d'Espagne (pays dans lequel se déroule l'action). Mais don Salluste, que la reine a disgracié, prépare sa revanche. Son cousin, don César de Bazan, noble déchu devenu bandit sous un autre nom, refuse de se prêter à ce complot quand il réalise que l'objet en est une femme. Le fourbe l'exile alors et se rabat sur son laquais, auquel il fait prêter serment de le servir quoiqu'il arrive et il lui fait écrire une lettre pour "sa" reine en le faisant signer du nom de César, prétendant qu'il s'agit de son "nom d'aventure". Il fait ensuite passer Ruy Blas pour don César, et lui enjoint de devenir l'amant de la reine. Le laquais étant épris de cette dernière ne répugne pas trop à la tâche, mais lorsque don Salluste réapparait lui rappelant sa promesse, Ruy Blas prend crainte pour celle qu'il l'aime et lui écrit un billet lui commandant de ne pas quitter le palais. Il sort ensuite errer dans Madrid, recommandant à ses serviteurs de ne pas s'étonner si un homme arrive et se conduit en maître chez lui (il pense alors à don Salluste). Ce qui nous conduit à l'acte IV qui nous occupe. Don César, cherchant à échapper à la police, tombe alors dans la maison par la cheminée. Il y trouve nourriture et un manteau dont il se couvre. Un laquais cherchant don César le reconnaît (du moins le croit-il) et lui donne une bourse emplie d'argent (destinée en fait au don César qu'est Ruy Blas). Après ce premier quiproquo, la scène 4 nous en propose un autre, où cette fois il est question d'une lettre que don César aurait écrite.
[...] Commentaire linéaire de l'acte IV de Ruy Blas de Victor Hugo Introduction Victor Hugo (1802-1885), très tôt apparu comme chef de file du romantisme. Passionné pour tous les genres (poésie, théâtre, essai, roman . ) "Cet homme avait de l'encre à la place du sang" (Charles Dantzig dans Dictionnaire égoïste de la littérature française). Il est engagé pour de grandes causes politiques et sociales homme d'une grande générosité humaine, ce qui s'en ressent dans son théâtre. Dans son théâtre, Hugo manifeste le désir de supplanter l'ancienne tragédie au profit d'un genre neuf qui fait monter sur scène la société contemporaine. [...]
[...] message bien rempli moi qui brûlait de voir . * Quand la duègne demande à César de répondre et qu'elle lui ordonne de ne pas le faire de sa main, le spectateur a conscience de l'envenimement du quiproquo, car si César avait répondu de sa main, la reine n'aurait pas reconnu l'écriture de Ruy Blas. Le rire que peut déclencher l'idée que la duègne demande cela pour ne rien compromettre ne saurait se départir de la triste constatation que cet acte contribue justement à compromettre la reine. [...]
[...] Continuez ! des muets à présent ! et fait usage d'une gestuelle très développée au muet, en lui montrant la lettre que la vieille tient appliquée sur la table don César fait signe à la duègne de reprendre la lettre, et au muet de sortir . Une fois de plus les gestes de don César traduisent une autorité de la classe dirigeante. * Don César remarque par ailleurs l'obéissance du noir et la souligne il est obéissant or, le spectateur pense immédiatement à la recommandation de Ruy Blas aux serviteurs avant de sortir, d'obéir à l'homme qui viendrait se comporter en maître chez lui. [...]
[...] D'ordinaire une vieille en annonce une jeune là encore son langage est peu châtié. Forme d'antithèse. Il n'ignore pas en effet qu'une duègne, en Espagne, est généralement chargée de surveiller la conduite d'une jeune personne. C'est le cas également dans la comédie, où les vieilles femmes servent généralement d'entremetteuses aux jeunes pour les affaires de cœur. Telle Frosine dans l'Avare de Molière. On retrouve en César l'épicurien qui sent l'affaire de cœur et n'entend pas s'en priver puisque l'occasion se présente. [...]
[...] Elle emploie par deux fois le mot Dieu en réponse à l'évocation du diable de César précédemment. On retrouve là l'homme, entre ange et démon, tel que le conçoit Hugo dans le drame romantique. * La construction en chiasme qui suit fait état d'une constatation À galant dénouement, commencement dévot Don César espère donc ce dénouement galant qu'il juge indéniable. Cet aparté prend toute sa mesure qd le personnage répond sur le même ton dévot à la duègne, on saisit ainsi son hypocrisie et sa volonté de ménager la vieille pour avoir la jeune. [...]
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