Il s'agit d'un poème intitulé Salomé de Guillaume Apollinaire, paru pour la première fois dans le tome IV de Vers et Prose en décembre1905, puis en janvier-février 1906 avec l'Emigrant de Landor Road, les Cloches, Mai. Il fera partie ensuite du recueil Alcools, publié en 1913. Salomé est un poème à la première personne dont l'énonciateur est Salomé même. Il se décompose en cinq quatrains avec un tercet d'hexasyllabes qui s'accole au dernier quatrain. La majorité des vers est en alexandrins. Nous verrons dans une première partie, l'héritage classique contenu dans ce poème ; puis a contrario nous soulignerons ses nombreuses irrégularités ; pour enfin observer les jeux du poète sur les signifiants et les signifiés mettant en valeur le thème de la dérision.
[...] Nous pourrions également relever le fait que le poète met au même plan jarretière/tabatière/rosaire/bréviaire en n'effectuant aucune diérèse, or, si les mots tabatière et jarretière peuvent expliquer la synérèse, le terme de bréviaire ayant trait à la religion aurait certainement à une période classique, susciter une diérèse. Enfin, n'oublions pas l'innovation d'Apollinaire qui est la suppression de ponctuation, ce qui parfois entraîne une syntaxe bizarre si le texte n'est pas compris au préalable : par exemple au vers 11 et 12 qui ne contiennent pas de virgules : Et tous les lys quand vos soldats ô roi Hérode L'emmenèrent se sont flétris dans mon jardin (il y a aussi contre-rejet) ; pas de point d'interrogation au vers 9 : Et pour qui voulez-vous qu'à présent je la brode Transition Après avoir vu ce poème sous son aspect formel de manière générale, nous pourrions à présent commenter les différents jeux de signifiés/signifiants employés par le poète, qui révèlent l'ironie du poème, entre fausse joie et vraie douleur. [...]
[...] Tout comme Salomé invite à la danse et semble danser, le poète par le rythme de ses vers, invite également à la danse, surtout dans la dernière strophe particulièrement rythmée par la répétition du verbe marcher les rimes internes creuserons et planterons et par les trois hexasyllabes, par leur brièveté. De ce fait, cette application du contenu des vers dans l'écriture du poème donne un aspect subtilement métapoétique mais renforce d'autant plus la tristesse de l'histoire. Ensuite, notons le mot marotte au vers 15 qui est polysémique. [...]
[...] Nous verrons dans une première partie, l'héritage classique contenu dans ce poème ; puis a contrario nous soulignerons ses nombreuses irrégularités ; pour enfin observer les jeux du poète sur les signifiants et les signifiés mettant en valeur le thème de la dérision. I. Tout d'abord, le thème choisi est noble, ce qui rejoint la poésie classique. Il traite en effet de Salomé, une princesse (donc un statut social élevé) juive, fille d'Hérodiade (vers 72 après qui, poussée par sa mère obtint de son beau-père Hérode Antipas, la tête de Saint Jean- Baptiste pour prix de sa danse. Il s'agit donc de l'histoire d'une princesse et d'un saint, sujet qui ne pouvait pas être plus classique. [...]
[...] De même on soulignera le décalage de ton et de thèmes suivant la douleur ou la fausse joie. Salomé invoque dans sa tristesse des topos sacrés : les Séraphins (le séraphins est l'ange qui appartient au plus élevé en dignité des neuf chœurs selon la Bible), le Jourdain (le fleuve où Saint-Baptiste a baptisé) , des actes nobles : Et je brodais tandis que lorsqu'elle invite à la joie elle invoque des choses prosaïques voire cruelles : Prends cette tête ( ) et danse et prend un ton de dérision en employant une mauvaise syntaxe : N'y touchez pas son front ma mère est déjà froid (vers 16). [...]
[...] Ensuite, l'alternance des rimes masculines et féminines et l'alternance des rimes consonantiques et vocaliques sont rigoureusement respectées les quatre premières strophes (16 vers sur 23) : Jean- Baptiste/séraphins/triste/Dauphin par exemple pour la première strophe. De plus, Il n'y a aucune rime pauvre, mais des rimes riches ou suffisantes. Enfin, Les trois derniers hexasyllabes suivent également une tradition de fin de poème, comme les poèmes lyriques du Moyen-Age. Or il s'agit aussi d'un poème lyrique puisqu'il est à la première personne. Transition Nous avons vu que, sous de nombreux d'aspects, l'ensemble du poème paraissait assez classique. [...]
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