Sur une place, dans une petite ville de province, deux amis, Jean et Bérenger, ont rendez-vous. Le premier reproche à l'autre son " triste état " physique et moral. II tente de le ramener sur le chemin du devoir et de la dignité. Entre-temps, " le Vieux Monsieur " et " le Logicien " sont venus s'asseoir près d'eux pour discuter du " syllogisme ", puis sont sortis... Le passage d'un rhinocéros interrompt ensuite la conversation des deux amis et provoque la stupeur générale. L'incident est clos. Jean reproche de nouveau à Bérenger son ivrognerie.
Rhinocéros fut créé à Düsseldorf en 1959 puis mis en scène à Paris en 1960 ; ce fut tout de suite un très grand succès. Rhinocéros est une parabole, un mythe sur la nazification et plus généralement sur la propagation du totalitarisme, et plus généralement encore sur la propagation des idéologies mortifères. Dans Notes et contre-notes, Ionesco présente l'argument de sa pièce : « Bien qu'elle soit une farce, elle est surtout une tragédie. [...] Nous assistons à la transformation mentale de toute une collectivité : les valeurs anciennes se dégradent, sont bouleversées, d'autres naissent et s'imposent. Un homme assiste impuissant à la transformation de son monde contre laquelle il ne peut rien, il ne sait plus s'il a raison ou non, il débat sans espoir, il est le dernier de son espèce. II est perdu. »
L'extrait qui nous intéresse se situe dans la première scène de la pièce. Dans une petite ville tranquille de province, un rhinocéros est passé, déclenchant un chœur de répliques croisées. Le dialogue entre Jean et Bérenger se rétablit ; le vieux monsieur et le logicien reviennent, continuant une conversation déjà commencée. Le passage est construit sur l'alternance de deux dialogues croisés, l'un assez réaliste, l'autre loufoque. La conversation de Jean et Bérenger porte sur les difficultés existentielles de Bérenger ; celle du Vieux Monsieur et du Logicien, sur les principes du syllogisme. L'alternance elle-même donne à l'ensemble une coloration burlesque.
[...] Notons au passage que Jean explique les angoisses existentielles de Bérenger par l'alcool Je ne veux pas vous vexer, mon cher ami, mais je dois vous dire que c'est l'alcool qui pèse en réalité. Pour Jean, le métaphysique se ramène au physique. Normal non au sens de majoritaire mais au sens de naturel, sain Le propre d'une société totalitaire est de prononcer le divorce des deux principales significations du terme normal : dans un monde devenu fou, la norme numérique entre en contradiction avec la norme naturelle ; la pathologie devient la règle. [...]
[...] Faiblesse et incertitude de celui qui a raison face au dogmatisme idiot c.L'Homme, un animal comme les autres ? Conclusion Introduction [Intro de l'intro] Rhinocéros fut créé à Düsseldorf en 1959 puis mis en scène à Paris en 1960 ; ce fut tout de suite un très grand succès. Rhinocéros est une parabole, un mythe sur la nazification et plus généralement sur la propagation du totalitarisme, et plus généralement encore sur la propagation des idéologies mortifères. Dans Notes et contre- notes, Ionesco présente l'argument de sa pièce : Bien qu'elle soit une farce, elle est surtout une tragédie. [...]
[...] Dans Rhinocéros, l'absurde est, pourrait-on dire, drôle d'être absurde et tragique de ne pas l'être, l'apparente incongruité des répliques ne faisant qu'exagérer et révéler la folie bien réelle d'idéologies meurtrières : cet absurde n'est que trop significatif Conclusion [Conclusion] Tout en étant drôle et même burlesque, ce passage de Rhinocéros remue des questions essentielles. [Ouverture] En effet la conversation de Bérenger et de Jean et celle du vieux monsieur et du logicien ont un enjeu philosophique caché : qu'est- ce que l'homme ? Qu'est-ce qui définit l'humanité ? . La pensée dogmatique et sophistique qu'incarnent Jean et le logicien se prétend rigoureuse, mais elle n'offre qu'une rationalité en trompe- l'œil, une caricature de raison ; cette pensée conduit à considérer l'homme comme un animal parmi les autres, semblables aux autres. [...]
[...] JEAN, à Bérenger. Vous n'existez pas, mon cher, parce que vous ne pensez pas ! Pensez, et vous serez. LE LOGICIEN, au Vieux Monsieur. Autre syllogisme : tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat. LE VIEUX MONSIEUR. Et il a quatre pattes C'est vrai, j'ai un chat qui s'appelle Socrate. LE LOGICIEN. Vous voyez . Eugène Ionesco, Rhinocéros (1959), in Théâtre, III, éd. [...]
[...] Autrement dit, est-ce un rhinocéros, ou un Homme ? Sophisme : raisonnement ayant l'apparence de la validité, ou du moins de la rationalité, mais en réalité illogique et erroné. La rhinocérite est la maladie qui, dans Rhinocéros, change les êtres humains en rhinocéros. Cette maladie contagieuse est une métaphore pour la propagation des idéologies totalitaires. Niveau de l'évidence est aussi le niveau le plus superficiel Jean succombera très vite à la rhinocérite, alors que Bérenger résistera jusqu'au bout. La véritable force n'est pas où l'on croit. [...]
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