Écrit en 1847, Remords posthume appartient au groupe consacré par Charles Baudelaire à la « femme sensuelle » dans la partie Spleen et idéal des Fleurs du mal. Évoquant sa relation orageuse avec sa maîtresse Jeanne Duval, ce sonnet n'est pas tant une poésie vengeresse contre l'être aimé que la représentation effrayante de sa source inspiratrice. S'appuyant sur la poésie de Ronsard et notamment le sonnet « Quand vous serez bien vieille », Baudelaire pousse le carpe diem des poètes de la Renaissance vers l'horreur et fait de ce poème une réflexion sur la création poétique.
[...] La vie bourgeoise ordinaire ne peut être une source d'inspiration pour le poète ; il se situe en dehors d'elle. Là, il peut affirmer son génie : ses sources d'inspiration sont où il les trouve, quelles qu'elles soient, dans le mal ou la mort d'une femme impure. Bibliographie indicative : Les Fleurs Du Mal par Baudelaire (Broché - 2001) L'échec de Baudelaire. etude psychanalytique. [...]
[...] Les rimes des quatrains sont embrassées. Celles du sixain (cdcdee) sont irrégulières. Le champ lexical est archaïsant ( manoir nonchaloir alcôve monument utilisé pour tombeau) et la substantivation belle ténébreuse est une référence explicite à la Pléiade. Baudelaire reprend le thème fréquent au XVIème siècle du carpe diem : il faut saisir l'instant présent car la jeunesse et la beauté ne durent pas. Le sonnet est d'ailleurs proche par ses subordonnées temporelles en son début Lorsque tu dormiras de celui du Sonnet pour Hélène XXIV, Quand vous serez bien vieille. [...]
[...] Les possessifs et le tutoiement montrent qu'il s'agit ici aussi d'une relation personnelle. Le poète ne s'adresse pas à une belle lui résistant comme Hélène mais à sa maîtresse, la mulâtresse Jeanne Duval, que l'expression belle ténébreuse ainsi que le mot courtisane désignent (la comédienne de cette époque y est souvent assimilée.) La 1 proximité du poète avec la courtisane est d'autant plus saisissante qu'elle est présentée de façon organique poitrine peureuse flancs cœur qui ne cesse de battre pieds et donc de manière sensuelle alors que la mort l'est par la minéralité pierre marbre Très classiquement, Baudelaire rappelle que Eros et Thanatos sont indissolublement liés. [...]
[...] Le mouvement romantique gothique a fortement influencé Baudelaire. Il évoque chez le lecteur l'horreur suggérée de l'être enterré vivant (la mort étant assimilé à un sommeil par tu dormiras enfermé opprimant empêchera et maintenu immobile dans un lieu clos (champ lexical du caveau, fosse creuse tombeau manoir évoquant par son étymologie l'immobilité.) Le thème de l'enterré vivant se trouve déjà chez Poe (The pit and the pendulum et surtout The black cat) et celui de la femme dormant dans un tombeau est évidemment lié à celui du vampire (Les Fleurs du mal, XXXI). [...]
[...] Commentaire composé de "Remords posthume" de Ch. Baudelaire Commentaire composé de Remords posthume de Ch. Baudelaire. Écrit en 1847, Remords posthume appartient au groupe consacré par Charles Baudelaire à la femme sensuelle dans la partie Spleen et idéal des Fleurs du mal. Évoquant sa relation orageuse avec sa maîtresse Jeanne Duval, ce sonnet n'est pas une tant une poésie vengeresse contre l'être aimé que la représentation effrayante de sa source inspiratrice. S'appuyant sur la poésie de Ronsard et notamment le sonnet Quand vous serez bien vieille Baudelaire pousse le carpe diem des poètes de la Renaissance vers l'horreur et fait de ce poème une réflexion sur la création poétique. [...]
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