Les Confessions (oeuvre écrite de 1765 à 1770) de Jean-Jacques Rousseau sont nées de circonstances bien particulières : Rousseau pense être victime d'un complot… et il n'a pas tout à fait tort ! Son essai politique Le Contrat social (1762) et son traité pédagogique L'Emile (1762) ont été condamnés par le Parlement. Poursuivi, Rousseau s'enfuit en Suisse, puis en Angleterre. Il est attaqué par des philosophes : Voltaire, Diderot, et les encyclopédistes. Un tract anonyme, dont l'auteur est Voltaire, dévoile au public l'abandon de ses enfants. On traite Rousseau de fou, de menteur, et c'est dans ce contexte qu'il décide d'écrire Les Confessions pour se justifier devant ses contemporains. L'extrait auquel nous allons nous intéresser est l'incipit des Confessions.
[forme] Dans un style solennel et cadencé, d'une grande pureté littéraire, [matière] Rousseau présente son projet autobiographique. Il annonce ses intentions, explique pourquoi il est le sujet de son œuvre, et finit en s'adressant à Dieu. [effet] Le lecteur peut aussi bien être agacé par l'orgueil que trahit ce texte liminaire, que convaincu et conquis par sa sincérité vibrante.
[annonce du plan] Nous étudierons d'abord le projet autobiographique, situé au carrefour de la tradition et de l'innovation, que cet incipit présente au lecteur, puis les caractéristiques stylistiques de cette prose magnifique, enfin nous nous intéresserons à la personnalité de Jean-Jacques Rousseau, telle qu'elle s'exprime et se révèle au travers de ce préambule.
[...] En principe, une confession est une purification dont l'humble aveu est le moyen. Or Rousseau n'est pas un pénitent contrit qui avoue ses fautes, ou du moins il ne l'est pas seulement : c'est tout autant un avocat plaidant passionnément sa propre cause. Dans ce contexte, l'humilité chrétienne n'est pas de mise : il s'agit au contraire de triompher contre la malveillance et les accusations mensongères. La contrition que le projet originel semblait promettre s'estompe devant la chaleur de la lutte et l'orgueil du succès que Rousseau anticipe, l'incipit s'achevant sur un défi brûlant jeté à l'humanité toute entière : Que chacun d'eux découvre à son tour son cœur aux pieds de ton trône avec la même sincérité ; et puis qu'un seul te dise, s'il l'ose : Je fus meilleur que cet homme-là. [...]
[...] La personnalité de Rousseau a. La singularité d'un être unique b. La joie d'avoir accompli son projet c. Rousseau et les autres Conclusion Introduction [Intro de l'intro] Les Confessions (œuvre écrite de 1765 à 1770) de Jean- Jacques Rousseau sont nées de circonstances bien particulières : Rousseau pense être victime d'un complot et il n'a pas tout à fait tort ! Son essai politique Le Contrat social (1762) et son traité pédagogique L'Emile (1762) ont été condamnés par le Parlement. [...]
[...] Je suis attaqué par les philosophes athées car je crois en Dieu, par les chrétiens car je ne crois pas au Dieu des Églises, mais au Dieu que je sens en moi et qui est dans la conscience de chaque homme. Les uns sont des fanatiques de l'athéisme, les autres des fanatiques de la croyance, moi je cherche la vérité C'est certainement cet amour désintéressé de la vérité envers et contre tous qui fait la grandeur de Rousseau, et l'intemporalité de son œuvre littéraire. [...]
[...] En effet, en choisissant comme titre Les confessions J.J. Rousseau s'inscrit délibérément dans la continuité de Saint Augustin. Saint Augustin (354-430) est l'auteur des Confessions, autobiographie où il raconte sa jeunesse et sa conversion, avoue ses péchés et ses fautes à Dieu. Du point de vue chrétien, le but de la confession est de mettre nu à ses fautes, de les avouer, pour en être ensuite purifié : Rousseau reprend à la fois le titre de Saint Augustin, et cette notion d'aveu purificateur. [...]
[...] Cette singularité revendiquée par Rousseau correspond-elle une supériorité morale ? . Rousseau ne l'affirme pas, mais le suggère. Elle correspond aussi peut-être une souffrance : Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut juger qu'après m'avoir lu. On sait que la mère de Rousseau est morte à sa naissance ; sans forcément lire dans la référence au moule une allusion indirecte à cet épisode tragique, cette image d'un moule brisé suggère indiscutablement une perte : la singularité de Rousseau a quelque chose de douloureux. [...]
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