Dans sa tragédie Bajazet, Racine exploite l'histoire turque (le monde ottoman étant très à la mode au 17ème siècle). Comme dans nombre de tragédies de Racine, l'action dans Bajazet apparaît comme le passage continuel d'un état à un autre jusqu'à un état définitif qu'on appelle dénouement. D'ailleurs on affirme souvent que la tragédie de Racine est la recherche d'un dénouement : c'est-à-dire qu'un problème est posé dans l'exposition, puis tout au long de la pièce les personnages cherchent une solution mais celle-ci ne se détermine qu'à l'acte 5. Le dénouement peut se produire par l'effet d'un récit ou se passer en action, c'est-à-dire sous les yeux des spectateurs. Ici, la scène 10 de l'acte 5 semble constituer un revirement de situation pour les personnages d'Acomat et Atalide puisque Zaïre annonce la mort de Roxane assassinée par Orcan. Mais deux vers plus loin, la scène 11 de l'acte 5, avec l'arrivée d'Osmin et le récit qu'il fait des évènements, contrecarre leurs espérances et ce semblant de revirement de situation. Dans un premier temps, nous étudierons les caractéristiques et les effets de ce dénouement sous forme de récit et dans un deuxième et dernier temps, nous verrons en quoi cette scène donne à voir les pouvoirs de la parole.
[...] Ainsi Acomat se voit contraint de prendre la fuite. Ce revirement de situation se fait rapidement et connote une certaine nécessité. Dans la scène d'exposition, Osmin avait déjà annoncé cette nécessité du dénouement : il avait dit à Acomat au vers 81 : Mais le Sultan, surpris d'une trop longue absence, En cherchera bientôt la cause et la vengeance. Donc Osmin, dès la scène d'exposition, avait pressenti que la vengeance du Sultan n'allait pas tarder. Et dans cette scène de dénouement, Osmin lui-même annonce la vengeance du Sultan qui a eu lieu. [...]
[...] Un dénouement sous forme de récit Effets dramaturgiques La tuerie qui vient d'avoir lieu (mort de Roxane, Bajazet, Orcan et autres personnages secondaires) est annoncée par Osmin. On peut tout d'abord considérer que le récit d'Osmin permet de représenter ce que les bienséances ne veulent pas montrer. Mais le récit d'Osmin permet surtout un certain nombre d'effets stylistiques que n'aurait pas permis un dénouement en action. Osmin apparaît comme une sorte de messager du dénouement. Il narre les évènements qui viennent de se passer hors de la scène. Il apprend à Atalide et Acomat la grande tuerie qui vient d'avoir lieu. [...]
[...] Les mots apparaissent comme une incarnation de l'être supérieur qu'est Amurat. A contrario, l'expression du pathos et le silence tragique traduisent l'impuissance des personnages présents. La fin du dénouement se fera, non plus sous l'effet d'un récit, mais en action, sous les yeux des spectateurs (puisque Atalide se tuera sur scène). [...]
[...] Mais cet ordre était finalement à double tranchant puisque c'est ce même ordre qui a tué Roxane. Ainsi, Osmin dit : (vers 1688) Il nous a déployé l'ordre dont Amurat Autorise ce monstre à ce double attentat. Donc Roxane et Bajazet sont les victimes de l'ordre d'Amurat, donc de sa parole. D'une autre manière, on peut se demander si Osmin, en faisant le récit de la mort de Bajazet, n'est pas en train de tuer peu à peu Atalide ( Cette scène montre que les mots peuvent donner la mort. [...]
[...] Commentaire composé Bajazet de Racine (scène 11, acte Introduction Dans sa tragédie Bajazet, Racine exploite l'histoire turque (le monde ottoman étant très à la mode au 17ème siècle). Il reconstitue une aventure arrivée dans le sérail, il n'y a pas plus de trente ans (première préface de Racine, 1672) et redonne vie à des personnages historiques. Comme dans nombre de tragédies de Racine, l'action dans Bajazet apparaît comme le passage continuel d'un état à un autre jusqu'à un état définitif qu'on appelle dénouement. [...]
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