Le comique est défini comme un fait « qui provoque le rire ». Si l'on demande quiconque ce qu'il pense du comique, il répondra dans un premier temps que cela fait rire, que le comique permet de passer un moment de détente et qu'il dessine des sourires aux coins des lèvres. La plupart des lecteurs ou des spectateurs s'arrêtent à sa fonction première et ne cherche(nt) pas les interprétations du récit.
Pourtant, de nombreux auteurs l'ont utilisé comme un outil au service de l'expression de leurs idées. Comédie et comique sont liés : la dramaturge Molière définissait d'ailleurs la comédie par cette citation : « castigat ridendo mores », c'est-à-dire : « elle corrige les moeurs en riant ». On retrouve dans cette phrase les autres fonctions du comique : corriger, critiquer, s'exprimer. La fiction comique se prête-elle idéalement à ces autres fonctions ? Dans un premier temps, nous montrerons que le comique rassemble de nombreuses techniques et de nombreux procédés différents, utiles à l'expression des idées des auteurs ; puis, nous verrons pourquoi il est tout de même risqué de choisir ce registre comme moyen d'expression.
Première partie : Les auteurs comiques disposent de nombreux procédés comiques intéressants. Le comique devient alors un véritable outil capable de les aider dans l'expression de leurs idées.
Rabelais, dans son oeuvre Gargantua, utilise de nombreux procédés comiques. On retrouve dans son récit différentes satires, particulièrement destinées à amener le lecteur à une profonde réflexion sur l'éducation, sur la politique, ainsi que sur la religion.
Dès le début du roman, Rabelais parle de l'éducation du jeune Gargantua. L'auteur utilise avec abondance l'exagération pour faire comprendre au lecteur l'absurdité de l'éducation telle qu'elle était à cette époque. Il n'hésite pas à citer, par exemple, des nombres improbables quant à la durée, de l'apprentissage de l'alphabet, à l'envers et à l'endroit : "Il y mit cinq ans trois mois.". Rabelais s'attaque également à la politique : nous sommes en effet en présence d'une nouvelle satire, centrée autour du personnage de Picrochole, un mauvais prince, et de son armée désorganisée ("sans ordre, ni enseigne, ni tambour, ni trompette"), lors de l'attaque du clos de l'abbaye (...)
[...] Conclusion : A la question posée initialement : Le recours à une fiction comique vous semble-t-il contribuer efficacement à l'expression des idées d'un auteur, nous pouvons désormais répondre simplement que le comique est un moyen (parmi d'autres) de s'exprimer, et qu'il est efficace, bien-sûr, s'il est maîtrisé. De nombreux autres moyens sont praticables, ce qui donne aux auteurs de la diversité dans leurs projets. Mais le rire est un instrument dont il faut évidemment se servir avec prudence. Comme nous l'avons vu, des auteurs en ont payé le prix. [...]
[...] Rabelais s'attaque également à la politique : nous sommes en effet en présence d'une nouvelle satire, centrée autour du personnage de Picrochole, un mauvais prince, et de son armée désorganisée sans ordre, ni enseigne, ni tambour, ni trompette lors de l'attaque du clos de l'abbaye. Rabelais ne s'arrête pas là et procède à une troisième satire dans son récit. Ce même passage de l'attaque du clos de l'abbaye convient également à une satire de la religion, en particulier celle des moines oisifs. Frère Jean est mis en avant, à l'égal d'un héros d'épopée. [...]
[...] ( ) Molière aussi a eu à répondre à la censure et aux critiques portées à ses pièces de théâtre, pour des raisons autres que de caractère grossier. Lors de la publication de sa pièce Le Tartuffe, Molière devient un auteur interdit. Il y aborde en effet les dangers de l'imposture et de l'aveuglement, en mettant en scène un faux-dévot. Cette pratique de la religion dérange, en particulier la Compagnie du Saint-Sacrement. Ici, nous sommes, en effet, face à un contre-sens possible : Molière attaquait-il les mauvais religieux, ou bien la religion ? [...]
[...] Or, rire de quelque chose, c'est constater ou provoquer la dégradation de l'objet du rire. Il est donc moral de rire du vice et des vicieux. Dans L'école des femmes, le dramaturge, choisit pour la première fois d'ancrer délibérément la comédie dans le réel de son époque. Il touche alors à l'institution du mariage et à l'éducation des filles. La critique saute aux yeux de tous ; elle est plus visible, plus explicite, et cette pièce crée une polémique. Molière sait tout de même répondre à ces critiques. [...]
[...] Rabelais écrivait : Il vaut mieux écrire du rire que des larmes, parce que le rire est le propre de l'homme. Vivez joyeux. Le rire représente pour cet auteur la vie, la joie, et il n'aurait pas pu s'en passer dans son récit. Molière, lui, utilise la comédie comme un moyen d'instruire et de prévenir les spectateurs quant aux vices et au ridicule. Il déclarait : Rien ne reprend mieux les hommes que la peinture de leurs défauts. Pour chacun de ces deux auteurs, le rire et la critique sont en réalité indissociables. [...]
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