La comédie, genre littéraire populaire par excellence, atteint son apogée au XVIII° siècle avec quelques grands auteurs tels que Marivaux ou Beaumarchais, qui succèdent à Molière, génie qui révolutionna l'art théâtral au XVII° siècle. Depuis ses origines –c'est à dire l'Antiquité grecque et romaine- la comédie s'illustre particulièrement dans la mise en scène de personnages issus de classes sociales différentes, même si les relations qu'entretiennent ces personnages entre eux ont évolué au cours du temps. La comédie du XVIII° siècle parachève cet héritage en instaurant une confrontation entre deux classes sociales de l'époque : maîtres et valets. Comme le montre la pièce de Beaumarchais le Mariage de Figaro, la comédie se prête plutôt bien à cette confrontation puisqu'elle s'emploie à « mettre en présence » les maîtres et leurs valets, comme l'indique l'étymologie latine de « confrontation », ainsi qu'à les opposer. Cette opposition est soutenue par une arme redoutable propre à la comédie : le rire.
[...] Et ils servent la confrontation des maîtres et des valets dans le sens où ils sont souvent liés à la critique. Figaro utilise sa répartie, qui n'est pas dépourvue d'ironie, pour critiquer son maître : quand le comte déclare, à la scène 5 de l'acte III, que les domestiques ici sont plus longs à s'habiller que les maîtres Figaro rétorque qu' ils n'ont point de valet pour les y aider D'une manière générale la comédie du XVIII° siècle applique bien la devise de Plaute : castigat ridendo mores (corriger les mœurs par le rire). [...]
[...] La comédie sait opposer efficacement les maîtres aux valets. Plusieurs éléments interviennent dans cette opposition. Si la comédie met en scène les maîtres et leurs valets, et si elle tend à rapprocher ces deux classes sociales en valorisant le valet, elle n'en reste pas moins un tableau réaliste des inégalités de statut qui opposent l'un à l'autre. Le pouvoir du maître reste fort et le valet y est encore très soumis. Ainsi, dans le Mariage, Figaro ne traite pas d'égal à égal avec le Comte qu'il respecte même en son absence, comme le témoigne les vouvoiements et les appellations déférentes Monsieur le Comte ministre qu'il prononce dans son monologue de la scène 2 de l'acte I. [...]
[...] Enfin remarquons que la comédie noue des liens étroits entre maître et valet. Le valet est bien souvent complice des desseins de son maître, parfois même le collaborateur. Dans le Barbier de Séville, Figaro aide son maître à séduire Rosine, tandis que dans le Mariage, Suzanne assiste sa maîtresse dans les instants délicats moment où elle prend la place de Chérubin dans le cabinet par exemple- et joue le rôle de confidente de la comtesse (Acte II scène 1). Le contact entre maître et valet est privilégié dans ces pièces grâce aux nombreux dialogues qui les mettent face à face. [...]
[...] Dans les pièces de Marivaux, Arlequin, directement issu de la Commedia dell'Arte, est le maître des cabrioles et des pirouettes. Tantôt il saute de joie (didascalie de la Double inconstance, scène acte tantôt il fait rire le public en appliquant ses fantaisies à son maître : Allons, saute Marquis ! Il peut enfin s'agir d'un comique de langage ; dans le Mariage (acte III scène Figaro fait rire avec ses Goddam ! ainsi que le juge Brid'oison avec son bégayement intempestif. [...]
[...] Cet affrontement se limite bien sûr à la parole mais il n'en est pas moins virulent. La scène 5 de l'acte III en est un exemple frappant : le comte et Figaro échangent une série de piques verbales, créant un véritable combat entre les deux hommes. Le ton correct et les expressions d'usage Monseigneur ne trompent pas sur la véritable nature de ce dialogue : les nombreux apartés livrent au public les vrais ressentiments des protagonistes : Je l'enfile et le paie en sa monnaie Par ailleurs, A la scène 20 de l'acte II, lorsque le comte se demande qui surveillera la comtesse au château ? [...]
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