Dans n'importe quel texte, une citation se distingue facilement du reste du discours, grâce aux guillemets qui l'encadrent. Selon le sens commun, la citation est un discours rapporté d'une autre personne ; mais la citation est une pratique discursive plus complexe. Depuis l'Antiquité, les philosophes, les écrivains se sont intéressés au fonctionnement de la citation, ou du moins à ce qui s'en rapprochait, et à sa valeur dans un discours. En 1979, Antoine Compagnon s'essaye aussi sur ce sujet dans La seconde main. Comme l'indique le sous-titre, Compagnon disserte sur le travail de la citation, et non pas sur la citation en elle-même (...)
[...] En 1979, Antoine Compagnon s'essaye aussi sur ce sujet dans La seconde main. Comme l'indique le sous-titre, Compagnon disserte sur le travail de la citation, et non pas sur la citation en elle-même. Ainsi, dans son avant-propos, il propose de structurer son travail selon quatre points de vue : phénoménologique, sémiologique, généalogique et tératologique. Lors de ce dossier, nous ne proposerons pas un plan alternatif ; nous préférons suivre le cheminement logique de Compagnon. Donc, dans une première partie, nous verrons l'étude que Compagnon fait de la citation, la manière dont elle se comporte dans un texte et dans une expérience de lecture et d'écriture. [...]
[...] Ainsi, il ouvre son livre sur la comparaison de la citation avec un collage d'enfant. L'enfant découpe une image qui lui plaît pour ensuite la coller sur son œuvre. La citation ressemble avant tout à une relation passionnelle entre un texte et un lecteur. Ensuite, Compagnon décrit les quatre étapes de lecture qui permettent de créer une citation. Tout d'abord, il y a l'ablation. Lorsqu'on lit, certains mots, certaines phrases attirent notre attention. Puis, on relit cette phrase et elle devient une formule comme le dit Compagnon, désormais isolée du texte originel, elle est imprégnée dans l'esprit du lecteur. [...]
[...] Plus loin, il ajoute que la citation est la relation interdiscursive primitive La citation met en relation deux textes et donc deux systèmes énonciatifs. Mais cette relation est partielle, donc les textes ne sont pas convertibles. Après avoir expliqué comment deux discours différents reliés par une citation fonctionnent, Compagnon explique son choix d'analyser la citation comme un signe : Mettant en relation deux systèmes sémiotiques inconvertibles, la citation est elle-même un rapport sémiotique, qu'il convient d'analyser comme tel.3 Pour cette analyse sémiotique, Compagnon s'appuie sur le travail de Pierce sur le signe. [...]
[...] Par ailleurs, la notion de citation ne peut s'étudier seule. Elle est liée à d'autres notions, telles que celle d'intertextualité ou encore celles de pastiche ou de parodie. Ces deux dernières notions dépendent, en quelque sorte, de la citation. Sans elle, la parodie et le pastiche ne pourraient exister. La répétition, détournée ou pas, du déjà dit est le fondement même de ces deux notions. Quant à l'intertextualité, c'est d'elle dont dépend la citation. Si deux textes ne pouvaient pas être mis en relation, la citation n'aurait pas lieu d'être. [...]
[...] Les Essais étaient critiqués soit parce qu'il étaient trop confus, soit parce que l'auteur parlait trop de lui-même, soit pour son recours à la citation trop fréquent. A travers Montaigne, on dénonçait surtout l'emploi de la citation à son époque. La citation dénotait un manque d'érudition et elle était aussi une marque de pédantisme. Compagnon reprend la définition de la citation de Voltaire, issue de son Dictionnaire philosophique : Il y a bien de la différence entre faire mention d'un auteur et citer un auteur. [...]
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