Georges Forestier, littérature française, Corneille, Britannicius, Racine, Les Fausses Confidences, Marivaux, tragédie, destin, dénouement, drame
La structure de la tragédie de cette époque serait telle que le dénouement tragique serait inévitable pour les personnages, en donnant l'impression que leurs mauvais choix en sont la raison. À la lumière de ces réflexions, nous pouvons nous demander dans quelle mesure, dans Cinna de Corneille, Britannicius de Racine et Les fausses confidences de Marivaux, trois grandes oeuvres de la tragédie française du XVIIe siècle, ce sont les choix des personnages qui les amènent vers un destin malheureux ?
[...] Lorsque Maxime trahit Cinna, c'est par jalousie, ce qui motive son choix est l'amour qu'il ressent pour Émilie. D'autre part, les deux personnages dont le sort est tragique dans Britannicius font des choix irrationnels, guidés par l'obsession que chacun a développée pour une personne : Néron est obsédé par Junie et Agrippine est obsédée par son fils. Les choix de Néron ne sont en aucun cas guidés par la raison, sont impulsifs et irréfléchis, il s'efforce de développer des stratagèmes pour épouser Junie, alors que celle-ci ne veut pas de lui. [...]
[...] D'une part, dans Cinna de Corneille, la tragédie des personnages tourne autour d'un tyran, Auguste, dont les atrocités et les crimes restent impunis tout au long des actes. Il incarne un pouvoir inébranlable, et reste le héros de l'histoire en toutes circonstances, même lorsqu'il découvre le complot dont il est victime, en optant pour le pardon plutôt que la haine. Quelles que soient les décisions que Cinna, Maxime ou Émilie puissent prendre, il y a toujours une circonstance qui fait qu'ils ne sont pas d'accord pour le tuer, indépendamment de leur volonté. [...]
[...] Est-ce les choix des personnages qui les amènent vers un destin malheureux ? Dans un ouvrage consacré à la tragédie française du XVIIe siècle, Georges Forestier, professeur de littérature à la Sorbonne, écrit : « [ . ] À chaque étape de l'action des choix [sont] offerts aux personnages. Dans la mesure même où cette action doit aller vers un dénouement qui lui préexiste et qui détermine sa structure, il faut donner l'impression que l'enchaînement des causes et des effets est la conséquence des décisions, des erreurs, des passions des personnages. [...]
[...] Tout d'abord, nous verrons que ce sont les conséquences des décisions des personnages qui déterminent le dénouement, qu'ils font constamment de mauvais choix. Puis, nous nuancerons nos propos en démontrant que même si leurs choix influencent le destin des personnages, le dénouement est déjà écrit, et il est malheureux, quelles que soient leurs décisions. Enfin, nous verrons que la raison pour laquelle les choix des personnages les amènent vers un destin tragique est que ce sont des choix spontanés, irréfléchis et impulsifs, ils sont guidés par leurs émotions. [...]
[...] Cependant, cela n'est qu'une illusion, et l'on se rend compte que, quelles que soient les décisions que les personnages prennent, ils n'arrivent jamais à changer la fatalité de leur destin. En réalité, leurs choix sont toujours mauvais, car ils sont influencés par des circonstances contraignantes : parfois un rang social inférieur, d'autre fois une passion, une obsession, ou un désir de vengeance, qui ne permettent pas aux personnages de penser avant de prendre leurs décisions. Leurs choix sont donc souvent spontanés, irréfléchis ou impulsifs. [...]
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