La Chartreuse de Parme est un livre aux multiples facettes et qui peut intéresser à bien des égards l'analyse littéraire. Aujourd'hui nous nous arrêterons sur un des fils conducteurs, tant des péripéties du roman, que de la vie du héros déroulée sous nos yeux, et c'est ainsi que nous essaierons d'analyser cette « petite histoire » dans la « grande histoire romanesque » à savoir : Les Amours de Fabrice
La vie de Fabrice s'étale sous nos yeux pendant près de 600 pages et si l'on se penche sur cette question des amours, la complexité de son parcours fait réagir de façon bien différente les critiques. Malgré ses passages de frivolité, certains comme Philippe Berthier l'excusent et disent : « Enfant de l'amour, destiné à l'amour, Fabrice découvre l'amour : excusez du peu. » D'autres, comme Julien Gracq, sont bien plus sévères et voient en son parcours amoureux un lent « itinéraire retro » (in En lisant en Ecrivant ) : « Livré en tout à l'immédiat, comme la feuille aux sautes du vent, le charmant benêt qui habite parfois cette aimable enveloppe me défrise un peu : il n'a de consistance que sa séduction […] il est comme opéré inexplicablement d'une des dimensions de sa vie : plus rien – hormis l'amour – que les menues coquineries, les salonneries, […] les coteries d'une capitale naine de principicule, plus rien qu'une vie, adorablement certes, mais tout de même si médiocrement épicurienne, rien qu'un […] séduisant surnuméraire de cour. » (qui est en surnombre). Que penser finalement de ce cheminement sentimental ?
Les questions auxquelles nous essaierons de répondre au long de cet exposé vont alors être : Quels sont les différents stades et gradations d'amour que connaîtra Fabrice au long de sa vie, et en quoi l'amour a-t-il pu aider notre héros dans son cheminement romanesque.
Dans sa lettre de remerciement à Balzac pour son article sur la Chartreuse dans la Revue parisienne Stendhal dit : « pour être un peu original en 1880, il faut que le héros ne soit pas amoureux au premier volume et qu'il y ait deux héroïnes ». Voilà donc qui résume complètement l'itinéraire amoureux de Fabrice, et aussi notre analyse : trois temps d'amours différents, l'attente, la confusion, la révélation.
[...] Son incapacité à aimer semble l'avoir suivi comme une malédiction. L'amour, la tendresse, esquissés par la mère, repoussés en bloc chez le père, le frère, trop flou chez la tante, sont une explication de cette quête qui finalement peut apparaître comme plus douloureuse que frivole. Fabrice pour aimer semble avoir besoin de substituts, substituts de père de mère et ici, d'amante. Comment expliquer sinon qu'il se contente d'une fille si simple telle que Marietta, lui le grand aristocrate, ce parallèle revient après Clélia Anetta Marini, double bourgeois de Clélia, est aussi un double plus satisfaisant que Marietta ( cf sonorités /Marietta/Anetta Marini/Marianetta/ ? [...]
[...] Pour souligner ce caractère faux de l'utilisation amoureuse, l'auteur dit avec un brin de malice : Fabrice avait cette ressemblance avec la jeunesse française qu'il s'occupait beaucoup plus sérieusement de son cheval et de son journal que de sa maîtresse bien pensante. - Ensuite, il s'éprend bien rapidement d'une petite comédienne, Marietta Valserra. A Parme, Fabrice ressent le besoin d'aimer, plus encore d'être aimé car il avait tous les chagrins du monde. Lui même se l'avoue, il est prêt à tout, à n'importe quoi resterait un petit amour de bas étage à Parme Ici, il y a recul de toutes les prétentions et des grandes ambitions que se faisait le héros, il va se contenter du commun, lui l'aristocrate charmant. [...]
[...] Et pourtant tout est différent et ressemblant dans cette comparaison, surtout ressemblant : Fabrice parut aux yeux de la Comtesse Pietranera comme un bel étranger qu'elle eût beaucoup connu jadis. S'il eût parlé d'amour, elle l'eut aimé. comparaison ressemblante aussi par le même remords qui la ronge : elle se fut fait horreur si elle eût cherché un autre sentiment dans cette amitié presque filiale mais comme elle le dit elle-même, que signifiait sa conduite ? L'autre point de comparaison avec le personnage de Racine tient dans sa jalousie croissante et son désespoir. [...]
[...] Variant parfois sur Clélia qui, amante, recevra aussi des traits maternels. Gina pour Fabrice un amour ambigu Fabrice, pendant nombre de pages, est conscient du profond sentiment qui semble le lier à elle. Troublé par l'âge et l'affection qu'elle a pour lui, elle semble être la remplaçante d'une mère qu'il quitte peu à peu, mais guère pour prendre son envol, car après tout, cette tante qui lui ressemble tant par la gaieté, la spontanéité pourrait tant être une vraie mère pour lui qu'une amante idéale. [...]
[...] Gina lui ressemble plus mais n'avait-il pas besoin en contrepartie de son caractère italien toute la tempérance de Clélia ? [...]
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