Charles Cros (1842-1888) fut un poète et un inventeur génial : on lui doit le phonographe, le télégraphe automatique, la photographie en couleurs. Ses deux principaux recueils de poésie sont Le Coffret de santal et Le Collier de griffes. Il fréquenta les poètes symbolistes, connut Verlaine et Rimbaud, mais fut malheureux toute sa vie : scientifique méconnu, mari trompé, écrivain peu considéré de son temps. Sa poésie, d'une extrême délicatesse, se teinte le plus souvent de mélancolie devant le mal de vivre, mais non sans humour.
Animal sacré dans l'Égypte ancienne, le chat a gardé son caractère mystérieux jusqu'à nos jours. Charles Cros, dans son recueil poétique, Le Coffret de santal, publié en 1879, évoque plusieurs fois cet animal dont la sensualité va de pair avec l'élégance énigmatique, notamment dans un poème adressé « A une chatte » qui semble détenir une sagesse plus qu'humaine.
La contemplation affectueuse de l'animal privilégie le regard de cette chatte que le poète interroge. Au-delà de l'atmosphère intimiste et badine, ce poème est une réflexion angoissée sur la fuite du temps.
[...] Le mystère de la vie tient en effet à la présence inéluctable de la mort, nommée explicitement au vers 17 la mort qui nous menace mais implicite dans l'adjectif défuntes (vers 22). Cette mort inquiétante ruine l'existence des vivants qui en ressentent les effets avant terme : les humains sont frissonnants et blêmes (vers comme déjà saisis du froid macabre. La césure qui sépare le vers en deux hémistiches impairs renforce le sentiment d'angoisse du poète. A la blancheur sans tache (vers de l'animal, répondent les fronts pâles (vers des hommes blêmes (vers 15) et leurs lèvres / Déteintes (vers c'est-à-dire des êtres exsangues, déjà marqués par la mort. [...]
[...] Le museau le nez et les oreilles que voit Charles Cros sont l'écrin du regard qui contient le secret (vers 3). Le texte est enclos d'ailleurs dans ce regard, puisque l'on trouve les yeux au premier et au dernier quatrain. Le titre fait d'emblée du poème une conversation avec l'animal et nous montre un moment de complicité entre le poète et son chat. L'invocation des vers 1 et 23, «Chatte donne le ton du poème : à la fois sérieux et plaisant. [...]
[...] Ainsi ce poème sans prétention se révèle-t-il une interrogation angoissée sur la signification de la vie, à partir de la contemplation affectueuse d'un chat. La force de Charles Cros est d'avoir à la fois recréé une atmosphère intimiste de chaleureuse complicité, et suscité une réflexion qui transfigure la badinerie du ton initial. Il s'inscrit ainsi dans une tradition littéraire, fascinée par cet animal qui semble le compagnon favori des poètes. [...]
[...] Le poème se conclut sur un retour à l'observation du chat, chargée d'inquiétude cette fois (vers 23-24). L'inquiétude est également présente dans l'usage de la ponctuation puisque les trois premiers quatrains, malgré l'interrogation indirecte (vers sont à la forme affirmative, tandis que les trois suivants prennent la forme d'interrogations laissées sans réponse. Les enjambements (vers 14- 15, 18-19, 21-22, par exemple) et la place variable des césures (vers 21) dans la seconde moitié du poème contribuent à maintenir l'idée d'un déséquilibre inquiet. [...]
[...] L'enviable sérénité La sagesse de la chatte La supériorité sur l'homme III. L'inquiétude devant la fuite du temps Rythmes et interrogations La fuite du temps et l'angoisse de la mort Commentaire Charles Cros (1842-1888) fut un poète et un inventeur génial : on lui doit le phonographe, le télégraphe automatique, la photographie en couleurs. Ses deux principaux recueils de poésie sont Le Coffret de santal et Le Collier de griffes. Il fréquenta les poètes symbolistes, connut Verlaine et Rimbaud, mais fut malheureux toute sa vie : scientifique méconnu, mari trompé, écrivain peu considéré de son temps. [...]
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