Grande figure représentative de la littérature française du XXe siècle de son vivant déjà, Louis Aragon est l'auteur de Blanche ou l'oubli, qui fut l'une de ses dernières productions en 1967. L'auteur fut membre du groupe surréaliste, et s'intéresse au rapport entre conscient et inconscient. Dans cette même optique, il se positionne contre la littérature en tant qu'institution ; ce qui peut expliquer son style d'écriture oral et onirique. Dans son ouvrage Blanche ou l'oubli, l'auteur expose l'idée selon laquelle le souvenir est périssable. En effet, Aragon ne parvient pas comme Proust à reconstruire, il se positionne plutôt dans la perte de la perte. Ainsi cela témoigne d'un échec de l'écriture vis-à-vis du sujet et de la mémoire. Mais pour Aragon, ce qui compte est le cheminement, et non l'aboutissement de la recherche. Un passage de Blanche ou l'oubli est particulièrement représentatif de cet état d'esprit de l'auteur. En effet, dans la première partie de l'ouvrage, au début du chapitre VIII intitulé « Le S.S », le narrateur tente de décrire l'oubli, sans pour autant l'élucider clairement. La forme poétique et imagée de l'écriture donne à la description un caractère inatteignable, tout comme l'oubli. Ainsi, d'où provient une telle ambition de l'auteur à décrire l'inaccessible, et comment y parvient-il ? Tout au long du texte, la profonde ambition du narrateur de décrire l'oubli transparaît. Cette volonté peut s'expliquer par son angoisse de l'oubli. En effet, la perte progressive des souvenirs semble représenter pour le narrateur quelque chose d'irréversible, et donc de désespéré.
[...] Cette écriture imagée apparaît ici comme la seule façon d'approcher quelque chose de flou comme l'oubli. En effet, le narrateur tente de décrire l'oubli par l'oubli lui-même, dans le but de l'atteindre, et de l'exorciser. Sa profonde angoisse et sa haine de l'oubli le poussent à entreprendre cette tache. Mais celle-ci ne peut aboutir, du fait de la nature de l'oubli lui- même. En effet, celui-ci se caractérise par le vide et la perte de tous repères empêchant toute élaboration d'idée. [...]
[...] Cette volonté peut s'expliquer par son angoisse de l'oubli. En effet, la perte progressive des souvenirs semble représenter pour le narrateur quelque chose d'irréversible, et donc de désespéré. Volonté du narrateur de décrire l'oubli Profonde ambition du narrateur - Le narrateur se lance pour mission de décrire le sentiment de l'oubli. Dès le début du texte, il annonce cette volonté : Je voudrais décrire l'oubli Il emploie ici le conditionnel, qui témoigne du désir de parvenir à cette description, mais sans nulle certitude ici. [...]
[...] L'esprit a donc bien conscience de la décrépitude progressive, mais il ne peut empêcher l'oubli de le submerger. Ainsi, l'oubli est ici présenté comme une situation irréversible, et toutes les tentatives pour le combattre apparaissent donc comme désespérées. III L'oubli : une situation qui apparaît comme irréversible L'oubli en tant que situation désespérée - Au début du texte, les clignotants apparaissent comme des bribes de souvenir. Ils sont éparpillés, et peuvent être perçu mais pas attrapés ; empêchant alors de sortir de l'oubli. [...]
[...] En effet, le poids du manteau sur le bras lassé est comme le poids de ces choses futiles sur l'esprit. L'effet de soulagement est accentué par le fait que la marche soit longue et le manteau raide et lourd On retrouve de nouveau à la ligne 61 l'idée selon laquelle tout le monde est atteint par l'oubli, et en souffre. Pour parvenir au soulagement, il faut procéder à cette délégation ; mais beaucoup n'y parviennent pas. Ils ont conscience que c'est lourd, veulent se débarrasser de ce poids, mais ne peuvent pas car ils ne voient pas comment faire. [...]
[...] Le narrateur parvient néanmoins à mettre en place cette image, avant de laisser le lecteur seul avec elle. Difficulté à mener à bien sa description de l'oubli - Malgré sa profonde volonté, le narrateur ne parvient pas de manière exhaustive à procéder à une description de l'oubli. Il est perdu lui-même, et tente d'établir plusieurs hypothèses, qu'il conclue par que sais-je ce qui montre sa difficulté à décrire l'oubli. De plus, des lignes 28 à 31, il procède à une succession de questions, hypothèses de l'origine de l'oubli ; sans parvenir de nouveau à une réponse. [...]
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