Lorsque Louis Aragon s'exprime sur son œuvre, il déclare : « L'impossibilité du couple est le sujet même d'Aurélien ». En effet, l'intrigue tourne autour de l'histoire d'amour entre Aurélien et Bérénice, mais le « couple » en lui-même n'existera jamais réellement. Leur destin paraît tracé, puisque leur histoire relate une série de rendez-vous manqués pour aboutir à d'ultimes retrouvailles, des années après leur rencontre, durant laquelle Bérénice meurt. L'histoire d'amour entre Aurélien et Bérénice se présente comme une parenthèse dans leur existence, se refermant au chapitre LXIV – dernière entrevue avant l'épilogue. Alors que Bérénice a fui Paris et qu'Aurélien est sans nouvelles d'elle, les deux personnages se retrouvent par hasard à Giverny, où leur union va trouver son terme. Cette confrontation met en scène l'incompatibilité entre Aurélien et Bérénice - entre amour et rupture. Ainsi, en quoi ce passage est-il révélateur de l'impossibilité tragique de leur amour ? Le face à face se présente comme une confrontation entre deux univers très différents – incarnés par chacun des personnages - ; conduisant à leur incompréhension réciproque. Leur amour se révèle alors impossible, les vouant à un destin tragique.
[...] À la fin du chapitre, le soleil disparaît ( ) du côté où s'en va la Seine comme pour représenter leur amour qui s'en va ; emporté et mort, noyé dans le fleuve. Enfin, c'est la société qui sépare Aurélien et Bérénice et les ramène à la réalité. À la fin du chapitre, le couple semble redescendre sur Terre ; tout d'abord par l'arrivée de Vanhout sur sa moto, puis par le bruit de Rose et de Blaise qui reviennent. [...]
[...] Est-ce que je vous avais appelé ? Vous ne pouvez donc pas me laisser en repos ? Le rythme ternaire est ici à l'image du martèlement que Bérénice inflige à Aurélien. De plus, elle l'attaque avec des remarques désobligeantes telles que : C'est tout ce que vous savez dire Bérénice reproche à Aurélien de ne pas envisager leur relation comme elle, et de continuer à espérer. En effet, celui-ci est dans la supplication et dans la justification permanentes. Du fait du combat instauré entre les deux personnages, Aurélien a besoin de se justifier : Il se jeta dans les explications À l'inverse de Bérénice, il manifeste sa joie de la revoir par un ton enjoué et un vocabulaire hyperbolique : C'est extraordinaire ( ) incroyable ( ) un merveilleux hasard De plus, Aurélien est dans l'attente de l'amour de Bérénice, ce qui le place en inférieur. [...]
[...] En effet, la relation amoureuse entre Aurélien et Bérénice est vouée à l'échec. Plusieurs éléments aussi bien propres aux personnages qu'extérieurs à eux - empêchent leur union ; lui conférant de ce fait un caractère tragique. Parmi les éléments extérieurs interférant dans leur relation, le hasard occupe une grande place. Tout au long du roman, Aurélien et Bérénice manquent de se rencontrer à plusieurs reprises. Ils cherchent à se voir sans y parvenir. Le soir du réveillon par exemple, Aurélien attend Bérénice et croit même la voir lorsqu'il embrasse Simone. [...]
[...] L'inéluctable conclusion se fait par la bouche d'Aurélien : C'est une erreur Leur amour est ainsi impossible, ce qui lui confère par essence un caractère tragique. Ainsi, ce passage s'annonce comme une rencontre idyllique en pleine nature, donnant l'espoir d'une réunion possible entre Aurélien et Bérénice. Mais en réalité, la rencontre amoureuse donne lieu à un combat entre les deux personnages. Ils ne parviennent pas à communiquer, et demeurent chacun dans un schéma de pensée différent. Cela conduit à leur incompréhension réciproque, du fait de leurs exigences incompatibles. [...]
[...] En l'accusant, elle le domine car il a besoin de se justifier : Je vous jure Ainsi, dans ce combat, l'homme et la femme ont chacun leur domaine de puissance, et chaque personnage est dans un rôle assigné à son sexe. Néanmoins, Bérénice semble dominer ce combat dans l'absolu, sa seule faiblesse étant la déstabilisation : La surprise passée, elle menait le jeu. Elle avait renversé les positions. Elle fait tout pour conserver cette position de supériorité, ( ) il ne s'agissait pas de perdre la prise qu'elle avait sur lui. [...]
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