Le mythe est un récit allégorique à valeur explicative. Une des spécificités du mythe est sa permanence depuis l'antiquité grecque. Le roman antique en vers de la fin du moyen-âge reflète ce caractère immuable. La finalité du mythe varie selon une époque donnée. Dans le roman antique, deux visions différentes du monde ou de la religion cohabitent. Francine Mora fait alors cette remarque : « Le rôle structurant joué par le mythe antique dans l'élaboration des romans d'antiquité ne peut guère être nié. Même si en raison du passage du paganisme au christianisme, ce mythe a en bonne partie perdu sa qualité de parole véridique, porteuse d'une vérité de nature métaphysique, il n'en demeure pas moins une parole fondatrice à partir de laquelle s'élabore, sur une base reconnue désormais comme fictive, une autre vérité : celle de la création poétique. ».
[...] Cela entre nettement en opposition avec la volonté de précision et de fidélité dans la traduction du texte latin en roman. Les clercs médiévaux se heurtent à des concepts en inadéquation avec les valeurs féodales. La fonction malléable du mythe connaît des limites dans la cohabitation du monde antique et du monde médiéval. Dans Le Roman d'Alexandre d'A. de Paris, la naissance sombre du héros est niée. Le sorcier Nectanabus est soupçonné d'être le père biologique Alexandre, ce dernier serait par conséquent un enfant illégitime. [...]
[...] Le clerc fait l'apologie du silence qui est décrit comme un atout de pureté. Le personnage de Philoména peut aussi être perçu comme la représentation érudite du clerc qui tente de délivrer une parole véridique au lectorat. On remarque alors que langage, signe, vérité et mythe sont liés dans l'intertextualité. Cela renvoie à l'étude sémiologique du mythe développée dans Mythologies par Barthes qui dit que le mythe est une parole La parole médiévale relative à la chrétienté se greffe alors sur le mythe initial de Philoména. [...]
[...] En effet, au XVI° siècle la notion d'imitation créative des Anciens est encouragée par les poètes de la Pléiade. [...]
[...] Tout d'abord, le mythe conserve ses fonctions didactiques. Il véhicule des valeurs pérennes à travers la mise en avant de modèles, des récits de vie exemplaires ou exempla. C'est à ce titre que Le Roman d'Alexandre d'Alexandre de Paris issu des réécritures latines du Pseudo Callisthène grec, est considéré comme un miroir des princes, en proposant une réflexion sur le pouvoir. Alexandre le Grand, bien qu'il ne soit pas une figure monolithique, est devenu mythique en raison de ses nombreuses conquêtes et de la générosité dont il fait preuve envers ses sujets. [...]
[...] Même si en raison du passage du paganisme au christianisme, ce mythe a en bonne partie perdue sa qualité de parole véridique, porteuse d'une vérité de nature métaphysique, il n'en demeure pas moins une parole fondatrice à partir de laquelle s'élabore, sur une base reconnue désormais comme fictive, une autre vérité : celle de la création poétique. Ici se pose la question du changement de statut du mythe antique. Le mythe, tout en conservant sa fonction structurante, fait l'objet de nouvelles perspectives en adéquation avec les réalités médiévales. Il faut donc se demander en quoi le mythe antique conserve sa valeur de parole fondatrice au sein de la création poétique dans le roman antique au moyen-âge. [...]
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