L'exil et le Royaume est un recueil de nouvelles d'Albert Camus publié en 1957, dont le projet avait été fait en 1952. Les histoires de ce recueil mettent en scène des personnages principaux qui sont pied-noirs en Algérie, tout comme l'était Camus. Il est donc nécessaire de rappeler le contexte historique de ce pays : pendant la guerre de 39-45, le nationalisme et le réformisme musulman se sont radicalisés (soulèvement du Constantinois, 1945) ; en 1954 a lieu la rébellion en Grande Kabylie et dans les Aurès ; Ben Alla fonde le Front de libération nationale (F.L.N), doté d'une Armée de libération nationale (A.L.N.). En 1955, la France instaure l'état d'urgence, et enfin, c'est en 1957, date de publication du recueil, que l'ordre est rétabli dans les villes. Il y a donc deux choses essentielles à retenir : l'état d'après-guerre (la Deuxième Guerre mondiale) et les tensions entre Algériens et Pieds-Noirs en Algérie. Nous verrons en effet que c'est suite à ce double contexte dans la vie de Camus qu'il a déclaré en 1957 lors de son discours en Suède (réception de son prix Nobel), à propos de ses contemporains qu' « il leur a fallu se forger un art de vivre par temps de catastrophe pour naître une seconde fois et lutter ensuite à visage découvert contre l'instinct de mort ». Nous illustrerons son propos à partir de trois nouvelles du recueil : La femme adultère, L'hôte et Le renégat. Premièrement, en voyant de quelle manière les personnages principales se sont forgé un art de vivre « par temps de catastrophe », deuxièmement de quelle manière ils ont lutté « contre l'instinct de mort », pour enfin discuter de l'efficacité de leur façon d'agir. La problématique de ce sujet étant essentiellement : ce que dit Camus de ses contemporains, est-il valable pour ses personnages ?
[...] De par leur profession, ils côtoient les Arabes mais ne sont pas obligés de s'engager. Marcel n'aime pas vraiment les Arabes, mais il ne les hait pas et fait des affaires avec eux la vie est dure pour tous dit-il. Quant au renégat, bien qu'il ne choisit pas l'exil, bien qu'il désire se joindre au camp adverse des européens, il reste seul, esclave des sauvages rejeté et torturé par eux ; par ailleurs, en toute logique, le choix du mal implique une vie d'exclusion. [...]
[...] Or ces deux actes sont susceptibles de se retourner contre lui. Sa lutte a donc été un échec, mais le lecteur jugera qu'il s'agit néanmoins d'un échec paradoxalement d'une haute qualité morale, puisqu'en fait de lutte, il s'agissait de fuite, qui a échoué, mais en faveur de la compassion, qui est un acte noble. Enfin, la lutte par la foi du renégat semble plutôt se solder par l'accès à la folie. En outre, sa situation semble sans espoir. Tout comme on se demande dans la pièce de Beckett En attendant Godot (1953), si Godot va arriver un jour (or tout lecteur averti aura fait le rapport entre Godot et God, dieu en anglais) ; on se demande également dans cette nouvelle si le missionnaire tant attendu par le renégat va arriver un jour, à en lire dans l'incipit : ( ) cette terre rend fou et moi, depuis tant d'années que je n'en sais plus le compte Non, encore un effort ! [...]
[...] Camus. L'exil et le royaume Introduction L'exil et le Royaume est un recueil de nouvelles d'Albert Camus publié en 1957, dont le projet avait été fait en 1952. Les histoires de ce recueil mettent en scène des personnages principaux qui sont pied-noirs en Algérie, tout comme l'était Camus. Il est donc nécessaire de rappeler le contexte historique de ce pays : pendant la guerre de 39-45, le nationalisme et le réformisme musulman se sont radicalisés (soulèvement du Constantinois, 1945) ; en 1954 a lieu la rébellion en Grande Kabylie et dans les Aurès ; Ben Alla fonde le Front de libération nationale (F.L.N), doté d'une Armée de libération nationale (A.L.N.). [...]
[...] La problématique de ce sujet étant essentiellement : ce que dit Camus de ses contemporains, est-il valable pour ses personnages ? Développement Tout d'abord, le temps de catastrophe n'étant pas évoqué explicitement mais implicitement dans les trois nouvelles, il est utile de citer quelques phrases clé qui le rappellent : dans la femme adultère : Mais elle aimait son courage à vivre, qu'il partageait avec les Français de ce pays ; dans l'hôte, Balducci à Daru l'instituteur : Bon. Mais les ordres sont là et ils te concernent aussi. Ça bouge, paraît-il. [...]
[...] En revanche donc, son mari, Marcel a su s'adapter à la situation du pays par le commerce. C'est l'art de vivre qu'il s'est forgé : Marcel tient en effet un magasin le petit commerce de tissus qu'il avait repris de ses parents Ce Français entretient donc des affaires avec les Arabes, non sans un certain mépris, mais n'a pas de conflits avec eux. Remarquons qu'il y a plus un sentiment d'appartenance au pays chez Marcel que chez Janine : Mais elle aimait son courage à vivre, qu'il partageait avec les Français de ce pays : une sorte d'admiration et d'envie ressort de la part de Janine dans cette phrase, qui est du discours indirect libre. [...]
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