Britannicus, Racine, Néron, Agrippine, héros tragique, Rome, tragédie, pièce de théâtre, rivalité amoureuse, pouvoir politique, vices, tyrannie, ambitions politiques
Britannicus, œuvre de Jean Racine, prend pour sujet l'empereur Néron, resté dans l'histoire comme le tyran sanguinaire qui mit le feu à Rome. Il dira de cette tragédie qu'elle est « celle […] que je puis dire que j'ai le plus travaillée ». Le sujet de la pièce est politique. Britannicus répond aux règles de la tragédie classique : une intrigue unique, dans un lieu unique en un seul jour. Le titre de l'œuvre peut questionner le lecteur, Britannicus n'apparaît pas comme le personnage central du livre même si sa mort en fait un héros tragique. Il est l'ennemi principal de Néron. Rôle si central, que la pièce porte son nom ? Dans Britannicus doit-on s'intéresser uniquement au conflit entre Néron et Britannicus ?
[...] Britannicus ne l'entend pas. Seul, il précipite sa perte, comme le souligne la fin de la scène 1 de l'acte V : « on m'attend Madame, il faut partir ». « Mais du moins attendez qu'on vous vienne avertir. » Le conflit qui oppose Néron et Britannicus permet de révéler l'antagonisme des deux personnages. Les vices de Néron lui offrent le rayonnement politique. Les vertus de Britannicus lui offrent la plénitude amoureuse. Poussés à leur extrême, les vices du premier le conduisent à devenir un tyran monstrueux. [...]
[...] Britannicus est manipulable et manipulé. Il est l'instrument de son gouverneur, Narcisse, qui le trahit pour se rapprocher de Néron. Narcisse se joue même de lui quand il le met ouvertement en garde contre la trahison « c'est à vous de choisir vos confidents discrets, Seigneur, et de ne pas prodiguer vos secrets » (vers 338-339). On peut lire là également une manière pour le gouverneur de mettre son maître en responsabilité face à ses choix. Éclairés par l'issue fatale de Britannicus, les propos de Narcisse ont un caractère divinatoire et édifiant. [...]
[...] À la lecture de ces vers, on s'aperçoit que Britannicus même s'il est lucide sur sa légitimité au pouvoir accepte d'en avoir été écarté. Contrairement à Néron, on peut donc affirmer que Britannicus n'est pas un homme d'action politique. Naïf et sensible, il a les qualités humaines des faibles en politique (Acte1, vers 339-340) « Mais cette défiance/Est toujours d'un grand cœur la dernière science ». De son aveu même, on sait que Britannicus n'est pas un rival politique sérieux pour Néron. [...]
[...] Dès le premier acte, la puissance de Rome apparaît dans l'échange entre Agrippine et Albine. C'est pour plaire à Rome que Néron s'est montré vertueux, ainsi c'est elle qui façonne son maître telle une directrice de conscience. « L'impatient Néron cesse de se contraindre/Las de se faire aimer il veut se faire craindre » (Acte 1 ; scène 1). Les rapports de pouvoir sont inversés Rome gouverne son empereur. Rome incarne également la puissance destructrice. Lorsque Narcisse ose s'opposer au peuple qui conduit Junie au temple des Vestales, gardiennes du feu de Rome, il est terrassé. [...]
[...] C'est pour s'opposer à l'autorité de sa mère que Néron agit et non pas contre Britannicus. « Ce n'est plus votre fils. / C'est le maître du monde » (vers 180, Acte « À ma confusion Néron veut faire voir qu'Agrippine promet par-delà son pouvoir. » L'enlèvement de Junie est à la fois la démonstration du pouvoir et de l'indépendance de Néron et celle de la déchéance amorcée d'Agrippine. Néron, libéré de sa mère, semble tout puissant Rome, va alors lui rappeler que cette grandeur n'est qu'une folie illusoire. [...]
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