Le père de Giovanni Bruno était un soldat professionnel qui épousa Fraulissa Savolino. Ils baptisèrent leur fils sous le nom de Filippo Bruno mais plus tard Filippo se fit appeler « Il Nolano », Le Nolan, du nom de sa ville de naissance, Nola, sur les pentes nord-est du Vésuve. Ce n'est qu'à l'âge de dix-sept ans, quand il intégra le couvent dominicain de San Domenico Maggiore à Naples, où Thomas d'Aquin avait jadis enseigné, que Filippo prit le nom de Giordano.
Bruno quitta sa ville natale de Nola pour la ville voisine de Naples quand il eut quatorze ans pour y poursuivre ses études. Il suivit des cours sur les humanités, la logique et la dialectique à Naples et c'est à cette époque qu'il fut influencé par l'un de ses professeurs féru d'averroïsme. Cette philosophie chrétienne était fondée sur une interprétation des travaux d'Aristote par le philosophe musulman Averroes. Son postulat de départ était que la raison et la philosophie étaient supérieures à la foi et à la connaissance fondée sur la foi. Nous verrons dans la suite de la vie de Bruno comment il continua à être influencé par les idées de l'averroïsme.
[...] Il s'était toujours fait l'avocat de la Libertas philosophica la liberté de penser et de faire de la philosophie. Un procès fut organisé au cours duquel il défendit son droit de développer des idées sur la nature de l'univers qui, disait- il, n'étaient pas théologiques. La ligne de son argumentation était sur le point de convaincre ses juges : c'est dire son talent oratoire. Mais au moment où il apparaissait qu'il pouvait se sortir d'affaire en défendant sa cause, l'Inquisition romaine exigea qu'on l'envoyât à Rome pour le juger sur place. [...]
[...] D'autres visions surprennent les physiciens d'aujourd'hui qui voient dans les idées de Bruno les prémisses de la théorie quantique. Mais d'un autre côté, d'autres pensent que l'inclusion de beaucoup d'aspects magiques dans ses écrits minimise l'importance de ces visions remarquables. Une autre raison pour laquelle Bruno est souvent dévalorisé au niveau de ses découvertes vient du fait que les historiens estiment souvent que ses visions sont plus dues à la chance qu'à une véritable compréhension du monde au sens scientifique du terme. [...]
[...] Il est nécessaire de préciser ici, pour bien comprendre sa position qu'à la suite des travaux de Thomas d'Aquin au XIIIe siècle, la philosophie et la physique d'Aristote avaient été absorbées dans la pensée chrétienne. Au moment où Bruno retourna à Paris, l'atmosphère avait changé. Le visage tolérant de la ville dont il avait fait l'expérience auparavant n'était plus d'actualité. Il découvrit les combats permanents entre les différentes factions religieuses. Bruno n'était pas du style à garder la tête baissée. Il donna des conférences publiques pour s'opposer aux vues d'Aristote. Il attaqua aussi une jeune mathématicienne catholique, Fabrizio Mordente, en publiant quatre dialogues qui moquaient les prises de position de ce dernier. [...]
[...] Les Eglises perdantes de leur puissance ont bien dû augmenter leur tolérance. Les enseignements d Bruno sur la paix nécessaire entre les Eglises l'ont amené à être excommunié de l'Eglise luthérienne en janvier 1589 alors qu'il était à Helmstedt. Il y demeura pour écrire un certain nombre de textes et de poèmes sur un sujet que l'on peut raisonnablement traiter de magie mathématique mais, comme bon nombre de ses travaux, ils contiennent des idées très perspicaces, au milieu des notions magiques, dont notamment une théorie atomique sur la matière. [...]
[...] On dit maintenant que Giordano Bruno fut brûlé à cause de ses croyances en un univers infini, mais quand on se penche sur ses écrits et sur ce que l'on sait de sa vie à travers les sources de l'époque, on comprend que les choses sont un peu plus complexes. Dans une certaine mesure, on peut se demander si Bruno n'a pas cherché le procès de l'Inquisition d'une manière presque suicidaire. Peut-être pensait-il que sa mort sur le bûcher fournirait la meilleure plateforme possible pour la diffusion de ses idées. Mourir pour mieux revivre, en quelque sorte. [...]
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