Exposé de Littérature (Licence 3 de Lettres Modernes) consacré à La demoiselle sauvage de Corinna Bille.
[...] Pourtant La Demoiselle sauvage doit se soumettre à sa volonté. Plus elle est au prise avec cette tour et plus elle dépérit. Cet univers de claustration est accentué par le fait que la Demoiselle sauvage ne peut voir l'extérieur qu'à travers des meurtrières. Dans une vitrine la jeune fille voit une parure d'alexandrite qu'elle s'amuse à porter. Cette parure est une métaphore de l'acte d'amour et la goutte de sang qui perle à son oreille gauche est une prolepse de sa défloration. [...]
[...] Le style de Corinna Bille se caractérise par un langage vif et sensuel. La Demoiselle sauvage est une nouvelle qui renferme des thèmes chers à l'écrivain comme la mort et l'amour, la passion et le désir ou encore le thème du rêve. Les sentiments de la peur ou de la joie sont transcris avec une volonté de définir au mieux les aspirations de l'âme. Sur une trame de fond qui paraît pourtant assez naïve l'auteur tisse une histoire pessimiste de la condition de l'être au monde, notamment du statut de la femme. [...]
[...] Sa nuit de noces fut un véritable traumatisme, car pour son mari pervers il s'agissait d'un pacte secret sadique. Elysée de A. lui donne le nom de Demoiselle sauvage qui devient son animal de compagnie, sa distraction. Dans cette nouvelle la voix de l'auteur concernant la manière dont elle envisageait le mariage est expliquée de manière complète et complexe, grâce au nombreux détails et subtilités qui jalonnent tout le texte. La jeune fille est placée sous le contrôle d'Elysée de A. Elle ne peut pas agir à sa guise mais elle pense pourtant pouvoir décider de ses actes. [...]
[...] Les baisers de l'homme sont chaque fois sur elle comme une étoile qui éclate, qui marque sa peau d'une brûlure en croix. Et elle se souvient d'une image reçue dans l'enfance, une image de la Vierge mandorlée d'étoiles d'argent qui creusent le papier" (p.33). Lorsque les amis d'Elysée de A. doivent venir pour une partie de chasse "Tu resteras dans ma chambre du sommet de la tour. Personne n'y va. Je t'apporterai de la nourriture. Pour l'heure, on ne doit pas s'apercevoir de ta présence. Ensuite, je verrai ce qu'on peut faire de toi . [...]
[...] Cette dernière visite est comparable à ceux de deux morts-vivants. La jeune fille est en proie au délire: "Elle parlait toute seule, elle avait peur dans le tour. Trop de souvenirs déjà s'y détérioraient. Mais elle ne voulait pas de résurrection, et une certitude la hantait: l'amant ne reviendrait pas. Livré à elle-même et à ses brouillards, elle pénétrait de plus en plus dans l'irréalité. Elle accomplit ce qu'elle nomma "un suicide mental"; mais ce fut si naturellement qu'elle s'en rendit à peine compte ( . [...]
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